La violence et la jeunesse
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La violence se dit d'une action brutale, qu'elle soit physique
ou morale, envers quelqu'un. Les médias nous renvoient
l'image d'une violence de plus en plus juvénile ;
que ce soit à l'école ou dans la rue, avec,
notamment, les phénomènes de bandes ou les
bagarres de rue. On peut alors se demander quels rapports les
jeunes entretiennent avec la violence ? En sont-ils coupables
ou victimes ? Quel est le rôle des parents, de
l'école, de la société dans ces
phénomènes ?
1. Violence des jeunes : état des lieux
a. La violence scolaire
La médiatisation de la violence, les
agressions filmées avec des
téléphones portables et mises en ligne sur
Internet transmettent au public une image d’«
ultra violence ». Dans les faits, 10,5 accidents
graves pour 1 000 élèves ont
été recensés pour la période
2008-2009 soit un peu
plus de 44 000 incidents concentrés pour 50 % dans
les 10 % établissements les plus violents.
Les violences physiques (atteinte aux biens et aux personnes) comptent pour près de 39 % et 35 % ; les autres sont des violences verbales (insultes, menaces).
Cependant, si les agressions armées sont très médiatisées, elles ne représentent « que » 2,5 % des cas. Les auteurs des violences sont principalement les élèves. Les personnels sont les premières victimes des agressions graves suivis par les élèves.
Ces chiffres sont à lire avec prudence car un même incident ne sera pas signalé de la même façon par deux établissements différents.
Outre les agressions, la violence scolaire se manifeste également à travers les jeux dangereux pratiqués par les élèves dans les cours de récréation. Ainsi, on trouve des « jeux » tels que le petit pont massacreur (lors d’une partie de foot, celui qui subit un petit pont se fait taper par tous les joueurs) ou le happy slapping (on filme une personne qui se fait agresser par plusieurs autres ; le plus souvent, elle reçoit des gifles). Mais le jeu du foulard, qui consiste à s’auto-stranguler pour atteindre une phase d’hallucination, reste, à ce jour, le plus meurtrier.
Les violences physiques (atteinte aux biens et aux personnes) comptent pour près de 39 % et 35 % ; les autres sont des violences verbales (insultes, menaces).
Cependant, si les agressions armées sont très médiatisées, elles ne représentent « que » 2,5 % des cas. Les auteurs des violences sont principalement les élèves. Les personnels sont les premières victimes des agressions graves suivis par les élèves.
Ces chiffres sont à lire avec prudence car un même incident ne sera pas signalé de la même façon par deux établissements différents.
Outre les agressions, la violence scolaire se manifeste également à travers les jeux dangereux pratiqués par les élèves dans les cours de récréation. Ainsi, on trouve des « jeux » tels que le petit pont massacreur (lors d’une partie de foot, celui qui subit un petit pont se fait taper par tous les joueurs) ou le happy slapping (on filme une personne qui se fait agresser par plusieurs autres ; le plus souvent, elle reçoit des gifles). Mais le jeu du foulard, qui consiste à s’auto-stranguler pour atteindre une phase d’hallucination, reste, à ce jour, le plus meurtrier.
b. La violence de rue
Le phénomène de bande est
né dans la banlieue parisienne dans les
années 90.
La bande est un lieu de socialisation :
• on se retrouve entre personnes du même âge, avec les mêmes centres d’intérêt, utilisant le même langage ;
• on se reconnaît grâce à un code, un symbole, on est sur un territoire défini ;
• le groupe peut commettre des incivilités type insultes, tapage, tags etc., voire même des actes de délinquances, vols, bagarres de rues (souvent contre d’autres bandes, et depuis quelques années en dehors des territoires, des rendez-vous dans les grandes gares parisiennes par exemple), heurts avec les forces de l’ordre…
Ces bandes ont un culte de la virilité, du respect, de solidarité entre les membres. Ils font ensemble la fête et forment, au sens propre, une communauté. Ces bandes ne doivent pas être confondues avec les gangs qui sont des organisations criminelles (braquage, armes, trafics de stupéfiants…) ni avec les jeunes qui se regroupent pour partager les mêmes activités souvent festives, les mêmes passions.
Le but des regroupements de jeunes, qui sont majoritaires, est la transgression des règles telles que horaires, lieux de rencontres… afin de marquer leur autonomie et leur indépendance mais ils ne génèrent pas de violences.
La bande est un lieu de socialisation :
• on se retrouve entre personnes du même âge, avec les mêmes centres d’intérêt, utilisant le même langage ;
• on se reconnaît grâce à un code, un symbole, on est sur un territoire défini ;
• le groupe peut commettre des incivilités type insultes, tapage, tags etc., voire même des actes de délinquances, vols, bagarres de rues (souvent contre d’autres bandes, et depuis quelques années en dehors des territoires, des rendez-vous dans les grandes gares parisiennes par exemple), heurts avec les forces de l’ordre…
Ces bandes ont un culte de la virilité, du respect, de solidarité entre les membres. Ils font ensemble la fête et forment, au sens propre, une communauté. Ces bandes ne doivent pas être confondues avec les gangs qui sont des organisations criminelles (braquage, armes, trafics de stupéfiants…) ni avec les jeunes qui se regroupent pour partager les mêmes activités souvent festives, les mêmes passions.
Le but des regroupements de jeunes, qui sont majoritaires, est la transgression des règles telles que horaires, lieux de rencontres… afin de marquer leur autonomie et leur indépendance mais ils ne génèrent pas de violences.
2. La violence des jeunes : un phénomène
nouveau ?
a. La violence comme rite de passage
Le passage de l’enfance à
l’âge adulte est important.
• Dans les sociétés traditionnelles, vivant selon leurs propres traditions, leur propre histoire, ce passage est organisé par des « rites ». Les jeunes devaient subir différentes épreuves physiques ou morales imposées par les adultes et destinées à prouver leur capacité à devenir adultes à leur tour.
• Pour Émile Durkheim, les « rites sont des règles de conduite qui prescrivent à l’Homme comment se comporter avec les choses sacrées ».
• On peut définir les rites d’aujourd’hui comme « des actes répétitifs et codifiés, souvent solennels, d’ordre verbal, gestuel et postural, à forte charge symbolique ». (Claude Rivière). La violence peut être considérée comme un des apanages de la jeunesse, notamment la violence envers soi-même.
La violence routière, la toxicomanie, les rapports sexuels sans protection… Tous les comportements à risque sont des violences que l’on s’inflige, et que l’on inflige aux autres, et qui, dans le même temps, permettent d’accéder à un statut d’adulte que la société, la famille refuse d’accorder. C’est une quête de sens, une expérience dans laquelle le jeune est à la fois chercheur et sujet de l’expérience.
Prenons l'exemple de Pinocchio de Collodi. Pinocchio est un pantin de bois qui rêve de devenir un petit garçon. Une fée lui accorde ce vœu à condition qu’il soit sage, qu’il ne fasse plus de bêtise et qu’il apprenne à obéir. Pourtant, Pinocchio prend le risque de faire ses propres expériences, se met en danger et provoque bon nombre de catastrophes.
• Dans les sociétés traditionnelles, vivant selon leurs propres traditions, leur propre histoire, ce passage est organisé par des « rites ». Les jeunes devaient subir différentes épreuves physiques ou morales imposées par les adultes et destinées à prouver leur capacité à devenir adultes à leur tour.
• Pour Émile Durkheim, les « rites sont des règles de conduite qui prescrivent à l’Homme comment se comporter avec les choses sacrées ».
• On peut définir les rites d’aujourd’hui comme « des actes répétitifs et codifiés, souvent solennels, d’ordre verbal, gestuel et postural, à forte charge symbolique ». (Claude Rivière). La violence peut être considérée comme un des apanages de la jeunesse, notamment la violence envers soi-même.
La violence routière, la toxicomanie, les rapports sexuels sans protection… Tous les comportements à risque sont des violences que l’on s’inflige, et que l’on inflige aux autres, et qui, dans le même temps, permettent d’accéder à un statut d’adulte que la société, la famille refuse d’accorder. C’est une quête de sens, une expérience dans laquelle le jeune est à la fois chercheur et sujet de l’expérience.
Prenons l'exemple de Pinocchio de Collodi. Pinocchio est un pantin de bois qui rêve de devenir un petit garçon. Une fée lui accorde ce vœu à condition qu’il soit sage, qu’il ne fasse plus de bêtise et qu’il apprenne à obéir. Pourtant, Pinocchio prend le risque de faire ses propres expériences, se met en danger et provoque bon nombre de catastrophes.
b. Une jeunesse de plus en plus violente ?
En 1912, Louis Pergaud écrit La
Guerre des boutons, une histoire de bagarres,
d’insultes et d’agressions entre deux bandes
de jeunes. Ce livre, sur un mode comique, met en
lumière les violences auxquelles sont
confrontés les enfants dans la cours de
récréation et en dehors. Les enfants ne
vivent pas dans un monde mièvre et bienveillant.
Ils ont également à subir les
brimades, la loi du plus fort et nombre de
petites cruautés.
La violence des jeunes n'est pas un phénomène nouveau. Au Moyen âge, pendant la Révolution de 1789, les jeunes sont présents sur les barricades.
On retrouve dans les archives des faits de violences imputés aux enfants et jeunes adultes. Dans la première moitié du 20e siècle, les jeunes sont occupés à faire la guerre ; la violence est alors orientée vers un ennemi commun.
Pourtant, on ne peut pas ignorer qu'il y a aujourd'hui une culture de la violence, que ce soit dans les films, les jeux vidéos et même les informations télévisées. Cette culture de la violence s'accompagne d'un mépris du faible.
La sensation que l’on peut avoir que la jeunesse est de plus en plus violente est-elle légitime ? La violence a-t-elle augmenté ou est-ce la tolérance de la société face aux actes violents qui a changé ?
La violence des jeunes n'est pas un phénomène nouveau. Au Moyen âge, pendant la Révolution de 1789, les jeunes sont présents sur les barricades.
Doc.1. La prise de la Bastille, 14 juillet 1789 |
On retrouve dans les archives des faits de violences imputés aux enfants et jeunes adultes. Dans la première moitié du 20e siècle, les jeunes sont occupés à faire la guerre ; la violence est alors orientée vers un ennemi commun.
Pourtant, on ne peut pas ignorer qu'il y a aujourd'hui une culture de la violence, que ce soit dans les films, les jeux vidéos et même les informations télévisées. Cette culture de la violence s'accompagne d'un mépris du faible.
La sensation que l’on peut avoir que la jeunesse est de plus en plus violente est-elle légitime ? La violence a-t-elle augmenté ou est-ce la tolérance de la société face aux actes violents qui a changé ?
3. La violence des jeunes : qui est coupable ?
a. Violences familiales
L'Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) a cherché
quels étaient les principaux facteurs de
violences chez les jeunes. Outre des facteurs
individuels tels que l'impulsivité ou des
problèmes de maîtrise de soi, l'influence
de la famille est importante. En effet, un cadre
familial violent et/ou trop disciplinaire, ainsi qu'un
« abandon » d'éducation de la part des
parents peuvent mener le jeune à des comportements
violents. Un jeune qui ne se reconnaît pas au sein
de son univers familial sera plus enclin à se
tourner vers des relations amicales très
fortes et sera influençable.
De plus, un niveau socio-culturel faible peut être un facteur supplémentaire. Une famille qui ne peut aider son enfant à suivre une scolarité normale (parce que la langue française n'est pas maîtrisée au sein du foyer, qu'il y a un manque de place pour travailler correctement, que les parents n'ont pas les connaissances nécessaires au suivi des devoirs) ou qui a de faibles moyens financiers aura une probabilité plus forte qu'une autre d'avoir un enfant aux comportements violents.
De plus, un niveau socio-culturel faible peut être un facteur supplémentaire. Une famille qui ne peut aider son enfant à suivre une scolarité normale (parce que la langue française n'est pas maîtrisée au sein du foyer, qu'il y a un manque de place pour travailler correctement, que les parents n'ont pas les connaissances nécessaires au suivi des devoirs) ou qui a de faibles moyens financiers aura une probabilité plus forte qu'une autre d'avoir un enfant aux comportements violents.
b. Violences sociétales
Les banlieues défavorisées sont
des zones de ségrégation et de
discriminations. On y recense bon nombre
d'agressions.
Les vols sont ainsi plus importants dans les banlieues dites difficiles, surtout quand l'enfant subit ou a subi des violences graves au sein de la famille.
Une grande précarité, des échecs scolaires à répétition, des difficultés d’intégration créent du ressentiment ; un mal être entraîne également des violences.
En effet, l’école est un système qui peut exclure car il peut être vecteur de sentiments d’infériorité. Des problèmes d’orientation et/ou d'élèves envoyés au collège alors qu’ils ne maîtrisent pas la lecture condamnent les enfants à l’échec et parfois à la révolte.
En outre, dans une société de consommation, on assiste à une course à la possession. On vole ce que l'on ne peut pas s'offrir : scooter, voiture, sac à mains, téléphones et ordinateurs portables, tablettes numériques, bijoux, etc.
On vit dans une société qui ne supporte plus la violence et qui tend à la pacification, ce que Norbert Elias appelle « un processus de civilisation ». Le sentiment d’insécurité croissant provient de ce que la violence est moins tolérée et en parallèle plus médiatisée. La judiciarisation accrue, l'augmentation des peines pointent également du doigt cette forme de violence.
Les vols sont ainsi plus importants dans les banlieues dites difficiles, surtout quand l'enfant subit ou a subi des violences graves au sein de la famille.
Une grande précarité, des échecs scolaires à répétition, des difficultés d’intégration créent du ressentiment ; un mal être entraîne également des violences.
En effet, l’école est un système qui peut exclure car il peut être vecteur de sentiments d’infériorité. Des problèmes d’orientation et/ou d'élèves envoyés au collège alors qu’ils ne maîtrisent pas la lecture condamnent les enfants à l’échec et parfois à la révolte.
En outre, dans une société de consommation, on assiste à une course à la possession. On vole ce que l'on ne peut pas s'offrir : scooter, voiture, sac à mains, téléphones et ordinateurs portables, tablettes numériques, bijoux, etc.
On vit dans une société qui ne supporte plus la violence et qui tend à la pacification, ce que Norbert Elias appelle « un processus de civilisation ». Le sentiment d’insécurité croissant provient de ce que la violence est moins tolérée et en parallèle plus médiatisée. La judiciarisation accrue, l'augmentation des peines pointent également du doigt cette forme de violence.
L'essentiel
Parce qu'elle est médiatisée à
l'extrême, la violence des jeunes, et notamment des
mineurs, effraie les adultes qui ont le sentiment d'une
génération perdue, sans repères ni
respect. Pourtant, la violence juvénile n'est
pas un fait récent mais elle est mal
perçue dans une société qui se veut
lisse et est de plus en plus encadrée juridiquement.
Or, la société, par sa structure
ségrégationniste et discriminatoire, peut
amener des jeunes fragiles à un point de rupture
dû à un mal-être et un sentiment
d'échec et de non-appartenance. Sans excuser les actes
violents, il convient de tenter de les comprendre car les
jeunes, s'ils en sont auteurs, en sont également les
principales victimes.
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