1. La naissance d'un mouvement ouvrier
a. Une organisation progressive des revendications
ouvrières
La première révolte ouvrière est
violente : c'est la destruction des machines (luddisme). Les
ouvriers n'ont, au début du siècle, ni le droit de
grève, ni le droit de se syndiquer. Ils mettent alors en
place des sociétés d'entraide. Progressivement, le
droit syndical est acquis : en Grande-Bretagne, plus
libérale, puis dans le reste de l'Europe (France
en 1864). A partir de la fin du siècle, ces syndicats
se regroupent dans des unions ou centrales syndicales comme la
Confédération Générale du Travail
(1895) en France. Ces mouvements sont divisés sur la
stratégie à suivre (grève
générale, avec ou sans occupation d'usine) et sur
leurs liens avec les partis socialistes.
b. L'obtention de droits
Les ouvriers gagnent des droits politiques comme le droit de
vote, qui pousse les ouvriers à s'allier avec la moyenne
bourgeoisie, ou le droit de se syndiquer et de faire grève
(1884 en France). L'obtention de certains droits répond
aussi au besoin de s'assurer contre les aléas de la vie
industrielle (accidents, invalidité, décès,
vieillesse) et de protéger les plus fragiles (femmes et
enfants). Une série de mesures sont prises par les Etats,
sous la pression de l'opinion publique et des syndicats. On
évoque même la naissance d'un Etat providence (qui
régule les inégalités sociales). En
Allemagne par exemple, un système d'allocations est mis en
place sous Bismarck (années 1880).
2. Des théories critiquent la société
industrielle et le libéralisme
a. Les théories traditionalistes
Certains intellectuels souhaitent le retour à une
société rurale d'Ancien Régime et à
un Etat de monarchie absolue, et rejettent la Révolution
française et ses principes. L'Eglise catholique rejoint
pendant presque tout le XIXe siècle ce
mouvement de rejet du monde moderne. Ce n'est qu'en 1893 que
cette institution accepte l'industrialisation et se propose
d'aider les ouvriers (Léon XIII), en suivant les
chrétiens sociaux comme Lamennais.
b. Les socialismes
Les socialismes « utopiques » du
début du siècle proposent une vie communautaire
idyllique (Fourier, Owen), ou une intervention de l'Etat pour
aider les plus pauvres (ateliers sociaux de Louis Blanc).
En 1848, Le Manifeste du parti communiste de Marx
et Engels, propose une analyse nouvelle : le
prolétariat exploité et la bourgeoisie s'affrontent
dans une impitoyable lutte des classes, qui entraînera une
révolution mondiale. Celle-ci permettra la naissance d'un
Etat socialiste qui contrôlera tous les moyens de
production, dans une marche vers le communisme. Ce manifeste
condamne donc la bourgeoisie, mais aussi ses valeurs politiques
(la démocratie, le libéralisme).
Cette tendance révolutionnaire est critiquée par
les socialistes réformistes (Jean Jaurès en
France) qui désirent transformer de l'intérieur les
démocraties imparfaites, en participant aux
gouvernements.
Opposés à la fois au libéralisme et à
la société industrielle, mais aussi aux
socialismes, les anarchistes (Bakounine, Proudhon)
revendiquent une propagande par le fait (attentats) et un monde
sans Etat ni autorité (qu'elle soit religieuse, scolaire,
militaire ou étatique).
L'essentiel
La société industrielle est dominée par la
bourgeoisie qui contrôle les moyens de production et les
ouvriers, et par l'idéologie libérale. Cette
situation est dénoncée par de nombreux
théoriciens politiques, qui regrettent le passé
ou souhaitent un monde plus juste, mais aussi par les ouvriers
eux-mêmes.