1. Une communication directe entre les deux Grands
a. Le téléphone rouge
La crise des missiles de Cuba a révélé les
lacunes de la communication entre les deux superpuissances. A
l’heure où les fusées nucléaires
peuvent potentiellement traverser l’espace entre les deux
territoires en quelques heures, les moyens de communication
diplomatique sont beaucoup trop lents et, en tout état de
cause, ne permettent pas d’avoir le temps nécessaire
à la prise de décision. On estime qu’il faut
une douzaine d’heures pour qu’une lettre remise
à un ambassadeur dans l’une des deux capitales,
américaine ou soviétique, parvienne à son
destinataire. La réponse prenant le même temps, ce
sont vingt-quatre heures qui sont nécessaires pour
établir une communication entre la Maison-Blanche et le
Kremlin. Aussi est-il décidé, en 1963,
l’installation d’un lien fixe de communication entre
Maison-Blanche et Kremlin, sous forme d’un
télétype (transfert de données par frappe
sur un clavier) qui reçoit le surnom de
téléphone rouge.
b. Le temps des rencontres au sommet
Les rencontres directes entre dirigeants constituent une autre
amélioration de la communication.
L’appréciation que Khrouchtchev avait fait de la
personnalité de Kennedy, qu’il jugeait peu
déterminé, a sans doute joué un rôle
dans sa décision de faire installer des rampes de
lancement de missiles nucléaires à Cuba. Avec
l’arrivée au pouvoir de nouveaux hommes, tant du
côté américain que du côté
soviétique, on assiste à une série de
voyages officiels qui permettent aux dirigeants concernés
de prendre la mesure de leur interlocuteur.
Ces nouveaux dirigeants sont d’une part Leonid Brejnev,
d’autre part Richard Nixon. Quoique fortement
représentatif des courants qui les portent au pouvoir,
ils sont en rupture avec la génération
précédente. Ainsi, Brejnev est un pur produit de
la Nomenklatura soviétique et fait figure de
technocrate froid et calculateur à côté des
personnalités impulsives de Staline et de Khrouchtchev.
Côté américain, Richard Nixon est
élu président en 1968. Ancien
vice-président de Eisenhower, il a été
défait lors de l’élection
présidentielle de 1960 par John
F. Kennedy.
Républicain, il montre un anticommunisme moins virulent
que celui d’Eisenhower et affiche une volonté de
pragmatisme. Ce désir est d’autant plus fort que
les Etats-Unis sont, dans les années 1960,
confrontés à une réelle crise
morale : assassinat de Kennedy, engagement militaire au
Vietnam et premiers soubresauts des dérèglements
de la croissance sont autant de motifs pour expliquer cette
crise morale.
2. Le maintien du duopole nucléaire
a. Les premiers pas de la limitation des armements
nucléaires
La crise des missiles de Cuba a fait prendre conscience aux deux
superpuissances du danger de la multiplication et de la
dissémination des armes nucléaires. Sans renoncer
à détenir eux-mêmes l’arme atomique,
les deux Grands s’attachent à en limiter la
prolifération et à réduire les risques de
dérapage. Dès le mois d’août 1963,
Etats-Unis et Union soviétique, suivis par plusieurs
autres pays, signent à Moscou un traité interdisant
les essais nucléaires à l’air libre. Cela ne
laisse plus de place que pour les essais souterrains, beaucoup
plus difficiles à réaliser et donc susceptibles de
limiter la capacité d’acquisition de l’arme
nucléaire par de nombreux pays.
b. La non-prolifération nucléaire
En juillet 1968 est signé le traité de
non-prolifération des armes nucléaires : les
pays détenteurs de l’arme nucléaire
s’engagent à ne pas aider d’autres Etats
à fabriquer ou à acquérir l’arme
nucléaire. La France et la Chine refusent de signer ce
traité.
En novembre 1969 s’ouvrent des négociations
entre les deux superpuissances en vue d’une maîtrise
de la course aux armements.
Ce sont les Strategic Armements Limitation Talks
(négociations sur la limitation des armements
stratégiques) qui débouchent en 1972 sur les
accords SALT 1.
L’essentiel
Le tournant de la crise des missiles de Cuba, en 1962,
fait prendre conscience des risques que présentent des
relations internationales sous la menace nucléaire. Les
deux superpuissances s’attachent alors à
développer un climat de Détente, en
réglant les principaux contentieux nés au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale.