1. Une maîtrise en forme de conquête
a. La conquête de l’immensité
L’appropriation du territoire a duré un peu plus
d’un siècle de 1776 (réunion des 13 États
fondateurs) à 1912, sans compter Hawaï et
l’Alaska. L’avancée vers l’ouest a fait
reculer la « frontière ». Le
territoire, conquis au détriment des Nations indiennes, a
été divisé et distribué aux colons.
Le paysage rural fut construit par l’attribution de
parcelles carrées issues du découpage de
l’espace en damiers (townships).
b. Les modes de transports : outils
privilégiés de la maîtrise territoriale
Le chemin de fer accompagne la progression vers l’ouest
(seconde moitié du 19e siècle) et
assure la jonction entre les côtes atlantiques, la
région des Grands Lacs et le Pacifique. Les voies
ferrées transcontinentales dessinent les axes de
transports Est/Ouest. Les réseaux de transports se
développent au 20e siècle. Ils
sont mis au service d’une population
réputée très mobile, au point que
certains considèrent l’automobile comme un pilier de
l’« American way of
life ». Le transport aérien
et les conduites (gazoducs et oléoducs) complètent
les réseaux de transports au profit d’une gestion
efficace des ressources humaines et des ressources
matérielles.
c. Une action anthropique parfois dévastatrice
La recherche de l’efficacité à tout prix
conduit parfois à des catastrophes : les pratiques
culturales inadaptées (labours profonds, labours
favorisant l’érosion) sont à l’origine
de catastrophes économiques et sociales.
C’est le cas du dust bowl (nuage de
poussières causées par des vents violents
entraînant l’arrachage des matériaux fins et
superficiels du sol, Kansas-Oklahoma). L’irrigation
intensive favorise la salinisation et
l’altération partielle de certains sols
(Californie). L’utilisation des eaux du Colorado est
à l’origine d’oppositions entre les deux
membres de l’ALENA (États-Unis–Mexique), entre
États (Arizona, Californie et Nevada) et entre
utilisateurs (agriculteurs, villes, industriels…).
2. Une maîtrise partielle
a. L’inégale densité des réseaux
Le déséquilibre spatial Est/Ouest est très
net. À l’Est d’une ligne reliant Chicago
à La Nouvelle-Orléans, on observe une grande
densité des réseaux, notamment routiers et
ferroviaires, complétés par quelques voies
d’eau importantes (Mississippi, Tennessee, Ohio,
Atlantic Intracoastal Waterway). À l’Ouest
de cette ligne, les logiques sont plutôt axiales avec des
portes d’entrées polarisées sur les grandes
villes (Chicago, Seattle, Los Angeles). La performance du
système de communications et d’échanges est
rendue possible par le haut niveau d’interconnexion
(hubs, ports) entre les différents
réseaux.
b. Aléas et phénomènes brutaux
Volcanisme (Hawaï, Nord-Ouest), séismes
(menace du Big One, un puissant séisme qui
pourrait faire disparaître la Californie), ouragans
tropicaux (Floride, côte du Golfe du Mexique) et
tornades (Oklahoma, Texas) représentent des
aléas majeurs. Ils ont causé des dommages
importants dans les vingt dernières années
(ouragans surtout). Les excès climatiques entraînent
parfois de fortes précipitations neigeuses sur le Nord-Est
du pays et des inondations importantes (vallées du
Missouri et du Mississippi) tout aussi dommageables pour les
biens et les personnes.
3. L’environnement comme bien commun
a. La nature, un patrimoine à préserver
L’idée de l’importance de la nature sauvage
(originelle) s’est progressivement affirmée au
États-Unis. Considérée comme un
réservoir inépuisable de ressources, elle est
progressivement devenue un bien commun à
préserver : un patrimoine. La volonté de
protection des ressources forestières et paysagères
est ancienne (1872,
création officielle du Parc de Yellowstone, premier
parc national au monde). Aujourd’hui, 52 parcs
nationaux (186 000 km2) sont
administrés par le gouvernement américain dans 22
États.
b. Un bien collectif sous surveillance :
l’environnement
Bien commun, l’environnement est également
« surveillé » en permanence par les
écologistes américains qui constituent un groupe de
pression important. En partie sous leur pression,
l’État a créé l’EPA
(Environmental Protection Agency en 1970) et il a voté des lois pour la
protection des littoraux (Coastal Zone Management Act,
1972) et de l’air
(Clean Air Act, 1990).
L’essentiel
En deux siècles, les États-Unis ont su
contrôler un vaste territoire grâce à
des systèmes de transport performants servant
d’assise à leur puissance. La mise en valeur du
territoire provoque parfois des dégradations de
l’environnement que dénoncent les
écologistes et les services fédéraux
chargés de sa protection.