1. Un déclin relatif des anciennes puissances
industrielles
a. La Grande-Bretagne, « usine du
monde » ?
Premier pays à s'industrialiser au
XIXe siècle, la Grande-Bretagne reste la
première puissance commerciale et financière du
monde. Elle représente 42 % des investissements
internationaux en 1914 et la livre sterling est la monnaie
de référence internationale. De même, sur le
plan industriel, elle demeure une grande puissance
(deuxième producteur de charbon en 1913). Mais son
économie reste marquée par les industries de la
première révolution industrielle (charbon, fer,
textile) qui sont fortement concurrencées alors.
b. Des Etats qui possèdent de vastes empires coloniaux
A la fin du XIXe siècle, la
Grande-Bretagne et la France possèdent les empires
coloniaux les plus étendus. Des Indes, « perle
de l'empire », au Canada, l'empire britannique est un
territoire sur lequel « le soleil ne se couche
jamais ». Des liens économiques
privilégiés existent entre les métropoles
européennes et les colonies qui fournissent les
matières premières (coton indien).
2. Des puissances aux caractéristiques nouvelles
a. Des Etats récents depuis peu tournés vers le
monde
L'Allemagne, unifiée politiquement depuis 1871, se
lance dans une ambitieuse « Weltpolitik ».
Le Japon connaît une révolution sociale (fin des
samouraïs) et technique (modernisation) sous la direction de
l'empereur Meiji (1868-1912). Les Etats-Unis, nés à
la fin du XVIIIe siècle, sortent alors de
la guerre de Sécession (1861-1865), et poursuivent leur
industrialisation. La Russie bolchevique naît en 1917
et s'industrialise rapidement dans les années 1920
et 1930.
b. Des Etats au comportement économique nouveau
Ces pays innovent dans l'organisation économique avec la
participation active de l'Etat. Des usines gigantesques sont
créées (usines Krupp à Essen ou les
combinats soviétiques). De grands groupes industriels sont
créés (zaibatsu japonaises, trusts
américains, konzern allemands). Ils mettent en place de
nouvelles formes de travail comme le fordisme aux Etats-Unis.
Ces industries très productives font également
preuve d'une agressivité commerciale pour écouler
leurs produits. Des moyens modernes de vente sont
employés : la fidélisation de la
clientèle, la vente à perte (Allemagne), la
publicité et les études de marché (Ford aux
Etats-Unis).
3. Ces nouvelles puissances bouleversent la hiérarchie
mondiale
a. Un poids international croissant
-
Une forte croissance économique
Toutes ces nouvelles puissances connaissent une croissance
importante à partir de la deuxième
révolution industrielle (vers 1880). Entre 1870
et 1913, les Etats-Unis passent de 23 à
38 % de la production industrielle mondiale et
du 2
e au 1
er rang. La croissance
anglaise, réelle, est moins rapide que celle de ses
concurrents : sa production d'acier est multipliée
par 3 entre 1870 et 1913 et celle des Etats-Unis
par 41.
-
La tentative de créer de nouveaux empires
coloniaux
A la fin du XIX
e siècle, ces
nouvelles puissances tentent de dominer de vastes empires, mais
se heurtent aux anciennes puissances coloniales. Le Japon attaque
la Corée (1895) et la Chine puis se heurte à la
Russie en 1905. Les Etats-Unis s'emparent de terres
espagnoles (Cuba, Hawaï et les Philippines en 1898).
Les velléités allemande d'expansion
entraînent des querelles territoriales au Maroc avec la
France (1905 et 1911).
b. Des conflits économiques, causes de tensions politiques
Grande-Bretagne et Allemagne se livrent une concurrence
commerciale acharnée. Les méthodes allemandes
portent de rudes coups à la prédominance anglaise,
et ce, jusque dans les colonies comme l'Inde. En France et en
Grande-Bretagne, des ouvrages présentent alors le
« déclin » économique et
démographique.
L'essentiel
Dominée par les Etats de l'Ouest de l'Europe au
début du XIXe siècle, la
hiérarchie mondiale des puissances est remise en cause
à la fin de ce siècle par l'émergence de
nouveaux pays. Ils concurrencent les Etats plus anciennement
industrialisés et revendiquent l'acquisition d'empires
coloniaux. De cette situation naissent des conflits
économiques et militaires et un sentiment de
déclin dans certains pays d'Europe.