1. Un membre de la triade
Aux côtés du Japon et des Etats-Unis, l’UE est
le troisième pilier de l’oligopole mondial, ou
Triade, autour duquel s’organise une domination politique,
culturelle et économique sur le reste de la
planète. En dépit de – ou grâce
à – sa diversité, l’UE tente de
faire valoir sa puissance dans ces trois domaines tant à
l’intérieur qu’à
l’extérieur de ses échafaudages.
a. La part de l’UE dans l’économie mondiale
Avec 40 % du commerce mondial, l’UE est le premier
pôle d’échanges du monde. Il faut cependant
nuancer un tel chiffre dans la mesure où l’UE ne
compte que pour 16 % des échanges extra-communautaires. Et
si le Japon et les Etats-Unis sont bien ses premier et
deuxième clients et fournisseurs, le reste du monde compte
pour près de 45 % de ses importations et exportations
au bénéfice des aires commerciales de ses
pays-membres : la France en Afrique, le Royaume-Uni dans le
Sud-Est asiatique ou l’Allemagne vers l’Europe
orientale. Avec l’Italie, quatre pays de l’Union
siègent au G8 où l’UE possède un
siège propre, signe d’une certaine reconnaissance
internationale.
b. Un espace protectionniste ?
La grande diversité des espaces et des milieux culturels
des Etats-membres assurent à l’UE des productions
agricoles, industrielles et de services aussi divers que les
Etats-Unis et le Japon. Il reste que ces productions ont
longtemps été peu compétitives de sorte que
l’Union en a soutenu le capital et le fruit. En
dépit des disparités régionales, ce manque
de compétitivité assure aux citoyens
européens une meilleure protection sanitaire et sociale et
la disparition de la PAC serait synonyme de désastre
économique sectoriel dans un espace de production
où subsidiarité et solidarité sont les
piliers du système productif.
Toutefois, la mondialisation de l’économie par les
regroupements d’entreprises (Vivendi Universal) et les
croisements horizontaux et verticaux de tous les secteurs de
l’économie mondiale fragilise aussi la position de
l’Europe, essentiellement face aux Etats-Unis.
2. Une alternative politique et sociale
Le refus partiel de la mondialisation telle que la
conçoivent les Etats-Unis, la réalisation
progressive de la phase politique du traité de Maastricht
et une autre vision du monde plus respectueuse des
intérêts de chacun permettent à l’UE de
proposer un autre schéma de développement.
a. Diplomatie et diffusion d’un modèle politique
La CED constitua la première pierre d’achoppement de
la construction communautaire initiale en 1954. Le passage
de l’économie au politique n’est pas une
étape aisée même si les Etats-membres ont
essayé d’en forger une idée concomitante
dès 1957. En fait, une institution politique
hiérarchiquement supérieure aux gouvernements pose
le problème de l’acceptation de la
supra-nationalité et de l’abandon partiel des
souverainetés nationales. Après la
réunification allemande, l’éclatement de la
Yougoslavie a révélé les difficultés
de l’harmonisation d’une diplomatie
européenne. Depuis 1991 et la reconnaissance
unilatérale des nouvelles républiques croate et
slovène par l’Allemagne, les initiatives
diplomatiques européennes sont rares et lentes voire
inféodées aux décisions de l’OTAN.
Progressivement, l’UE tente d’imposer plus
qu’elle ne diffuse son propre modèle politique
à des pays européens à peine
dégagés de la dictature comme elle le fit pour la
Grèce et le Portugal.
b. L’UE dans le dialogue Nord/Sud
L’action politique la plus évidente de l’UE se
manifeste par l’aide aux pays en voie de
développement de sorte qu’elle est devenue
l’un des interlocuteurs privilégiés du
dialogue Nord/Sud. Là encore prime la diversité des
Etats-membres, parfois anciennes puissances coloniales et
actuellement impliquées dans le développement
régional par la simple présence de territoire sous
contrôle français ou anglais.
Le renouvellement de la convention de Lomé assure aux
pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique le
libre-échange sans droits de douanes ni de
contingentement de la quasi totalité de leurs
productions sur le marché européen sans
obligation de réciprocité. De nombreux autres
accords de coopération ont été
signés avec les PECO et les pays riverains de la
Méditerranée.
L'essentiel
La construction européenne a pour vocation de diffuser
un modèle politique démocratique et de
développer une indépendance économique par
l’instauration d’un marché unique
fondé sur l’union supra-nationale de 27
Etats-membres.