Le littoral
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Entre 1950 et 1970, les plans d'aménagement du territoire ont procédé au bétonnage du littoral à la porte des principales ouvertures maritimes et à des fins industrielles délocalisées :
o complexes sidérurgiques (Dunkerque, Fos),
o centrales nucléaires (Gravelines, Paluel, Penly, Flamanville).
Les Trente Glorieuses contiennent une part de démythification partielle de l'éden littoral... La crise identitaire de la fin des années 1960, la prise de conscience collective de la valeur d'un patrimoine naturel et une crise économique persistante ont plus ou moins volontairement « assaini » le littoral de ces activités étrangères à son milieu qui soit ont disparu, soit sont devenues moins polluantes.
Le problème de la pollution demeure : la mise en valeur intrinsèque des activités économiques liées au littoral (pêche côtière, ostréiculture et conchyliculture -élevage de coquillages comestibles-, marais salants) est sans cesse remise en question par la résultante d'activités économiques étrangères (catastrophes pétrolières) et continentales (agriculture, industrie et urbanisation).
Après les Trente Glorieuses et l'époque des plans
d'aménagement jacobins, le temps de la concertation est
venu : au nom d'une attraction paysagère et
héliotropique, les collectivités locales ne
souhaitent plus être seulement le réceptacle d'une
réorganisation de la production industrielle mais
s'orientent vers la généralisation des
activités touristiques qui mettent en valeur
l'espace « naturel ».
Elles aboutissent aussi parfois à un autre type de
défiguration paysagère des milieux qui va
à l'encontre des projets initiaux : au
bétonnage industriel a succédé une
diffusion généralisée d'un
bétonnage urbain qui impose aux
littoraux un paysage familier aux dizaines de millions de
citadins qui le fréquentent...
Mimétisme sociétal et embourgeoisement républicain, d'autres ports sont pris d'une même frénésie architecturale (Cabourg, La Baule, Arcachon, Cannes) : le modèle se diffuse et se décline en fonction de la démocratisation des loisirs après 1936. A l'exception de la côte languedocienne, tous les littoraux français sont bientôt équipés des moindres infrastructures touristiques qui projettent l'image d'une ville reproduite à la mode de la villégiature sur des milieux naturels non préservés.
Les grands plans d'aménagement dirigistes des années 1960-70 systématisent le fait touristique sur tout le littoral français : même les côtes insalubres du Languedoc et de la Corse orientale n'échappent pas à une mode qui se veut beaucoup plus globalisante que spécifiquement touristique ! La rapide dégradation d'un espace soumis aux pressions urbaine, industrielle et touristique est à l'origine de la création en 1975 du Conservatoire national de l'espace littoral et au vote de la loi Littoral en 1986.
Son action s'exerce sur 277 cantons côtiers en métropole et 211 dans les DOM, soit 5 141 000 ha sur un linéaire côtier de 6 933 km. Depuis sa création, ses compétences ont été étendues aux secteurs limitrophes qui présentent une unité écologique (Camargue, Maures) et aux communes des deltas et estuaires.
De plus, le Conservatoire peut acquérir des sites remarquables comme les plages du Débarquement en Normandie, la côte des Agriates en Corse ; au total, il est propriétaire de plus de 50 000 ha sur 465 sites inaliénables.
Toutefois, protection de l'environnement ne rime pas avec développement et aménagement du territoire de sorte qu'il a fallu renforcer les prérogatives du Conservatoire par la loi Littoral. Cette loi tente l'impossible compromis entre ses multiples et incompatibles usages ; elle développe surtout un champ d'exceptions qui recrée une liberté d'interprétation en fonction d'intérêts propres, d'où un recours aux tribunaux administratifs, afin de créer une jurisprudence qui a conduit à la refonte des P.O.S. (plan d'occupation des sols) côtiers et la mise en place d'une bande inconstructible de 100 mètres.
Actuellement, l'aménagement des littoraux est
coincé entre la pression d'une population qui se
l'approprie à des fins distractives, des
décideurs qui n'y voient qu'un autre espace de
production et une conscience collective qui s'assure de ne
point les dégrader trop voire de les restituer dans leur
état originel.
La question est de savoir si une telle conciliation est viable
à terme et si la protection de ces espaces ne se limite
pas seulement à la recréation d'une
muséologie intégriste de plein air qui pousse
jusqu'à l'interdiction des évolutions naturelles
des milieux.
L'essentiel
Pendant longtemps, les côtes n'ont été
considérées que sous l'axe du transit et du
ravitaillement. Aujourd'hui, et même si la déprise
des grands ports est réelle, jamais le littoral
français n'a été plus attractif.
Après le libre assouvissement des plaisirs de l'individu
et des collectivités à partir des années
1960, un Conservatoire national de l'espace littoral (1975) et
la loi Littoral (1986) ont depuis été
créés pour éveiller une conscience
collective de protection de l'environnement.
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