L'essentiel
Avec 1,2 milliard d'habitants, la Chine est le premier foyer de
population au monde. Mais cette population est très
inégalement répartie sur le territoire
chinois : 90 % de la population vit à l'est du
pays sur le littoral ou le long des grands fleuves. Vieille
civilisation rizicole, la Chine ne souffre pas de
problème de sous-nutrition. Cependant, la croissance
démographique a été un frein au
développement et notamment à l'enrichissement du
pays. Aussi, le pouvoir politique a mis en place depuis les
années 1960 une politique de limitation des
naissances qui commence à porter ses fruits aujourd'hui.
1. 1,2 milliard de Chinois
a. Le premier foyer de peuplement du monde
Environ 1/5e de l'humanité vit sur un
territoire grand comme l'Europe. Cela en fait le plus important
foyer de population au monde. Il en est ainsi depuis la
révolution néolithique (découverte de
l'agriculture et sédentarisation des populations),
c'est-à-dire depuis plus de 2 000 ans. De plus,
la riziculture est une culture peuplante car l'apport calorique
d'un hectare de riz permet de nourrir une famille entière
pendant une année. On a enfin augmenté les
rendements grâce à l'apparition de
variétés à hauts rendements (deux à
trois récoltes par an dans les provinces du Sud de la
Chine).
L'existence de ce foyer s'explique donc aussi par des facteurs
historiques et techniques.
b. Une répartition inégale
La population chinoise est très inégalement
répartie. Un bref regard porté sur une carte des
densités met en évidence l'existence de deux
Chines. Celle de l'intérieur (10 % de la population
sur 70 % du territoire) est un espace de faibles
densités, de forme extensive de peuplement, de population
rurale, de fronts pionniers. La Chine littorale, pour sa part,
regroupe les grandes agglomérations, voire quelques
conurbations (Beijing-Tianjin par exemple).
L'emploi est un problème majeur en Chine. La croissance
de la population active est énorme (80 millions
d'actifs de plus entre 1990 et 2000). A la recherche
de meilleures conditions de vie, nombre de Chinois quittent la
campagne pour la ville. Cet exode rural massif en
direction des villes de l'est du pays renforce ainsi le
déséquilibre est-ouest.
L'entrée de la Chine dans le processus de la
mondialisation explique ce phénomène : la
littoralisation est à mettre en relation avec le
développement des échanges mondiaux.
c. Les Chinois d'outre-mer
Ces Chinois émigrés sont appelés
Huaqiao. Leur émigration a débuté
dans les années 1840. La motivation de ces
émigrants était d'ordre économique. De
véritables réseaux d'émigration se sont
créés à destination d'autres pays asiatiques
alors colonisés et demandeurs de main-d'œuvre.
90 % des Chinois d'outre-mer se sont installés en
Asie de l'Est ; 30 % des Malaisiens et 12 % des
Thaïlandais sont d'origine chinoise. La plupart des
émigrants étaient originaires de deux provinces
littorales : le Guangdong et le Fujian.
L'émigration vers les pays développés est
marginale. Aux Etats-Unis (en Californie essentiellement),
l'immigration chinoise se développe depuis une trentaine
d'années. Les « Chinatown » sont en
réalité des quartiers où se regroupent des
Asiatiques et non seulement des Chinois.
2. Démographie et développement en Chine
a. Le modèle chinois de développement
En 1949, Mao Zedong engage la Chine dans le communisme.
En 1960, à la suite de la rupture
sino-soviétique, le « Grand
Timonier » veut ériger son propre modèle
de développement : le maoïsme. Toutes les
activités économiques sont planifiées. Le
maoïsme se différencie du modèle
soviétique en ce qu'il encourage le développement
des campagnes dans le cadre territorial et administratif nouveau
des
communes populaires, encadrant la population et
fonctionnant en autarcie. Elles ne furent abolies
qu'en 1985. Au niveau industriel, priorité est
donnée à l'industrie lourde avec transformation sur
les gisements de matières premières ou sur les
sources d'énergie. Cela devait permettre un
rééquilibrage du territoire au profit des
régions intérieures. Mais les crises
provoquées par l'épisode du
Grand Bond en
avant (1958-1961) et de la
Révolution
culturelle (1965-1969) ont anéanti les quelques
progrès permis par le maoïsme.
A la mort de Mao Zedong en 1976, Deng Xiaoping met en
place une nouvelle voie de développement mêlant
planification et méthodes capitalistes. Le plus marquant
est certainement la création de 5 Zones Economiques
Spéciales (ZES) situées sur la côte
sud-est, fonctionnant comme des zones franches. Cela a permis
à la Chine de devenir la première puissance des
PED avec un taux de croissance moyenne annuelle de l'ordre de
9 %. Si le PNB chinois est au 8e rang
mondial, le PNB par habitant est inférieur à
800 dollars. Le poids de la démographie est
considérable au point d'être un frein à
l'enrichissement personnel. Ainsi la Chine n'est qu'au
108e rang mondial en ce qui concerne
l'IDH. Ayant conscience de ce problème, le
gouvernement chinois a décidé de mettre en place
une politique démographique visant à
réduire la natalité afin de limiter la croissance
de la population.
b. L'évolution démographique au
XXe siècle
Le recensement de 1953 fait prendre conscience au
gouvernement chinois du risque de surpeuplement
(excès de population par rapport aux ressources
disponibles). Aussi, dès 1956, met-il en place une
politique de limitation des naissances grâce au recul de
l'âge du mariage, et à l'accès à
l'avortement. Mais son influence se limite aux grandes villes de
l'Est. A partir de 1970, cette politique se renforce et
essaye de limiter le nombre d'enfants à deux par couple.
Malgré cela, la natalité continue d'augmenter ce
qui conduit en 1979 à une radicalisation de la
politique démographique chinoise. Se met alors en place la
politique de l'enfant unique (les couples ayant plus d'enfants
sont sanctionnés [plus d'impôts à payer]...).
Depuis, cette politique s'est assouplie. En 1990, il est
toléré d'avoir deux enfants en milieu rural :
si le modèle de l'enfant unique est répandu en
milieu urbain, il n'en est pas de même dans les
campagnes.
Le bilan de cette politique de maîtrise des naissances est
globalement positif puisque l'Indice Synthétique de
Fécondité, l'ISF, est passé de 7,5
après le Grand Bond en avant (1958-1961) à 2
à peine en 1998. Mais ces moyennes cachent de grosses
disparités régionales : les provinces de
l'Ouest comme le Tibet ont encore un ISF supérieur
à 3. Si la croissance de la population s'est
considérablement ralentie (2,3 % d'accroissement
annuel en 1960 contre 1,2 % en 1990), il n'en
demeure pas moins vrai que la population chinoise continue
à augmenter.