Durkheim : les prolongements contemporains
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1. Le débat sur le rôle intégrateur du
travail
a. Travail parcellisé, chômage et identité
malmenée
L'OST (Organisation scientifique du travail) a imposé un
travail posté déqualifiant. Il se traduit par un
travail en miettes peu motivant, qui n'est plus
générateur de liens sociaux. La faiblesse
des solidarités de travail n'est plus à
démontrer aujourd'hui : les syndicats sont
divisés et en déclin, les réseaux de soutien
mutuel ont été remplacés par une prise en
charge publique et par la Sécurité sociale, et il
n'existe plus guère de communauté de travail hors
de l'entreprise. La division du travail n'est donc pas
véritablement à l'origine d'une solidarité
plus forte entre les membres de la communauté, au
contraire de ce qu'affirmait Durkheim.
Ensuite, les sociologues constatent que le travail forge moins les identités sociales qu'autrefois : les individus se réfèrent désormais avant tout à l'univers familial, à des pratiques culturelles ou de loisirs, ou encore à leur niveau de formation ou de diplôme initial.
Ensuite, les sociologues constatent que le travail forge moins les identités sociales qu'autrefois : les individus se réfèrent désormais avant tout à l'univers familial, à des pratiques culturelles ou de loisirs, ou encore à leur niveau de formation ou de diplôme initial.
b. Le travail, « une valeur en voie de
disparition » ?
Cela incite à s'interroger sur l'avenir du travail en tant
que valeur. En rebondissant sur les débats concernant une
éventuelle fin du travail
(J. Rifkin, A. Gorz), D. Méda propose une
présentation originale dans son ouvrage Le Travail,
une valeur en voie de disparition. Le travail serait moins
intégrateur car la valeur travail est en discussion
actuellement. Pour l'auteur, le travail est devenu par accident
le moyen essentiel de l'intégration et de la
réalisation de soi. Mais historiquement, c'est un
événement récent, qui tient à l'essor
de la première révolution industrielle. Pour
l'heure, le travail, parce qu'il n'est plus disponible dans les
mêmes quantités qu'autrefois, ne serait plus le
principal moyen de créer du lien social. Il s'agit donc
d'une valeur en voie d'extinction.
2. Le débat sur l'existence d'une solidarité
organique
a. Le risque de désaffiliation sociale
A cela s'ajoute sans doute la pression du
chômage, générateur d'anomie. Les
auteurs de l'enquête sur Les Chômeurs de
Marienthal (dont P. Lazarsfeld) ont déjà
montré que le chômage et la
pauvreté distendent les liens sociaux. Deux
symptômes sont repérables : la perte de
statut entraîne un déficit de
considération, la perte de revenu
entraîne une entrée dans la
précarité. Rappelons que la
précarité désigne la situation fragile qui
conjugue instabilité du travail (petit boulot,
mi-temps...) et difficulté financière.
S. Paugam (La Disqualification sociale, 1991), et R. Castel (Les Métamorphoses de la question sociale, 1995) indiquent alors les mécanismes qui conduisent à une désaffiliation sociale : la précarité se transforme en pauvreté, pauvreté qui conduit à l'exclusion doublée d'une stigmatisation sociale.
R. Castel reprend alors le terme de population surnuméraire (les « inutiles au monde »), pour qualifier les exclus modernes. Ce terme témoigne à la fois du regard posé sur les exclus, et de la faible estime qu'ils se portent eux-mêmes.
S. Paugam (La Disqualification sociale, 1991), et R. Castel (Les Métamorphoses de la question sociale, 1995) indiquent alors les mécanismes qui conduisent à une désaffiliation sociale : la précarité se transforme en pauvreté, pauvreté qui conduit à l'exclusion doublée d'une stigmatisation sociale.
R. Castel reprend alors le terme de population surnuméraire (les « inutiles au monde »), pour qualifier les exclus modernes. Ce terme témoigne à la fois du regard posé sur les exclus, et de la faible estime qu'ils se portent eux-mêmes.
b. Le développement de nouvelles formes de
solidarité
Face à ce constat pessimiste, il faut néanmoins
remarquer le développement de nouvelles formes de
solidarités, moins fondées sur des relations
économiques que sur des proximités culturelles.
Ainsi, nous serions entrés dans le « temps des
tribus » (M. Maffesoli), marqué par une
forte amitié entre individus au même style de vie et
de même classe d'âge (par exemples les
ravers). L'importance des sentiments et de
l'émotion au sein de ses tribus favoriserait une
nouvelle forme de solidarité
mécanique. Ce nouveau tribalisme est cependant
souvent éphémère, les individus
n'étant que de passage dans la tribu.
Ajoutons à cela la permanence des logiques de dons gratuits identifiées par M. Mauss, qui permettent de tisser et de maintenir les liens sociaux. Ainsi, de nouveaux réseaux de solidarité sont apparus dans les années 1980, comme les SEL, ces Systèmes d'échanges locaux chargés de mettre à la disposition du groupe les compétences de chacun (par exemple, on peut y échanger des cours de SES contre de la plomberie).
Ajoutons à cela la permanence des logiques de dons gratuits identifiées par M. Mauss, qui permettent de tisser et de maintenir les liens sociaux. Ainsi, de nouveaux réseaux de solidarité sont apparus dans les années 1980, comme les SEL, ces Systèmes d'échanges locaux chargés de mettre à la disposition du groupe les compétences de chacun (par exemple, on peut y échanger des cours de SES contre de la plomberie).
L'essentiel
Une division du travail poussée à l'extrême et des difficultés économiques ont compromis l'idée d'un travail comme fondement du lien social. De nombreuses analyses récentes soulignent aussi un fort risque de marginalisation d'une population de plus en plus exclue de la sphère économique. E. Durkheim avait déjà montré que les contraintes d'une division mal acceptée du travail conduisaient à l'anomie. Cependant, de nouvelles formes de solidarité se sont développées en parallèle.
Une division du travail poussée à l'extrême et des difficultés économiques ont compromis l'idée d'un travail comme fondement du lien social. De nombreuses analyses récentes soulignent aussi un fort risque de marginalisation d'une population de plus en plus exclue de la sphère économique. E. Durkheim avait déjà montré que les contraintes d'une division mal acceptée du travail conduisaient à l'anomie. Cependant, de nouvelles formes de solidarité se sont développées en parallèle.
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