La guerre du Golfe
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1. Contexte de la guerre du Golfe
a. Du côté irakien
En août 1990,
Saddam Hussein envahit et annexe le Koweit,
qu’il accuse de pomper illégalement le
pétrole situé à cheval sur la
frontière entre les deux pays.
En réalité, son objectif est triple :
• financier : Le Koweit détient 122 milliards de capitaux investis en Occident qui rapportent énormément. Ceci ne peut qu’attirer un pays sorti exsangue de sa longue guerre contre l’Iran et qui s’est fortement endetté auprès de l’émirat.
• pétrolier : Le contentieux pétrolier entre les deux pays date du jour où le Koweit a décidé d’augmenter unilatéralement sa production provoquant une chute des cours de 20 % et des revenus irakiens. Entre les réserves irakiennes et celles du Koweit, Saddam Hussein détiendrait 19% des réserves mondiales ce qui lui donnerait un pouvoir de décision considérable à l’OPEP.
• stratégique : Depuis longtemps, l’Irak revendique un accès au Golfe. Le contrôle de certaines îles kowétiennes lui permettrait de se constituer un véritable port de mer.
b. Du côté américain
Théoriquement, le recours à la force tel
qu’il se dessine avec l’opération « Tempête du Désert
» n’a d’autre justification que
la protection de l’Arabie Saoudite et la
défense du droit international garanti par les
résolutions de l’ONU.
A plus long terme doit s’esquisser un « nouvel ordre mondial »
(expression forgée par G. Bush père pour
légitimer son intervention en Irak) fondé sur le
respect de l’autre, la concertation permanente, les
équilibres régionaux et une meilleure
répartition des richesses.
C’est surtout dans la menace que l’Irak fait
peser sur les intérêts stratégiques et
économiques du monde industrialisé
qu’il convient de rechercher la clef de la
détermination américaine :
• Le surarmement de l’Irak, sa puissance destructrice réelle (armes conventionnelles et chimiques) et potentielle (armes nucléaires) sont une menace pour les deux alliés traditionnels des Etats-Unis : l’Arabie Saoudite et Israël.
• Le facteur pétrolier joue un rôle plus décisif encore. Reconnaître l’annexion du Koweit par l’Irak reviendrait à laisser à ce pays le contrôle d’1/5e des réserves mondiales.
c. L’opération « Tempête du
désert »
La réaction américaine est d’emblée
très vive : Washington annonce un boycottage
économique total du pays et un renforcement de sa
présence militaire dans le Golfe.
L’opération « Tempête du
désert » est déclenchée dans la nuit
du 17 janvier 1991, avec le
bombardement massif des cibles stratégiques irakiennes.
L’Irak riposte en attaquant Israël. Les
opérations aériennes alliées
n’épargnent pas les civils. Leur but est de
détruire le maximum de potentiel militaire irakien en
minimisant les pertes alliées. Ensuite, elles sont
secondées par des attaques terrestres.
Le 28 février, le gouvernement irakien
ayant accepté, sans condition, toutes les
résolutions de l’ONU, les opérations militaires
cessent.
Le bilan de la guerre est très
inégal : 466 morts du côté
allié contre 170.000 à 250.000 du côté
irakien, civils compris. C’est un désastre
économique pour ce pays déjà en
difficulté. Il ne survit que grâce au programme de
l’ONU « Pétrole
contre nourriture ».
Saddam Hussein reste au pouvoir, mais est soumis au
contrôle des inspecteurs en armement de l’ONU.
2. Les relations internationales se redéfinissent autour
de la guerre du Golfe
Plus que la guerre en elle-même, ce qu’il convient
d’analyser est la place qu’elle occupe dans les
relations internationales de l’après guerre froide.
a. La guerre du Golfe permet à l’ONU de
réaffirmer son rôle.
L’agression irakienne est condamnée à
l’unanimité (moins deux voix, Yémen
et Cuba) par le Conseil de Sécurité
(résolution 660). Pour la première fois depuis
longtemps, un conflit est géré selon les
règles de sécurité collective, sans que
l’ONU ne soit paralysée par le droit de veto des
deux Grands.
De même, l’ONU va décider du sort de l’Irak après la guerre. Les premières résolutions instaurent un embargo devenu blocus dès lors que l’usage de la force a été autorisé pour le faire respecter. C’est le temps du multilatéralisme, c'est-à-dire une pratique des relations internationales où les conflits sont réglés dans le cadre de l’ONU donc collectivement et de manière concertée.
De même, l’ONU va décider du sort de l’Irak après la guerre. Les premières résolutions instaurent un embargo devenu blocus dès lors que l’usage de la force a été autorisé pour le faire respecter. C’est le temps du multilatéralisme, c'est-à-dire une pratique des relations internationales où les conflits sont réglés dans le cadre de l’ONU donc collectivement et de manière concertée.
b. La guerre du Golfe confirme la fin de la guerre froide.
Intervenant au lendemain de l’éclatement du bloc de
l’Est, la crise du Golfe a permis de voir
s’esquisser un nouvel ordre international, différent
de celui qui a pris fin avec la guerre froide.
L’URSS, pourtant encore intacte à cette date, est
restée en retrait. Gorbatchev n’a ni les moyens
d’intervenir auprès des puissances mandatées
par l’ONU, ni la volonté de s’opposer aux
décisions américaines. Ancienne alliée de
l’Irak, l’URSS vote toutes les résolutions de
l’ONU, y compris celle qui prévoit
l’utilisation de « tous les moyens nécessaires
» pour faire reculer le dictateur irakien. Cette crise
montre que la guerre froide a bien pris fin.
c. La guerre du Golfe et l’hyperpuissance américaine
Même si l’ONU joue, de nouveau, un rôle
important, la situation montre les limites de son action. En
effet, ce sont es Etats-Unis qui prennent la tête des
forces internationales et fournissent l’essentiel des
troupes (515.000 des 800.000 hommes envoyés).
Les Etats-Unis apparaissent comme la seule hyperpuissance capable de dominer la scène internationale et semblent seuls en mesure de jouer « les gendarmes du monde » et de s’ériger en arbitre des conflits, en particulier au Moyen-Orient. La guerre du Golfe en est l’illustration. Le « Grand Satan » soviétique ayant été vaincu, le gouvernement américain désigne les nouveaux ennemis menaçant la sécurité mondiale : les Rogue States (« Etats voyous » ou « parias »), dénoncés comme les « voyous de la scène internationale », parmi lesquels l’Irak.
C’est pour leur sécurité et celle du monde que les Etats-Unis proclament intervenir militairement en Irak. Cette guerre leur permet également de s’implanter plus durablement dans la région grâce à une présence militaire renforcée.
Les Etats-Unis sont la première puissance militaire du monde. Ils mènent, avec la guerre du Golfe, une des premières « guerres asymétriques » fondées sur la puissance aérienne et la maîtrise technologique et informatique, ce qui leur permet de remporter une victoire rapide. A l’inverse, Saddam Hussein utilise des méthodes qui choquent l’opinion internationale à l’instar des 11.000 ressortissants occidentaux pris en otage et dont certains servent de « bouclier humain »sur les sites stratégiques.
Les Etats-Unis apparaissent comme la seule hyperpuissance capable de dominer la scène internationale et semblent seuls en mesure de jouer « les gendarmes du monde » et de s’ériger en arbitre des conflits, en particulier au Moyen-Orient. La guerre du Golfe en est l’illustration. Le « Grand Satan » soviétique ayant été vaincu, le gouvernement américain désigne les nouveaux ennemis menaçant la sécurité mondiale : les Rogue States (« Etats voyous » ou « parias »), dénoncés comme les « voyous de la scène internationale », parmi lesquels l’Irak.
C’est pour leur sécurité et celle du monde que les Etats-Unis proclament intervenir militairement en Irak. Cette guerre leur permet également de s’implanter plus durablement dans la région grâce à une présence militaire renforcée.
Les Etats-Unis sont la première puissance militaire du monde. Ils mènent, avec la guerre du Golfe, une des premières « guerres asymétriques » fondées sur la puissance aérienne et la maîtrise technologique et informatique, ce qui leur permet de remporter une victoire rapide. A l’inverse, Saddam Hussein utilise des méthodes qui choquent l’opinion internationale à l’instar des 11.000 ressortissants occidentaux pris en otage et dont certains servent de « bouclier humain »sur les sites stratégiques.
d. Les autres acteurs de la guerre du Golfe : Japon et pays arabe
Le Japon fait son entrée sur la scène
internationale. A défaut de pouvoir intervenir
militairement, ils apportent la plus forte contribution
financière à cette guerre.
Dans cette zone qui constitue un enjeu primordial (les cinq pays du Golfe persique détiennent les 2/3 des réserves pétrolières mondiales), parmi les plus instables du monde, la guerre du Golfe révèle les divisions profondes du monde arabe.
Le discours populiste du leader irakien, sa récupération de la cause palestinienne et ses diatribes contre Israël lui rallient un ample mouvement d’opinion arabe mais sans atteindre l’unanimité attendue. Par contre elle permet la reprise ostensible des relations diplomatiques avec l’Iran (rompues depuis 10 ans).
La fracture du monde arabe face à cette guerre est tangible malgré les appels de S. Hussein à la solidarité arabo-islamique : hostilité attendue de l’Arabie Saoudite, des émirats mais aussi de l’Egypte (qui négocie sa coopération du côté des alliés contre une réduction de moitié de sa dette) de la Syrie (puissance rivale), condamnation plus molle de l’attaque par les pays du Maghreb. Les opinions publiques sont plus favorables et soutiennent le peuple irakien, victime du blocus.
Les alliés de l’Irak sont peu nombreux : la Libye de Kadhafi, le Yémen, OLP (qui sort affaiblie de ce soutien).
Dans cette zone qui constitue un enjeu primordial (les cinq pays du Golfe persique détiennent les 2/3 des réserves pétrolières mondiales), parmi les plus instables du monde, la guerre du Golfe révèle les divisions profondes du monde arabe.
Le discours populiste du leader irakien, sa récupération de la cause palestinienne et ses diatribes contre Israël lui rallient un ample mouvement d’opinion arabe mais sans atteindre l’unanimité attendue. Par contre elle permet la reprise ostensible des relations diplomatiques avec l’Iran (rompues depuis 10 ans).
La fracture du monde arabe face à cette guerre est tangible malgré les appels de S. Hussein à la solidarité arabo-islamique : hostilité attendue de l’Arabie Saoudite, des émirats mais aussi de l’Egypte (qui négocie sa coopération du côté des alliés contre une réduction de moitié de sa dette) de la Syrie (puissance rivale), condamnation plus molle de l’attaque par les pays du Maghreb. Les opinions publiques sont plus favorables et soutiennent le peuple irakien, victime du blocus.
Les alliés de l’Irak sont peu nombreux : la Libye de Kadhafi, le Yémen, OLP (qui sort affaiblie de ce soutien).
L'essentiel
En août 1990, Saddam Hussein envahit le Koweit. Une résolution de l’ONU permet l’envoi de troupes, sous le commandement américain. Cette guerre, révélatrice de l’enjeu que constitue le Moyen-Orient, marque l’entrée dans un « nouvel ordre mondial », celui de l’après guerre froide, que les Etats-Unis dominent comme unique hyperpuissance.
Ce nouvel ordre international, fondé sur le consensus et la négociation, est de courte durée. Dès l’élection de Bill Clinton, en 1992, la politique des Etats-Unis évolue vers un unilatéralisme, clairement revendiqué après le 11 septembre 2001. La deuxième guerre en Irak, en 2003, se fait, sans résolution de l’ONU, grâce à une coalition de circonstances, notamment avec la Grande Bretagne.
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