L'essentiel
La Chine est plus avancée dans sa transition
démographique que l'Inde. Dans les deux cas, les Etats
ont considéré que la croissance de la population
devenait alarmante. Les mesures de contrôle de la
natalité ont permis à la Chine d'atteindre en
moyenne un indice de fécondité de 1,8. L'Inde,
qui est moins avancée dans sa transition
démographique, présente encore des taux de
fécondité élevés
(3,4 enfants/femme). Les deux Etats regroupent plus de
2 milliards d'habitants, ce qui constitue autant un
marché intérieur extraordinaire qu'un défi
formidable pour des pays qui sont encore aux limites de
l'autosuffisance alimentaire.
1. Des populations en forte croissance depuis un
demi-siècle
a. Une position inégale au regard de la transition
démographique
Une forte croissance démographique s'engage au
début du XXe siècle pour la Chine
et en 1920 pour l'Inde. Dans les deux pays, la
mortalité infantile a diminué de façon
impressionnante : de 240 ‰ dans les
années 1920 à 75 ‰ en 1996
pour l'Inde, de 200 ‰ en 1950 à
35,5 ‰ en 1995 pour la Chine. Cette
dernière est très avancée dans sa transition
démographique et son taux de fécondité a
diminué (1,8 enfant par femme). En 1996, le taux
d'accroissement naturel était de 10 ‰ (avec un
taux de natalité de 17 ‰ et un taux de
mortalité de 7 ‰), chiffres qui placent la
démographie chinoise dans une situation comparable
à la plupart de celle des pays développés.
La pyramide des âges de l'Inde révèle
en 1991 une forme en parasol qui illustre une structure par
âge typique d'un pays en développement,
dominé par les classes d'âge les plus jeunes
(58,7 % de la population a moins de 30 ans). Cette
situation est liée à une démographie
restée élevée, puisque dans les
années 1960, la fécondité indienne est
encore de 6 enfants par femme. Elle est encore de
3,4 enfant par femme en 1996.
b. Une croissance et une population inégalement
réparties
Les dynamiques démographiques ne sont pas uniformes. En
Chine, les contrastes de fécondité sont très
importants : le nombre moyen d'enfant par femme est ainsi
important dans les régions où les minorités
nationales et où la population rurale sont importantes
(Tibet, Xinjiang par exemple). Les provinces plus fortement
urbanisées et dominées par de grandes villes
(Beijing, Shanghai...) présentent des taux de
fécondité aux limites du renouvellement des
générations. Dans l'Est (surtout) et le Nord de la
Chine, les taux sont modérés, voire faibles. Dans
le cas de l'Inde, on observe un gradient nord-sud concernant les
déséquilibres démographiques : les taux
de mortalité et de natalité sont supérieurs
à la moyenne nationale dans les Etats du Nord du pays. Les
Etats dont la population dispose d'une espérance de vie
à la naissance supérieure à la moyenne
nationale sont principalement ceux du Sud et du Sud-Ouest
(Maharashtra, Karnataka, Kerala, Tamil Nadu), plus quelques Etats
du Nord (dont Bengale et Pendjab).
2. La gestion de la démographie par les Etats
a. Maîtriser la croissance de la population
Depuis les années 1960 pour l'Inde et les
années 1970 pour la Chine, une prise de conscience
des dangers d'une démographie galopante et de ses
conséquences s'est opérée. Les politiques de
contrôle de la population sont de deux types :
incitatives (et éducatives) ou
coercitives.
Les premières se fondent sur l'incitation (propagande
contraceptive en Chine entre 1956 et 1962, propagande
organisée par l'Etat en faveur des pratiques
contraceptives par le développement des contraceptifs
féminins et le retard de l'âge au mariage).
Les politiques coercitives sont plus ou moins radicales :
les plus extrêmes se manifestent par des campagnes de
stérilisation en Inde en 1976-1977 (8 millions
de personnes, notamment les Indiens les plus pauvres) et par
une politique de « planification des
naissances » en Chine. A partir de 1979, les
mesures antinatalistes se traduisent dans la politique de
l'enfant unique pour les ménages (un second enfant est
possible dans certains cas précis –
anormalité, handicap du premier enfant – mais un
troisième entraîne la suppression des avantages
sociaux pour les familles et un système de
pénalisation croissante pour les familles ayant
plusieurs enfants).
b. Les résultats inégaux et les effets pervers des
politiques de contrôle
Globalement, les différentes politiques de contrôle
de la natalité ont eu pour effet de participer à la
réduction des naissances. Toutefois, en Inde, la
population reste jeune et continuera de croître pendant les
prochaines décennies. On estime que la population indienne
devrait dépasser la population chinoise d'ici
à 2015 (avec 1,5 milliard d'habitants). La Chine
a réussi à maîtriser sa croissance
démographique et des signes de vieillissement
apparaissent, mais la natalité reste forte dans les
campagnes et dans les régions où résident
les minorités nationales. Par ailleurs, les
résultats de la politique antinataliste sont liés
à la nature du régime politique actuel. Le
modèle de l'enfant unique est plus répandu dans les
milieux urbains que dans les campagnes.
c. Les effets économiques des politiques
démographiques
Parallèlement à la maîtrise de la croissance
démographique, on observe une augmentation du niveau de
vie de la population et une augmentation de la croissance (lente
en Inde, plus rapide en Chine). On observe également en
Inde un recul de la pauvreté de masse. Ces deux
éléments ont joué un rôle non
négligeable dans la réduction très
progressive de la pauvreté (en Inde), la diversification
de la consommation ou l'amélioration de l'habitat urbain
et rural. Par ailleurs, les effectifs de population constituent
également un marché intérieur d'autant plus
utile à la croissance nationale que son niveau de vie
s'accroît.