Les conquêtes républicaines
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L'Assemblée élue en février, siégeant à Bordeaux puis à Versailles, est majoritairement royaliste et désigne Thiers, un conservateur comme chef du gouvernement. Les monarchistes ont en effet fait leur campagne sur la paix avec l'Allemagne. Or la ville de Paris qui a mené seule sa défense contre les Allemands refuse l'armistice et le désarmement de la Garde nationale (canons de Montmartre). Une insurrection populaire prend le pouvoir et instaure la Commune de Paris qui refuse la défaite, et défend un projet politique plus radical que celui de l'Assemblée nationale (les « Versaillais »).
La Commune est écrasée militairement durant la
« Semaine sanglante » du 21 au
27 mai 1871. Près de 20 000 victimes
sont dénombrées du côté des
Communards qui ont quant à eux massacré des
prêtres et des soldats versaillais prisonniers. La
République lève ainsi l'hypothèque
révolutionnaire et peut se construire sur des valeurs
modérées. Les royalistes représentent
aussi un danger pour la jeune République, mais ils sont
divisés entre légitimistes nostalgiques de
l'Ancien Régime et de la Restauration (1815-1830) et
orléanistes partisans des héritiers de
Louis-Philippe (1830-1848) et d'une monarchie
constitutionnelle. C'est en ralliant les constitutionnels que
les Républicains parviennent à instaurer
définitivement la République. En effet, le
candidat légitimiste adopte un programme très
réactionnaire et souhaite reprendre le drapeau blanc, ce
que les orléanistes refusent.
Deux moments sont symboliques de cette évolution :
en 1871, la loi Rivet affirme que le chef de l'Etat sera
un président de la République, mais c'est le
royaliste Mac Mahon qui est élu. En 1875, les lois
constitutionnelles et l'amendement Wallon (adopté
à une voix) confirment que le régime
français est bien une République. A cette mise en
place dans les textes succède une mise en place dans les
faits : en 1877, la Chambre des députés
est majoritairement républicaine et en 1879, Mac
Mahon, reconnaissant sa défaite, démissionne de
la présidence de la République.
Les institutions garantissent des principes comme l'égalité en droit par le suffrage universel masculin à partir de 21 ans et grâce au service militaire obligatoire (conscription de 1872). La liberté est instaurée par les lois de 1881 qui autorisent les réunions, la liberté de la presse, et la loi de 1884 (Waldeck-Rousseau) qui garantit la liberté syndicale.
Enfin la laïcité qui correspond au souhait des
républicains de limiter l'influence de l'Eglise, trop
proche à leur goût des idées
conservatrices, est mise en place progressivement. En 1881
les cimetières ne sont plus confessionnels, et
en 1884, on ne fait plus précéder les
débats publics à l'Assemblée d'une
prière.
L'école républicaine créée par
Jules Ferry et Camille Sée est laïque, gratuite et
obligatoire jusqu'à 13 ans, ce qui permet la
formation de citoyens capables de jouer leur rôle
politique et de défendre la République qui leur
offre aussi par l'école un moyen d'ascension
sociale.
Les instituteurs, « hussards noirs de la
République », véhiculent ainsi dans
toute la France le modèle des valeurs
républicaines à défendre.
La République s'impose aussi grâce à des
symboles forts comme l'hymne national (La Marseillaise
en 1879), la fête nationale (le 14 juillet
à partir de 1880), la République est
personnifiée par Marianne et le drapeau tricolore, et la
devise « Liberté, Egalité,
Fraternité » est gravée au frontispice
des monuments publics. Elle présente un visage
pacifié, en particulier lorsqu'elle amnistie les
victimes de la Commune en 1880.
C'est aussi le souhait, dans une conjoncture de concurrence exacerbée entre puissances, de trouver des débouchés pour les produits français.
C'est pourquoi la IIIe République, poursuit la politique coloniale dès ses débuts : un protectorat sur l'Annam est établi en 1874. C'est Jules Ferry, président du Conseil, qui est à l'origine des interventions militaires en Tunisie en 1881 et au Tonkin (Vietnam du Nord) en 1885 qui permettent à la France d'établir son protectorat sur ces territoires. La Côte d'Ivoire est contrôlée en 1888. Un vaste empire colonial est ainsi constitué et organisé (Indochine, Afrique occidentale française, Afrique équatoriale française) au tournant du XXe siècle. Cette aventure coloniale est magnifiée par les revues, les livres de classe et les cartes murales qui achèvent de convaincre les Français que la République est universelle.
La défaite de Sedan face aux Prussiens, la capture de Napoléon III et la chute de l'Empire permettent la mise en place de la IIIe République en France. Mais ce régime politique est fortement contesté à cette époque. Il faut aux républicains près de neuf ans pour s'imposer définitivement, puis quelques années de plus pour gagner le cœur des Français et imposer des valeurs révolutionnaires pacifiques. A la conquête des esprits s'ajoutent les conquêtes territoriales d'une France qui veut oublier ses défaites et les provinces perdues au profit d'un empire colonial.
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