Idéal démocratique et mobilité sociale
1. Les principes d'une mobilité sociale
idéale
a. Justice et égalité
Pour Tocqueville (De la démocratie en
Amérique, 1835), la démocratie permet
l'égalité des conditions. Cela
désigne deux phénomènes.
L'aspiration à des rapports sociaux
égalitaires de la part de la population
(la « passion pour
l'égalité ») se traduit ainsi
par la possibilité pour chacun d'accéder
à n'importe quel statut social, quelle que soit
son origine. Cela suppose alors une
égalité de droit et de
fait, permettant qu'un nombre croissant de
personnes se rassemble dans une classe moyenne aux
conditions d'existence comparables.
Cet idéal de justice sociale se traduit plutôt aujourd'hui par le concept d'équité sociale : les personnes ayant le même talent doivent pouvoir accéder à des positions sociales identiques ; et pour cela, certains membres moins avantagés de la société peuvent être traités différemment et aidés, pourvu que cela soit à leur bénéfice, et au bénéfice de la collectivité toute entière.
Cet idéal de justice sociale se traduit plutôt aujourd'hui par le concept d'équité sociale : les personnes ayant le même talent doivent pouvoir accéder à des positions sociales identiques ; et pour cela, certains membres moins avantagés de la société peuvent être traités différemment et aidés, pourvu que cela soit à leur bénéfice, et au bénéfice de la collectivité toute entière.
b. Les idéaux de la mobilité sociale
Les principes d'égalité et
d'équité dans les démocraties
supposent une mobilité sociale
parfaite : chaque individu doit avoir la
possibilité d'exercer une activité
correspondant à ses capacités, sans subir
le poids de son origine sociale. Pour parvenir à
cet état idéal,
trois hypothèses doivent être
remplies.
Tout d'abord, la société doit limiter les différences de statut, en contrecarrant les mécanismes de classement social. Il s'agit par exemple de restreindre le nombre de niveaux hiérarchiques possibles.
Ensuite, la société doit être fluide, c'est-à-dire avec une mobilité élevée entre les différentes générations et à l'intérieur même d'une génération, et non ressembler à une société de castes immuables.
Enfin, la société doit reconnaître le mérite de chacun, indépendamment de sa naissance. Un vrai système méritocratique doit notamment éclore à l'école, de façon objective, et non servir d'alibi pour justifier des différences sociales préexistantes.
Tout d'abord, la société doit limiter les différences de statut, en contrecarrant les mécanismes de classement social. Il s'agit par exemple de restreindre le nombre de niveaux hiérarchiques possibles.
Ensuite, la société doit être fluide, c'est-à-dire avec une mobilité élevée entre les différentes générations et à l'intérieur même d'une génération, et non ressembler à une société de castes immuables.
Enfin, la société doit reconnaître le mérite de chacun, indépendamment de sa naissance. Un vrai système méritocratique doit notamment éclore à l'école, de façon objective, et non servir d'alibi pour justifier des différences sociales préexistantes.
2. La mobilité à l'épreuve des
faits
a. La pesanteur sociale
Dans la réalité, la mobilité sociale
est cependant assez faible. La reproduction sociale est
une observation ancienne : l'inégalité
des chances s'observe dès l'école, puis se
manifeste dans les tables de mobilité
intergénérationnelles. L'ascension
sociale est souvent limitée à une
mobilité de proximité. La
réussite de celui qui n'est parti de rien reste
souvent l'exception. À cela s'ajoutent les
logiques inégalitaires souhaitées par
certains groupes eux-mêmes qui désirent
conserver leur statut élevé.
Ainsi, qu'il s'agisse d'une « noblesse d'Etat », d'une élite aristocratique bourgeoise ou d'une élite entrepreneuriale, le projet est toujours de se distinguer, par des capitaux spécifiques (culturels, sociaux ou économiques). Cette distinction permet de maintenir des écarts sociaux importants.
Ainsi, qu'il s'agisse d'une « noblesse d'Etat », d'une élite aristocratique bourgeoise ou d'une élite entrepreneuriale, le projet est toujours de se distinguer, par des capitaux spécifiques (culturels, sociaux ou économiques). Cette distinction permet de maintenir des écarts sociaux importants.
b. Le rôle des pouvoirs publics
Dès lors, la logique de la justice sociale
redistributive nécessite l'intervention de
l'État, pour corriger ces
déterminismes sociaux. En particulier, tant qu'il
existe une amélioration de la mobilité
sociale, l'État peut avantager les uns, voire
désavantager les autres, par des politiques
spécifiques. L'État est donc dans son
rôle lorsqu'il pratique des discriminations
positives. Ces discriminations consistent
à avantager certaines personnes plus
démunies, pour leur permettre d'accéder
à de meilleures positions sociales conformes
à leurs capacités réelles.
Aux États-Unis, cette discrimination prend la forme de l'affirmative action, favorisant l'accès des minorités noires ou latinos à certains postes dans l'administration publique. En France, l'idéal égalitaire s'oppose pour l'instant à toute forme de discrimination. Cependant, la situation est sans doute en train d'évoluer, comme en témoigne la récente décision de Sciences-Po d'intégrer sans concours quelques très bons élèves repérés dans des lycées des banlieues de la capitale. Sans cette décision, il est probable que ces élèves n'auraient même pas eu l'idée de postuler à cette école prestigieuse, et n'auraient pas connu une telle ascension.
Aux États-Unis, cette discrimination prend la forme de l'affirmative action, favorisant l'accès des minorités noires ou latinos à certains postes dans l'administration publique. En France, l'idéal égalitaire s'oppose pour l'instant à toute forme de discrimination. Cependant, la situation est sans doute en train d'évoluer, comme en témoigne la récente décision de Sciences-Po d'intégrer sans concours quelques très bons élèves repérés dans des lycées des banlieues de la capitale. Sans cette décision, il est probable que ces élèves n'auraient même pas eu l'idée de postuler à cette école prestigieuse, et n'auraient pas connu une telle ascension.
L'essentiel
L'idéal démocratique égalitaire prescrit
une mobilité sociale parfaite, par bien des aspects
utopiques. C'est donc à la puissance publique de
garantir l'égalité et l'équité
d'accès aux différentes positions sociales,
éventuellement en organisant des discriminations
positives.


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