L'essentiel
Les aléas de l'histoire ont profondément
marqué la géographie de l'Allemagne. Cet
état compte quelques villes d'importance (Berlin,
Francfort, Hambourg, Munich et Stuttgart) mais aucune n'a le
poids (démographique et politique) pour rivaliser avec
Paris ou Londres. Il en va de même avec l'organisation du
territoire. La réunification politique ne s'est pas
accompagnée d'une homogénéisation sur le
plan économique. Les différences ne se limitent
pas à l'opposition anciens/nouveaux Länder :
les clivages sont plus nombreux et sont le produit de
l'histoire. Schématiquement, on peut distinguer
3 Allemagnes.
1. La puissance héritée du Nord-Ouest
a. Le dynamisme de l'axe rhénan
Représentant moins de 40 % de la superficie
nationale, les anciens Länder produisent pourtant 50 %
du PIB national. L'Ouest allemand bénéficie de la
dynamique de l'axe rhénan. Vecteur de l'industrialisation
au XIXe siècle, celui-ci fut à
l'origine de la rénovation de la RFA dans les
années 1950. La Ruhr reste le premier pôle
industriel allemand grâce à la forte densité
des axes de communication qui la traversent (canaux, autoroutes
et chemins de fer) et à la présence du plus
important bassin houiller d'Europe.
b. Les reconversions
Comme les autres « pays noirs »
européens, la Ruhr est cependant en reconversion. Elle est
pilotée par un organisme, la Siedlungsverband
Ruhr-Kohlenbezirk (SVR) qui a permis une importante reconversion
des friches industrielles grâce à l'ambitieux projet
d'Emscher Park. Ce programme consiste à transformer les
friches de la vallée de l'Emscher en parc de loisirs
constructible pouvant aussi accueillir des activités
économiques à forte valeur ajoutée,
contribuant ainsi à l'installation de nouvelles
industries.
c. Des métropoles importantes
Le Nord-Ouest allemand bénéficie également
de la présence de plusieurs métropoles
d'importance. Hambourg est le premier port allemand et sera
amenée à se développer dans les
décennies à venir. Le rideau de fer avait en effet
coupé le port de son arrière-pays (hinterland).
Depuis 1989, Hambourg recouvre progressivement son hinterland,
qui s'étend jusqu'à Berlin. Elle
bénéficie également de la dynamique
générée par l'Union européenne qui se
traduit par la construction de ponts traversant le Kattegat,
reliant l'Allemagne à la Suède.
2. L'apparition d'une Sun Belt au sud dans anciens Länder
a. La Bavière
La Bavière, catholique et rurale, est un Land à
part. Longtemps restés en marge de l'industrialisation,
ces vastes espaces ruraux du piedmont alpin ont attiré
dans les années 1970 des travailleurs soucieux de
leur cadre de vie. Le tissu industriel de cette région est
lui aussi spécifique. Epargnée par les industries
lourdes, l'industrialisation de la Bavière se fait autour
d'activités à fort contenu technologique
(Daimler-Benz est certes possesseur de la marque automobile
Mercedes mais également de DASA, le géant allemand
de l'aérospatiale). La croissance de ce Land est
symbolisée par l'évolution de Munich : depuis
une vingtaine d'années, la population de cette ville
croît de plus de 5 % par an.
b. Le Bad Wurtemberg
Le Sud du Land voisin, le Bad Wurtemberg, s'intègre aussi
à cette ceinture dynamique. Deux villes en
témoignent : Francfort, la métropole
financière allemande (siège de la Bundesbank) et
européenne (siège de la Banque centrale
européenne) polarise le Sud de l'axe rhénan et
offre une infrastructure aéroportuaire de premier choix.
Stuttgart, capitale du Bad Wurtemberg et siège du Konzern
Daimler-Benz, bénéficie de bonnes infrastructures
de transport.
3. La réserve de puissance des nouveaux Länder
a. Les conséquences négatives du passage à
l'économie libérale
La rapide transition vers l'économie libérale
menée par Bonn a parfois été vécue
comme un traumatisme économique. La Treuhand est un
organisme d'état (créé par la RDA à
la fin de l'année 1989) qui avait pour mission de ne
conserver que les industries de l'ex-RDA viables dans le contexte
concurrentiel d'une économie de marché. Active
entre 1990 et 1994, elle a opéré une purge qui
a conduit à une importante désindustrialisation.
Malgré l'aide financière versée par
l'ex-RFA, les fermetures d'usines ont eu pour conséquence
une montée du taux de chômage qui est à
l'origine d'une importante migration vers les anciens
Länder. On estime à plus d'un million le nombre de
travailleurs partis vers l'ouest depuis 1989.
b. Une situation à relativiser
Cependant, les perspectives à moyen et long termes sont
moins négatives. Les nouveaux Länder
représentent actuellement plus de 30 % du territoire
allemand et seulement 14 % du PIB. La croissance semble y
être revenue depuis quelques années grâce
à l'installation d'infrastructures de communication
modernes. A l'image de Berlin qui a retrouvé son
rôle de capitale d'état, ces nouveaux Länder
sont un vaste chantier dont l'Allemagne attend beaucoup,
notamment dans l'optique de l'élargissement de l'UE.
Toutes les villes importantes comme Leipzig se dotent
d'équipement permettant d'organiser foires et salons afin
de retrouver leur rayonnement sur l'Europe centrale.