L'essentiel
La population de la Chine et de l'Inde est passée de
950 millions de personnes en 1950 à
2,151 milliards en 1995. Nourrir une telle population
constitue un défi considérable que ces pays sont
en train de relever. Si des accidents démographiques
sont à déplorer dans le dernier demi
siècle, les deux Etats se sont engagés dans une
phase de modernisation de leur système de production
agricole (« révolution verte » en
Inde) qui leur permet d'atteindre partiellement
l'autosuffisance alimentaire grâce au perfectionnement
des techniques de production, à l'augmentation des
rendements et à la multiplication des récoltes
annuelles. Toutefois, la croissance urbaine, la pression
démographique et les nouvelles techniques de production
sont à l'origine de menaces pour l'environnement.
1. Nourrir plus de 2 milliards d'hommes
a. Une forte pression démographique
La population de la Chine et de l'Inde connaît une
croissance extraordinaire. Elle passe de 950 millions
d'individus en 1950 à 2,151 milliards de
personnes en 1995. Cette croissance et la forte pression
démographique sur les terres cultivables ont jeté
un doute sur les capacités des deux pays à assurer
leur autosuffisance alimentaire. Toutefois, si la Chine a connu
des famines, elle les doit plus à des facteurs politiques
(« Grand bond en avant », 1958-1961,
« Révolution culturelle
prolétarienne », 1965-1970) qu'à
des problèmes liés à une trop forte
croissance démographique.
b. Une aptitude irrégulière à nourrir la
population
Si l'Inde n'a plus connu de famine depuis 1943, une partie
de la population connaît une situation d'insuffisance
alimentaire. La courbe de croissance de production des
céréales a suivi, puis dépassé la
courbe de croissance de la population. Toutefois, si les
productions ont augmenté, les rations alimentaires
(déficit protéinique et vitaminique) sont
insuffisantes. Environ 1/3 de la population est touchée
par la malnutrition. Par ailleurs, le monde des villes prend une
importance croissante avec une population urbaine qui atteint
26 % en Inde et 30 % en Chine en 1997.
2. Les perfectionnements des méthodes de production
agricole
a. L'intensification des productions sur les exploitations de
petite taille
Loin du temps où l'Etat favorisait la concentration
foncière en grandes exploitations, la Chine est revenue au
système conservé en Inde, à savoir celui de
la petite exploitation familiale (moyenne des exploitations
inférieure à 2 ha en Inde). Ces deux pays ont
développé des techniques de culture fondées
sur la maîtrise de l'eau (rizières, travaux
d'aménagement des champs de culture). Les cultures
s'étendent sur l'année, permettant d'effectuer
plusieurs récoltes complémentaires sur les
mêmes parcelles.
b. La « révolution verte » en
soutien à la croissance
La « révolution verte »
désigne l'ensemble des mesures destinées à
accroître la production agricole (céréales
à haut rendement, engrais chimiques, traitements
anti-parasitaires, amélioration et extension de
l'irrigation). Si la révolution verte s'engage en Inde
dès les années 1960, la Chine développe
une agriculture plus productive seulement après la
décollectivisation des terres (années 1980).
Certaines régions sont ainsi devenues
particulièrement productives. Par exemple, le Pendjab
produit plus de 50 millions de tonnes de
céréales par an (1/4 de la production indienne
en 1995).
3. Une autosuffisance alimentaire relative
a. Les résultats insuffisants de la modernisation agricole
Les résultats de la modernisation agricole sont en
demi-teinte. D'un point de vue spatial, elle a
bénéficié à l'Inde et au tiers Est de
la Chine (deltas, vallées fluviales, littoraux...),
laissant les plateaux centraux et les espaces de montagnes
à l'écart (sauf dans les oasis du Nord). Si l'Inde
peut mettre en avant ses réussites et exporter du riz et
du soja, la Chine exporte encore des quantités importantes
de céréales telles que le maïs (11,7 Mt),
le blé (12,7 Mt) et même du riz (1,6 Mt).
b. Une pression anthropique au détriment de l'espace
productif
Les dynamiques induites par la croissance urbaine
(densités humaines, densification ou extension du
bâti et des villes au détriment des surfaces
cultivables) sont à l'origine des préoccupations
des observateurs et des gouvernements. Ainsi, les terres arables
sont-elles directement menacées par la croissance urbaine,
notamment dans les plaines alluviales et côtières de
l'Est de la Chine. Par ailleurs, l'intensification agricole a des
conséquences environnementales importantes pouvant menacer
l'avenir : pompages excessifs, abaissement des nappes
phréatiques, salinisation et altération des sols
par l'usage massif de produits phytosanitaires.