A long terme, l'industrialisation a transformé dans le
même sens toutes les sociétés qu'elle a
touchées. Les vieilles sociétés à
dominante agraire laissent plus ou moins rapidement la place
à des sociétés industrielles et
tertiaires ; le témoignage le plus évident
étant bien sûr la diminution de la population active
agricole.
Les transformations toucheront la société dans son
intégralité, les modes de vie, le fonctionnement
politique et l'organisation de la solidarité sociale vont
être ainsi profondément bouleversés.
1. Les modes de vie dans une société industrielle
a. La civilisation du travail
Avec l'industrialisation, ce sont toutes les structures de la
société qui se modifient. La part du secteur
primaire s'amoindrit grâce à l'augmentation de la
productivité dans ce secteur, le secteur secondaire se
développe et avec lui le salariat. Le
salariat permet, avec l'avènement du contrat de
travail, d'assurer une certaine
sécurité et stabilité qui
va pouvoir conduire à la mise en place d'une ère de
la consommation de masse. Cette consommation de
masse dans tous les domaines, développée aux
Etats-Unis dans les années 1920 et en Europe après
la Seconde Guerre mondiale, a réduit l'autoproduction aux
seuls travaux domestiques. La vie quotidienne est partout
associée à des objets de consommation durable, en
premier lieu l'électroménager et l'automobile,
laquelle transforme concrètement le cadre de vie.
b. ... et du loisir
La réduction du temps de travail
(qui avoisinne en Europe aujourd'hui 1 600 heures
annuelles), l'augmentation continue du taux d'équipement
(notamment électroménager) ont permis le
développement d'une civilisation des
loisirs. En effet, le rapport au temps s'est
profondément modifié, et l'augmentation du
pouvoir d'achat a accompagné le
développement du secteur tertiaire.
Conformément à la loi d'Engel,
lorsque le revenu d'un individu augmente, la part de ce revenu
consacrée aux dépenses de santé et de loisir
augmente aux dépens de celle consacrée aux
dépenses primaires.
L'industrialisation modifie donc en profondeur les structures des
sociétés modernes.
2. L'industrialisation modifie les structures des
sociétés modernes
a. L'organisation des solidarités sociales
L'immense majorité des travailleurs ne connaissaient ni
les indemnités chômage, ni la retraite, ni la prise
en charge des soins à la fin du siècle dernier.
Malheur à celui qui tombait durablement malade ou
était victime d'un accident : faute de secours
familial, notamment dans les villes, la misère
était le plus souvent inévitable. La mise
en place d'un système de protection
sociale est liée au rythme de croissance du
salariat ; elle correspond à un souci de
cohésion sociale des gouvernements et à
une volonté du patronat de disposer d'une main
d'œuvre stable.
b. L'exercice de la démocratie
Dans les sociétés anciennes, l'ordre des choses
était voulu par Dieu. Avec la
modernité, l'homme s'est placé au centre
du monde. Toute l'histoire de la démocratie moderne va
donc consister à gérer, avec plus ou moins de
succès, cette tension entre l'affirmation
-révolutionnaire à l'échelle de
l'humanité- de l'égalité politique
des hommes dans un monde où la
réalité sociologique produite par le système
économique se traduit par de profondes
inégalités économiques et
culturelles.
L'essentiel
La généralisation du salariat et l'urbanisation
massive, la régression des anciennes formes de
contrôle social, l'émancipation des femmes, la
mondialisation nous obligent à repenser la
société. Ce sont alors tous les fondements de la
société qui s'en trouvent modifiés, les
formes de solidarité ou le fonctionnement politique
lui-même.