Croissance et inégalités
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Les relations entre croissance et inégalités
ne sont pas univoques, c'est-à-dire qu'il ne s'agit
pas seulement de voir les effets de la croissance sur les
inégalités (réduction ou accroissement des
inégalités ?) mais aussi de se demander quels
sont les effets des inégalités sur la
croissance (stimulant ou frein à la
croissance ?).
On a longtemps cru dans les démocraties occidentales que produire plus rimerait avec diminution, voire disparition, des inégalités. Pourtant on voit bien aujourd'hui que le formidable essor économique des pays occidentaux après la Seconde Guerre mondiale a déçu cette attente. Et le ralentissement de la croissance depuis 1980 creuse à nouveau des écarts qui n'avaient jamais été si réduits que cela. Il faut donc comprendre quels sont les liens qui unissent la croissance et les inégalités.
On a longtemps cru dans les démocraties occidentales que produire plus rimerait avec diminution, voire disparition, des inégalités. Pourtant on voit bien aujourd'hui que le formidable essor économique des pays occidentaux après la Seconde Guerre mondiale a déçu cette attente. Et le ralentissement de la croissance depuis 1980 creuse à nouveau des écarts qui n'avaient jamais été si réduits que cela. Il faut donc comprendre quels sont les liens qui unissent la croissance et les inégalités.
1. Les effets de la croissance sur les inégalités
a. La croissance peut accroître les
inégalités
Les mécanismes de la croissance encouragent le cumul des
inégalités : un des fondements de la
croissance est l'accroissement de la
productivité. Aujourd'hui, pour accroître
la productivité, les entreprises recherchent surtout de la
main-d'œuvre qualifiée. Comme l'emploi augmente peu
entre 1980 et la fin du siècle, les travailleurs non
qualifiés ne vont pas trouver d'emploi et à
l'inégalité de qualification va
s'ajouter une inégalité massive face au
chômage. Or on sait que le chômage est la
source de nombreuses autres inégalités.
On peut citer un autre exemple qui montre comment la croissance favorise le cumul des inégalités : le travailleur d'une branche moderne en croissance rapide va bénéficier d'un salaire plus élevé qu'un travailleur d'une branche en déclin. Grâce à ce salaire élevé, il va pouvoir se constituer un patrimoine (par exemple acheter son logement), ce qui va encore accroître les inégalités.
On voit donc que la croissance s'accompagne d'inégalités, qui spontanément n'ont pas de raison de s'atténuer.
On peut citer un autre exemple qui montre comment la croissance favorise le cumul des inégalités : le travailleur d'une branche moderne en croissance rapide va bénéficier d'un salaire plus élevé qu'un travailleur d'une branche en déclin. Grâce à ce salaire élevé, il va pouvoir se constituer un patrimoine (par exemple acheter son logement), ce qui va encore accroître les inégalités.
On voit donc que la croissance s'accompagne d'inégalités, qui spontanément n'ont pas de raison de s'atténuer.
b. La croissance peut permettre aussi de réduire les
inégalités
En effet, la croissance, c'est la croissance des richesses
produites. On peut donc agir sur la répartition de
ces richesses.
D'une part, la répartition, qualifiée de « primaire », entre les apporteurs de capital et ceux de travail, peut être modifiée par la politique de redistribution. L'Etat va chercher à réduire les inégalités économiques en procédant à des prélèvements sur les revenus et/ou les patrimoines les plus élevés et en distribuant ces montants prélevés aux plus démunis. Dans ce cas, l'écart entre les plus hauts et les plus bas revenus va se réduire.
On peut certes penser que cette redistribution peut être décidée dans n'importe quel contexte. Mais il faut bien dire qu'elle est plus facile à décider et à appliquer dans un contexte de croissance : en effet, dans ce cas, des richesses supplémentaires étant créées, il suffit d'en prélever de manière à ce que les plus riches en aient moins que ce qu'ils auraient pu avoir mais plus que ce qu'ils avaient avant pour que (presque) tout le monde soit content.
De la même manière, une partie des revenus distribués grâce à la croissance peuvent être prélevés pour financer des dépenses publiques visant à réduire les inégalités non économiques, comme les dépenses pour la réalisation de l'égalité des chances dans l'éducation. La croissance est donc un moyen de réduire les inégalités.
D'une part, la répartition, qualifiée de « primaire », entre les apporteurs de capital et ceux de travail, peut être modifiée par la politique de redistribution. L'Etat va chercher à réduire les inégalités économiques en procédant à des prélèvements sur les revenus et/ou les patrimoines les plus élevés et en distribuant ces montants prélevés aux plus démunis. Dans ce cas, l'écart entre les plus hauts et les plus bas revenus va se réduire.
On peut certes penser que cette redistribution peut être décidée dans n'importe quel contexte. Mais il faut bien dire qu'elle est plus facile à décider et à appliquer dans un contexte de croissance : en effet, dans ce cas, des richesses supplémentaires étant créées, il suffit d'en prélever de manière à ce que les plus riches en aient moins que ce qu'ils auraient pu avoir mais plus que ce qu'ils avaient avant pour que (presque) tout le monde soit content.
De la même manière, une partie des revenus distribués grâce à la croissance peuvent être prélevés pour financer des dépenses publiques visant à réduire les inégalités non économiques, comme les dépenses pour la réalisation de l'égalité des chances dans l'éducation. La croissance est donc un moyen de réduire les inégalités.
2. Les effets des inégalités sur la croissance
a. Des inégalités efficaces du point de vue de la
croissance économique
Les inégalités agissent comme des guides de
comportement.
Si par exemple, les salaires versés sont plus élevés dans une branche en croissance, et plus faibles dans une branche en déclin, normalement les salariés rationnels vont tenter de quitter la branche en déclin et d'aller se faire embaucher dans la branche en croissance, même s'il faut pour cela un complément de formation.
On peut faire le même raisonnement pour les profits : les détenteurs de capitaux vont tenter d'investir dans les branches ou les entreprises où les profits sont élevés (on rappelle que les profits sont des revenus).
Si par exemple, les salaires versés sont plus élevés dans une branche en croissance, et plus faibles dans une branche en déclin, normalement les salariés rationnels vont tenter de quitter la branche en déclin et d'aller se faire embaucher dans la branche en croissance, même s'il faut pour cela un complément de formation.
On peut faire le même raisonnement pour les profits : les détenteurs de capitaux vont tenter d'investir dans les branches ou les entreprises où les profits sont élevés (on rappelle que les profits sont des revenus).
b. Les inégalités peuvent freiner la croissance
L'inégalité des revenus peut
freiner la croissance de la consommation : on sait
qu'en proportion ce sont les titulaires de bas revenus
qui consomment le plus. Si leurs revenus n'augmentent
pas ou faiblement, la consommation fera de même. Or la
consommation est une part essentielle de la demande et les
entreprises ne produisent davantage que si la
demande s'accroît. La
croissance est donc pour une partie importante
liée à l'évolution de la
consommation. Les inégalités peuvent donc
freiner la croissance.
D'autre part, des inégalités non économiques peuvent freiner la croissance, en particulier si elles affectent la qualité (donc la productivité) de la main-d'œuvre : on peut penser aux inégalités devant l'école, aux inégalités devant la santé, etc.
D'autre part, des inégalités non économiques peuvent freiner la croissance, en particulier si elles affectent la qualité (donc la productivité) de la main-d'œuvre : on peut penser aux inégalités devant l'école, aux inégalités devant la santé, etc.
L'essentiel
On s'aperçoit que les relations entre croissance et inégalités ne sont pas simples, on ne peut ni affirmer que la croissance permet de diminuer les inégalités, ni soutenir l'inverse. Le débat est finalement d'abord politique : quelle croissance veut-on ? Une croissance rapide quelles que soient les inégalités qui l'accompagnent ou une diminution des inégalités au risque d'un ralentissement de la croissance ?
On s'aperçoit que les relations entre croissance et inégalités ne sont pas simples, on ne peut ni affirmer que la croissance permet de diminuer les inégalités, ni soutenir l'inverse. Le débat est finalement d'abord politique : quelle croissance veut-on ? Une croissance rapide quelles que soient les inégalités qui l'accompagnent ou une diminution des inégalités au risque d'un ralentissement de la croissance ?
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