1. Les grands traits de la civilisation occidentale au
XIIe siècle
a. Le morcellement politique et la féodalité
L'Occident couvre un espace qui s'étend du Portugal
à la Pologne. Cet ensemble se caractérise par un
morcellement politique et par des rivalités entre les
Etats et à l'intérieur même des Etats. La
France, malgré les progrès du pouvoir royal, est
encore un agrégat de petites seigneuries (duché
d'Aquitaine, Normandie, Bourgogne). De larges parts de l'Italie
échappent progressivement au pouvoir de l'empereur
germanique ; c'est le cas de puissantes cités comme Venise
ou Naples. Au Sud de l'Italie, le royaume normand a acquis son
indépendance. Enfin, la péninsule ibérique
est morcelée en royaumes distincts, comme la Navarre, la
Castille ou le Portugal.
L'Occident chrétien est un ensemble géographique
marqué par la féodalité. La plupart des
Etats sont dirigés par un souverain, qui domine une
société hiérarchisée, divisée
en trois ordres : ceux qui prient (le clergé),
ceux qui combattent (les nobles chevaliers) et ceux qui
travaillent (les paysans). Ces paysans dépendent
d'un seigneur, possesseur du fief. Le fief est la
terre donnée au vassal par son suzerain,
c'est-à-dire à un seigneur par un seigneur plus
puissant que lui.
b. L'essor économique
L'Occident au XIIe siècle est un espace en
pleine croissance. La production agricole augmente, grâce
à la mise en valeur de nouvelles terres par des
déboisements ou par assèchement des marais. Des
progrès techniques, comme le développement des
moulins, permettent également cet accroissement de la
production. Grâce à cela, les famines se font plus
rares. Les hommes étant mieux nourris, ils vivent plus
vieux. On observe une nette croissance démographique
à cette époque.
Parallèlement, on note un important essor urbain :
les villes italiennes par exemple se développent en raison
de l'accroissement du commerce. Les marchands italiens
contrôlent les relations commerciales avec l'Orient.
L'abondance des capitaux et les progrès de la navigation
permettent l'essor du commerce en Méditerranée.
c. La puissance de l'Eglise
Après des siècles de décadence et de
corruption, l'Eglise achève la réforme qu'elle a
commencée sous le pontificat de Grégoire VII
(1072-1085). Cette réforme grégorienne consiste
à rétablir la discipline au sein du clergé,
et à restaurer l'autorité papale face à
l'empereur germanique. Le pape lutte contre les
hérésies, notamment l'hérésie
cathare, et s'appuie sur le prestige des ordres religieux
(monastères de Cluny et de Cîteaux par exemple). Une
véritable monarchie pontificale voit le jour.
2. L'expansion occidentale en Méditerranée
a. La Reconquista
L'Espagne du XIIe siècle est coupée
en deux. Les Etats du Nord, chrétiens, se lancent à
la reconquête des terres détenues par les Musulmans
du Sud. Il s'agit d'un élément essentiel dans
l'expansion politique et militaire de l'Occident. Sur le long
terme, la poussée chrétienne apparaît
irrésistible, mais sur le moment, elle s'avère
difficile. En 1212 a lieu la victoire chrétienne de
Las Navas de Tolosa, qui marque l'avancée vers le sud.
Enjeu militaire, l'Espagne est également une zone
d'intenses échanges culturels. Ces échanges
permettent la diffusion en Occident des savoirs arabes.
Tolède apparaît ainsi comme un foyer intellectuel
où les Occidentaux viennent apprendre les savoirs arabes
en matière d'astronomie ou de médecine.
b. Les croisades
L'expansion de l'Occident se caractérise surtout par le
mouvement des croisades, lancé par le pape Urbain II
en 1095. Il s'agit de libérer les lieux saints de
Jérusalem, qui sont aux mains des musulmans. Les premiers
croisés sont issus du peuple ; ils sont bientôt
suivis de grands seigneurs, qui parviennent à prendre
Jérusalem en 1099. Le résultat le plus important
des premières croisades est la formation d'Etats latins
d'Orient, en Syrie et en Palestine. Mais les contacts restent
limités entre chrétiens et musulmans.
Les musulmans unissent leurs efforts pour repousser les
croisés. Edesse est reprise en 1144. Les croisades
suivantes ne permettent pas de reconquérir la Terre
sainte. Quant à la quatrième croisade, elle aboutit
au pillage de Constantinople en 1204.
Les croisades ont donc renforcé l'incompréhension
entre les trois civilisations, et ont contribué à
rompre l'unité entre chrétiens occidentaux et
chrétiens orientaux.
c. La domination commerciale
Les Occidentaux dominent le commerce de la
Méditerranée grâce aux marchands italiens.
Intermédiaires entre les mondes chrétien, byzantin
et musulman, ces marchands vénitiens ou génois
fondent leur domination sur des techniques commerciales,
financières et maritimes très
perfectionnées. Les Républiques maritimes
disposent, sur les rives de la Méditerranée,
d'entrepôts où elles chargent leurs navires
d'épices, de soie et de pierres précieuses,
à destination de l'Occident. La République de
Venise domine ce commerce. Elle a tissé des liens
privilégiés avec l'Empire byzantin, ce qui lui
donne des avantages commerciaux considérables. Ces liens
transparaissent dans l'architecture vénitienne, notamment
dans la basilique Saint-Marc, entièrement
décorée de mosaïques.
En Sicile, dans le royaume établi par les Normands,
Palerme apparaît également comme une active ville
commerciale, et un foyer d'échanges culturels intenses
entre les trois civilisations méditerranéennes.
L'essentiel
L'Occident chrétien comprend l'ensemble des pays soumis
à l'autorité du pape. Il s'agit d'un espace
politiquement morcelé et marqué socialement par
la féodalité. L'Occident du XIIe
siècle est en pleine expansion. La reconquête de
l'Espagne musulmane, l'établissement des Normands en
Sicile, la domination commerciale et surtout les croisades sont
l'expression de cette expansion.