De la crise des subprimes à celle des dettes publiques
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Objectif :
La crise économique actuelle a débuté en
2008 aux États-Unis ; comment est-elle devenue une
crise mondiale touchant la dette des États
européens ?
1. La crise financière
a. La crise des subprimes américaine
Durant les années
2000, de nombreux américains aux
revenus faibles accèdent à la
propriété grâce aux subprimes
(prêts hypothécaires). Certains
organismes de crédit acceptent de leur
prêter de fortes sommes avec des taux
d’intérêts variables. Ces taux sont
intéressants car ils sont très faibles au
début et permettent un remboursement
progressif, mais ils montent rapidement car ils
intègrent une prime de risque très
élevée. De nombreux ménages pauvres
se laissent tenter et s’endettent au-delà du
raisonnable (les ménages pouvaient emprunter
jusqu’à 110% du montant du bien).
Pour les organismes de crédit, l’opération semblait peu risquée ; en effet, en cas de défaut de paiement, elles pouvaient saisir le bien immobilier et le revendre avec une plus-value du fait de la bulle spéculative créée sur ce marché.
Cependant, ce raisonnement ne peut pas fonctionner si de nombreux ménages sont dans l'incapacité de rembourser leurs crédits. Le nombre de maisons en vente a considérablement augmenté, entraînant ainsi une chute des prix. Les organismes de crédit se sont donc retrouvés eux aussi dans une situation financière délicate.
Pour les organismes de crédit, l’opération semblait peu risquée ; en effet, en cas de défaut de paiement, elles pouvaient saisir le bien immobilier et le revendre avec une plus-value du fait de la bulle spéculative créée sur ce marché.
Cependant, ce raisonnement ne peut pas fonctionner si de nombreux ménages sont dans l'incapacité de rembourser leurs crédits. Le nombre de maisons en vente a considérablement augmenté, entraînant ainsi une chute des prix. Les organismes de crédit se sont donc retrouvés eux aussi dans une situation financière délicate.
b. Une crise financière mondiale
Cette crise américaine va contaminer tous les
marchés financiers du monde, à cause de la
titrisation des créances. Pour se
refinancer ou éliminer une partie du risque
liée à ces subprimes, les organismes
de crédit américains ont transformé
leurs créances en titres négociables
sur les marchés financiers (notamment les CDO :
Collateralised Debt Obligation). Ces titres sont
des portefeuilles de valeurs diverses et les
créances sur les subprimes peuvent donc
être « cachées » parmi des
titres moins risqués mais apporter une
rémunération intéressante pour les
investisseurs. Ces titres se sont donc vendus sur les
marchés financiers du monde entier, en particulier
dans des fonds d’investissements
gérés par des banques.
Lorsque la crise éclate en 2007 aux États-Unis, la suspicion gagne les marchés financiers et les investisseurs veulent massivement vendre leurs titres douteux (sans savoir s’ils le sont réellement). Cela va donc entraîner une chute de la valeur de l’ensemble des titres sur les places boursières. En 2008 par exemple, les bourses européennes vont voir leurs titres perdre en moyenne 40% de leur valeur.
De plus, les banques doivent établir un bilan avec les nombreux titres douteux qui ne valent plus rien sur les marchés. Elles ne peuvent donc plus les vendre ni s’en servir pour se refinancer. Les pertes sont colossales pour certaines banques, dont la faillite est inévitable (Lehman Brothers).
Lorsque la crise éclate en 2007 aux États-Unis, la suspicion gagne les marchés financiers et les investisseurs veulent massivement vendre leurs titres douteux (sans savoir s’ils le sont réellement). Cela va donc entraîner une chute de la valeur de l’ensemble des titres sur les places boursières. En 2008 par exemple, les bourses européennes vont voir leurs titres perdre en moyenne 40% de leur valeur.
De plus, les banques doivent établir un bilan avec les nombreux titres douteux qui ne valent plus rien sur les marchés. Elles ne peuvent donc plus les vendre ni s’en servir pour se refinancer. Les pertes sont colossales pour certaines banques, dont la faillite est inévitable (Lehman Brothers).
2. Une crise économique et une crise de la dette
publique
a. L'intervention musclée des États
pour contrer la crise
Dès 2007, le
gouvernement américain change les lois sur le
crédit pour mieux l’encadrer et
supprimer ses dérives. Devant les
difficultés des banques et des divers organismes
de crédit, le gouvernement américain prend
la décision de les refinancer pour éviter
leur faillite (par exemple « Freddie
Mac » et « Fanny Mae »
qui sont des organismes d’assurances sur les
crédits).
En Europe, de nombreuses banques sont en difficulté et vont être sauvées par les fonds publics (Dexia, Fortis). L’État va leur permettre de se refinancer à moindre coût auprès de la banque centrale et va créer un fonds de secours d’urgence. En Angleterre, un plan de recapitalisation publique des banques aboutit à la nationalisation partielle de certaines d’entre elles (comme la Barclays). Ce mouvement s’étend aussi aux assurances (AIG).
L’intervention des États a beaucoup été critiquée vis-à-vis des montants mis en jeu, mais il ne pouvait pas en être autrement. Si les banques ne peuvent plus se refinancer en vendant leurs titres ou en s’endettant à des taux d’intérêts faibles sur le marché monétaire, elles n’accordent plus de crédits. Cette contraction du crédit est néfaste aux investissements et à la consommation, entraînant donc une forte récession.
De plus, une crise financière de cette ampleur fait courir un risque de système. En effet, tout le système monétaire est basé sur la confiance dans la monnaie. Cette monnaie est aujourd’hui largement scripturale : si les ménages n’ont plus confiance dans le système et qu’ils veulent « récupérer leur argent », cela aboutit à une impasse. Cette situation de défiance vis-à-vis de la monnaie paralyserait les échanges et entraînerait la faillite des établissements bancaires et du système monétaire en général.
En Europe, de nombreuses banques sont en difficulté et vont être sauvées par les fonds publics (Dexia, Fortis). L’État va leur permettre de se refinancer à moindre coût auprès de la banque centrale et va créer un fonds de secours d’urgence. En Angleterre, un plan de recapitalisation publique des banques aboutit à la nationalisation partielle de certaines d’entre elles (comme la Barclays). Ce mouvement s’étend aussi aux assurances (AIG).
L’intervention des États a beaucoup été critiquée vis-à-vis des montants mis en jeu, mais il ne pouvait pas en être autrement. Si les banques ne peuvent plus se refinancer en vendant leurs titres ou en s’endettant à des taux d’intérêts faibles sur le marché monétaire, elles n’accordent plus de crédits. Cette contraction du crédit est néfaste aux investissements et à la consommation, entraînant donc une forte récession.
De plus, une crise financière de cette ampleur fait courir un risque de système. En effet, tout le système monétaire est basé sur la confiance dans la monnaie. Cette monnaie est aujourd’hui largement scripturale : si les ménages n’ont plus confiance dans le système et qu’ils veulent « récupérer leur argent », cela aboutit à une impasse. Cette situation de défiance vis-à-vis de la monnaie paralyserait les échanges et entraînerait la faillite des établissements bancaires et du système monétaire en général.
b. Une crise qui coûte cher
La crise bancaire est aujourd’hui terminée,
les établissements de crédit ont
rétabli leurs profits et se sont
consolidés. Une réforme du
système financier reste cependant à
l’étude, notamment pour séparer les
banques de dépôt et d’affaires et
ainsi sécuriser les dépôts des
ménages et le crédit aux particuliers (ce
qui a été fait en partie aux
États-Unis). Une meilleure surveillance des
produits financiers et des échanges (vers les
« paradis fiscaux ») a également
été mise en chantier. La France milite
aussi pour l’introduction d’une taxe (dite
taxe « Tobin ») visant les échanges
financiers pour les réduire et les faire
contribuer à leurs « dégâts
» (hausse du chômage, de la dette des
États, etc.).
Cependant, l’intervention massive des États pour sauver leurs établissements financiers et faire face aux conséquences de la crise a fortement accru leur endettement. Des pays déjà fragiles de ce point de vue (comme la Grèce ou le Portugal) se retrouvent endettés bien au delà de la valeur de leur PIB. Or, pour financer leur dette, les États ont besoin de vendre des titres (les bons du Trésor en France) sur les marchés financiers. Si les investisseurs n’ont plus confiance, ils n’accepteront d’acheter ces titres que contre des taux d’intérêts très élevés, ce qui va accroître l’endettement des États et les empêcher de faire d’autres dépenses.
En 2010, les taux d’intérêts sur les emprunts d’État ont explosé pour des pays comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande. Cette situation a mis la Grèce au bord de la faillite publique (impossible pour le pays de rembourser ses dettes). Une partie de la dette grecque est détenue par des banques européennes, ce qui les a replongées dans les difficultés face à un défaut de paiement probable. Les États européens ont donc créé un fonds financier qui permet aux pays en difficulté de faire face à leur financement immédiat, mais la crise de la dette menace désormais des pays comme l’Espagne ou l’Italie pour lesquels le fonds serait inefficace face aux montants à mobiliser pour les sauver.
Cette crise de défiance vis-à-vis de la dette des États est alimentée par les agences de notation (comme Standard and Poor’s) qui évaluent le risque des placements financiers. Une dégradation de la note de la dette de certains États conduit donc les investisseurs à réclamer des taux d’intérêts plus élevés (la note maximale étant le « AAA »). En janvier 2012, la France perd son triple A ainsi que 9 autres pays européens.
Cependant, l’intervention massive des États pour sauver leurs établissements financiers et faire face aux conséquences de la crise a fortement accru leur endettement. Des pays déjà fragiles de ce point de vue (comme la Grèce ou le Portugal) se retrouvent endettés bien au delà de la valeur de leur PIB. Or, pour financer leur dette, les États ont besoin de vendre des titres (les bons du Trésor en France) sur les marchés financiers. Si les investisseurs n’ont plus confiance, ils n’accepteront d’acheter ces titres que contre des taux d’intérêts très élevés, ce qui va accroître l’endettement des États et les empêcher de faire d’autres dépenses.
En 2010, les taux d’intérêts sur les emprunts d’État ont explosé pour des pays comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande. Cette situation a mis la Grèce au bord de la faillite publique (impossible pour le pays de rembourser ses dettes). Une partie de la dette grecque est détenue par des banques européennes, ce qui les a replongées dans les difficultés face à un défaut de paiement probable. Les États européens ont donc créé un fonds financier qui permet aux pays en difficulté de faire face à leur financement immédiat, mais la crise de la dette menace désormais des pays comme l’Espagne ou l’Italie pour lesquels le fonds serait inefficace face aux montants à mobiliser pour les sauver.
Cette crise de défiance vis-à-vis de la dette des États est alimentée par les agences de notation (comme Standard and Poor’s) qui évaluent le risque des placements financiers. Une dégradation de la note de la dette de certains États conduit donc les investisseurs à réclamer des taux d’intérêts plus élevés (la note maximale étant le « AAA »). En janvier 2012, la France perd son triple A ainsi que 9 autres pays européens.
L'essentiel
La crise financière mondiale provient d'un
défaut de paiement des crédits des
ménages américains les plus pauvres. Cette
crise s’est étendue à cause de la
titrisation des créances, plongeant les bourses
et les banques mondiales dans la tempête. Les
États ont été dans l'obligation de
dépenser beaucoup d’argent pour faire face aux
conséquences financières et économiques
de cette crise, ce qui a accru leur endettement et les a
plongés dans une récession durable.
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