Les aires de civilisation : un frein contre l'uniformisation culturelle
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Malgré la mondialisation et la diffusion à l’échelle de la planète d’un modèle culturel occidental, malgré les vastes mouvements de populations qui mettent en contact des civilisations différentes, des aires culturelles marquées par le poids des langues et plus encore des religions existent toujours.
Quelles sont ces grandes aires, comment se sont-elles
constituées, comment se maintiennent-elles face
à la mondialisation et quels sont les facteurs
d’évolution ? Le découpage du monde en
grandes civilisations est-il encore d’actualité
?
Toute civilisation se rattache à un ou plusieurs territoires et repose sur des valeurs communes qui touchent au politique, au social et au religieux.
L’organisation de ce ou de ces territoires est différente d’une civilisation à l’autre. Un même espace peut être découpé en plusieurs territoires comme par exemple l’Europe marquée par plusieurs civilisations : latine, germanique, anglo-saxonne ou slave. Et, sur un même territoire peuvent s’imbriquer des civilisations différentes comme par exemple l’ex-Yougoslavie.
La plupart des civilisations ont un fondement religieux fort. Ainsi La civilisation chinoise s’appuie sur la spiritualité bouddhiste et sur la philosophie confucianiste. Le groupe y prime sur l’individu qui doit savoir se soumettre.
La civilisation islamique qui naît au VIIe siècle présente la caractéristique d’avoir une marge très étroite entre le religieux et le politique.
Quant à la civilisation occidentale, elle est un empilement d’héritages qui lui donne sa spécificité : héritage grec, romain, auxquels se sont ajoutés le judaïsme, le christianisme, l’humanisme, et plus récemment le matérialisme. Cette accumulation a façonné une civilisation complexe et plurielle.
Quelques grandes aires géoculturelles se
dessinent à travers le monde :
- la civilisation occidentale qui marque
l’Europe, l’Amérique du Nord,
l’Australie et la Nouvelle Zélande ;
- la civilisation islamique en Asie centrale, au
Moyen-Orient, en Afrique, en Indonésie ;
- la civilisation slave-orthodoxe, des Balkans
jusqu’ à l’océan Pacifique
;
- la civilisation latino-américaine, du Mexique
jusqu’à la Patagonie ;
- la civilisation chinoise ;
- la civilisation hindoue.
La religion a été et reste un élément structurant, à des niveaux divers, de toute civilisation. Le christianisme, avec ses trois branches principales, catholicisme romain, catholicisme orthodoxe et protestantisme, s’est étendu sur tous les continents.
En Europe des sociétés fortement
laïcisées ont séparé religion
et citoyenneté. La foi fait partie de la
sphère privée mais le
phénomène religieux reste cependant un
élément structurant fort.
Pour l’islam, fortement présent en Asie
(Indonésie, Inde et Pakistan), il n’y a
pas de séparation entre religion et vie sociale.
Dans l’aire de civilisation musulmane le fait
religieux est très présent et
imprègne largement l’ensemble des
activités.
De même, dans l’air de civilisation hindouiste, la religion joue également un rôle important dans la vie quotidienne et dans l’organisation sociale.
Ainsi la forte unité culturelle des
grandes aires de civilisation est largement due au
poids du fait religieux. Dans ces conditions, il
n’est pas étonnant que les
réactions identitaires à la
mondialisation prennent souvent la forme de
contestations religieuses parfois violentes.
Avancer et affirmer son identité, religieuse, culturelle et linguistique, permet de réagir aux facteurs d’unification et de nivellement qu’impose la mondialisation, voire de les refuser.
Les valeurs et les modes de vie, largement occidentalisés, voire américanisés véhiculés par les firmes transnationales et les géants de l’information peuvent être perçus comme une mise en cause des cultures locales voire comme un danger.
Le refus d’un « Mac monde » ou d’une « Coca colonisation » est d’autant plus vif que la volonté d’acculturation exercée par les Etats qui dominent la mondialisation est plus forte, ressentie comme un vrai danger. C’est alors que le fait religieux réapparaît avec vigueur lié à un réveil identitaire.
Plus que l’appartenance à une communauté linguistique, l’appartenance à une communauté religieuse sert de référentiel pour toute une série de comportements : habitudes alimentaires et vestimentaires et comportements sociaux.
Ainsi la disparition des frontières économiques dans le phénomène de mondialisation ne s’accompagne pas automatiquement de l’effacement des frontières culturelles. L’espace mondial peut alors s’analyser à travers le degré de résistance à la mondialisation.
L’exemple de la Chine, illustre parfaitement bien ce chevauchement. Ce pays possède une puissante civilisation fondée sur l’écriture, la langue, la croyance religieuse et l’histoire. Elle est caractérisée par un rapport de l’individu au groupe tout à fait spécifique.
Depuis quelques décennies, la Chine s’ouvre au monde et même si l’attrait exercé par l’Occident sur les jeunes, les seniors chinois continuent à pratiquer le tai-chi-chuan le matin en pyjama au pied des tours de Pudong.
Dans le cadre de cette ouverture, l’aire culturelle occidentale côtoie désormais l’aire culturelle chinoise opérant une espèce de fusion sans provoquer de rejet violent du coté chinois où les traditions restent totalement présentes dans la vie quotidienne.
De la même façon l’Inde mêle hindouisme, civilisation anglo-saxonne héritée de la période coloniale et culture scientifique de haut niveau.
A l’opposé dans des Etats conservateurs
comme l’Afghanistan où le Yémen, la
résistance à la poussée
culturelle de l’Occident se traduit par des actes
de terrorisme.
A l’heure de la mondialisation culturelle le monde apparaît divisé. Les grandes aires de civilisation peuvent-elles encore offrir une analyse pertinente du découpage mondial ? Peut-on mettre en évidence des espaces de résistance fondés sur les langues et les religions ?
Un découpage en grandes aires culturelles et
religieuses est toujours possible mais les limites
deviennent de plus en plus artificielles et
théoriques. Malgré le rejet du
phénomène d’acculturation en
certains endroits de la planète, des exemples de
fusions culturelles sans crispations existent.
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