L'approche libérale de la stratification sociale
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P. Sorokin (1927), définit la stratification comme la « différenciation d'une population en classes hiérarchiques superposées ». La distribution inégale des revenus, du prestige et du pouvoir crée des gradations entre couches supérieures et inférieures. Plus le statut social est élevé, plus la probabilité d'accéder aux ressources importantes de la société est forte.
Ce schéma très général implique
déjà une représentation du
social :
- les individus peuvent d'une génération à
l'autre ou au cours d'une même génération
passer d'une couche à l'autre ;
- les strates comportent des degrés et des paliers mais
il n'existe pas de véritable discontinuité, de
rupture entre elles ;
- l'acceptation des principes de division de la
société évite les conflits.
Les trois points détaillant la représentation du social indiqués plus haut sont en phase avec l'idée d'une société fluide où les écarts sociaux sont destinés à s'atténuer sous l'effet de la promotion sociale due aux efforts des individus (les self-made men). La sociologie américaine n'a utilisé que tardivement la notion de classe soit parce qu'elle correspond mal aux réalités observables, soit parce que la valorisation de l'individu y fait obstacle.
Selon T. Parsons (1949), le système des hiérarchies dépend du système de valeurs de la société concernée. Les sociétés archaïques privilégient la stabilité alors que la société aux Etats-Unis valorise la capacité d'adaptation. Cela revient à accorder une grande importance aux activités économiques, et par la suite une place de haut rang dans la hiérarchie sociale aux individus considérés comme efficaces et compétents, au premier rang desquels les chefs d'entreprise.
- l'approche macrosociologique et quantitative
est par exemple celle de R. Nisbet qui rassemble des faits
sur le pouvoir d'achat, le niveau de vie, ou encore la
mobilité sociale pour montrer que les classes sociales
sont en déclin ;
- l'approche microsociologique et qualitative
privilégie les études de terrain. C'est celle de
l'école de Chicago et de F. Lloyd Warner qui lance une
grande enquête sur la stratification dans une
communauté urbaine lors des années 1930. La
nécessité d'une connivence avec le terrain
observé apparaît lorsqu'il définit les
classes comme un groupe dans lequel chacun a accès
à l'intimité de l'autre. L'interaction entre les
membres de ce groupe passe par des activités informelles
comme la danse ou le thé et cela constitue la structure
des classes sociales.
Cette méthode a le double intérêt de permettre la prise en compte d'une multiplicité de critères de stratification et de placer l'évaluation des hiérarchies à l'intérieur d'un contexte précis. Le modèle de Warner est devenu classique, il distingue trois classes (inférieure, moyenne, supérieure), elles-mêmes subdivisées en supérieur et inférieur, ce qui donne au total six classes allant de l'inférieur-inférieur au supérieur-supérieur.
La sociologie américaine a présenté une analyse de la société en strates hiérarchisées correspondant assez bien aux faits observés sur le terrain. Toutefois, si la démarche empirique met bien en évidence l'existence d'inégalités et de différences, elle tend à ignorer les ruptures et conflits entre les groupes sociaux et ne propose pas d'explication quant à l'origine des clivages repérés par les enquêtes.
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