L'essentiel
L'influence américaine dans le monde tient autant dans
la revendication d'un modèle de société
unique que dans sa diffusion. Mais de nombreux
éléments ont terni le modèle de la
démocratie américaine. La présence et les
alliances militaires et/ou économiques avec les
Etats-Unis sont parfois vécues comme une forme
d'impérialisme masqué et les organisations
internationales anti-mondialistes luttent contre l'influence
planétaire des Etats-Unis et des FMN américaines.
La présence militaire est parfois lourdement
vécue. Le pays est devenu la cible de forces
émergentes dans tous les continents, ne
considérant plus désormais seulement le pays
comme un défenseur des libertés.
1. La condamnation des dysfonctionnements politiques et sociaux
internes
a. L'importance des violences sociales
La première contestation relative au rôle politique
des Etats-Unis peut être observée dans
l'augmentation des protestations internationales concernant les
violences publiques et collectives. Si le recours à la
violence (défense) de chaque citoyen qui voit ses biens
menacés est un droit constitutionnel, il suggère la
détention d'armes. 200 à 300 millions d'armes
à feu circuleraient aux Etats-Unis. Cependant la NRA
(National Rifle Association), militant pour le droit à la
possession d'armes, est contestée autant à
l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Les
exécutions capitales dans les Etats américains font
l'objet de protestations dans de nombreux pays du monde
(notamment les intellectuels européens et les associations
de défense des Droits de l'homme).
b. L'inégale exposition aux violences quotidiennes
Le modèle défendu et mis en avant est celui des
libertés individuelles et de la société
multiraciale. La « criminalité
conflictuelle » affecte plus fortement certains
groupes (Noirs, pauvres, chômeurs...), notamment dans des
zones délaissées par les politiques urbaines. On
recense dans ces poches de violence et de misère tous les
problèmes afférents à ces communautés
(toxicomanie, sida, tuberculose...). Ajoutons les
problèmes liés à la détention d'armes
et aux conflits urbains mettant en cause des gangs que les forces
de l'ordre contrôlent difficilement (ex. :
émeutes de Los Angeles en 1992). Certains contestent
le rôle d'une télévision trop violente (un
spectateur regardant modérément la
télévision aurait vu 40 000 meurtres
à l'âge de 18 ans, d'après une
étude publiée en 1993).
2. Un modèle économique contesté jusqu'au
combat
a. L'influence d'un pesant allié remise en cause
Nombreux sont ceux qui considèrent que la présence
et les alliances militaires et/ou économiques avec les
Etats-Unis sont une forme déguisée
d'impérialisme. Même si la phraséologie est
moins présente que pendant la période d'opposition
entre les deux blocs, la présence américaine est
très marquée dans la plupart des aires
continentales. La présence américaine peut susciter
des actions violentes contre les forces américaines
(attentats au Yémen ou en Somalie). La
« diplomatie du Négoce » mise en
place sous la présidence Clinton est un vecteur de
l'influence américaine en Afrique, en Asie ou en
Europe : les Européens y voient une menace contre
leur survie économique. Le contrôle des ressources
agricoles, minières et industrielles par des
sociétés américaines dans de nombreux pays
(Brésil, NPI d'Asie) entraîne des protestations de
la part d'organisations internationales anti-mondialistes.
b. L'interventionnisme contesté
La position de « gendarme du monde » tenue
par les Etats-Unis depuis l'intervention contre l'Irak
(justifiée par l'invasion du Koweit en 1990-1991), en
Somalie, et les pressions de toutes sortes sur les pays arabes
augmentent le ressentiment contre les Etats-Unis. La tendance
interventionniste américaine (Grenade, Irak, Somalie,
Afghanistan) est à l'origine du durcissement de certaines
positions radicales. L'attaque terroriste du 11 septembre contre
les Twin Towers fut analysée par certains comme la
manifestation (pour ne pas dire la punition) d'une politique
internationale agressive de la part des Etats-Unis dont
l'attitude protectrice (à travers les traités
d'alliances militaires) prend parfois des formes d'une
« diplomatie de la contrainte » (Pakistan,
Egypte, Maroc...).
3. Les oppositions à un modèle culturel dominateur
a. L'organisation de la contestation au modèle
américain
L'organisation d'une défense institutionnelle est
difficile tant les Etats-Unis possèdent des puissants
moyens de pression économique (entreprises,
règlements internationaux...). Pourtant, lors des
négociations de l'Uruguay Round, l'Union européenne
(France en tête) a obtenu la défense d'une
« exception culturelle » excluant
l'audiovisuel de la libéralisation des échanges.
Cette mesure permettait de défendre les industries
culturelles nationales qui ne voulaient pas être
réduites au seul format américain (lui-même
contesté par des organismes indépendants tels que
le festival du film indépendant de Sundance).
b. Les revendications associatives
Les années 1990 ont vu se développer les
contestations contre certaines options américaines
(ex. : céréales aux capacités de
reproduction contrôlées : la
célèbre céréale appelé le
« Terminator » disposant d'un gène
empêchant une seconde germination, systématisation
des OGM dans l'agriculture et l'agroalimentaire). Les
contestations se transforment parfois en oppositions violentes
contre la « mac donaldisation » et
l'uniformisation du monde (manifestations anti-mondialisation,
démontage des restaurants Mc Donald's).
Ces termes dénoncent les éléments ayant
fondé en partie la puissance politique américaine
dans le monde.