Contestation de la puissance européenne
Ainsi, en Algérie, les « Vieux Turbans » s’appuient sur le Coran pour dénoncer la civilisation matérialiste apportée par la France, tandis que les « Jeunes Turcs » revendiquent le libre accès aux emplois publics et le droit d’être représentés au Parlement.
En Inde, sous l’influence du Mahatma Gandhi, le parti du Congrès réclame le self-government et appelle au boycott des produits britanniques, au refus de l’impôt et à des marches protestataires. Le « retour au rouet » est une manifestation symbolique contre l’invasion de l’Inde par l’industrie moderne et l’aliénation de l’homme par la machine. Face à ces revendications, les Britanniques lui octroient une certaine autonomie en 1935.
En Indochine, le parti communiste indochinois fondé par Nguyen Ai Quoc (futur Hô Chi Minh) exige un statut analogue à celui des dominions britanniques.
En Indonésie, le parti national indonésien de Sukarno réclame, en 1927, l’indépendance.
Au Maroc, les tribus du Rif menées par Abd-el-Krim se révoltent contre la France et l’Espagne.
En Tunisie, le Néo-Destour, parti créé par le jeune avocat Habib Bourguiba, se lance en 1938 dans une campagne de grèves qui débouche sur des affrontements sanglants.
En Algérie, le mouvement de l’Étoile africaine de Messali Hadj est renforcé.
Partout dans ces pays arabes s’affirme la volonté de défendre les valeurs de
l’islam contre l’emprise de
l’Occident.
En Afrique noire, les mouvements de
contestation sont plus limités.
Les colonies mesurent aussi combien la guerre a affaibli les
métropoles. La France, la Belgique et les Pays-Bas ont
été vaincus en quelques semaines et certains de
leurs territoires occupés (Tunisie, Indonésie,
Indochine, etc.).
En Asie, les Japonais ont
profité de la guerre pour diffuser une
propagande anti-européenne. En se
retirant, ils proclament même
l’indépendance, ce qui rend le retour des
anciennes métropoles encore plus difficile.
Le prestige et le mythe de l’homme blanc ont
été atteints, d’autant que la
loyauté des colonies ayant participé aux combats
n’a pas été payée de retour.
Si elles sont renforcées par la guerre, les aspirations à l’indépendance des peuples colonisés continuent d’obéir à des motivations diverses :
• d’autres retournent contre les métropoles les idées de liberté et d’égalité. C’est le cas du Sénégalais Senghor.
• enfin, des combattants comme Hô Chi Minh empruntent aux Européens le marxisme.
Ces nationalismes sont très variés :
modernistes, traditionalistes, transnationaux (asiatisme ou
panarabisme).
Le rôle des élites indigènes
occidentalisées est fondamental. Formées
au contact des idées métropolitaines, mais
écartées des responsabilités politiques,
elles revendiquent le pouvoir. Des personnalités
charismatiques émergent ou s’affirment comme
Gandhi, Hô Chi Minh ou
Bourguiba.
En 1942, en Inde, le parti de Congrès de Gandhi et de
Nehru lance un nouveau slogan : Quit India
(« les Anglais hors de
l’Inde »).
En Algérie, Ferhat Abbas lance, en février 1943,
un Manifeste du peuple algérien qui, pour la
1re fois, rassemble toutes les forces
politiques musulmanes. Au Maroc, les nationalistes constituent
un nouveau parti de l’Istiqlal
(Indépendance).
L’indépendance est parfois obtenue pacifiquement,
parfois en organisant une lutte armée et en recourant
à la guérilla.
Dans un sondage réalisé auprès des jeunes candidats au baccalauréat, 85 % d’entre eux estiment que la France peut être fière de son œuvre dans les colonies et 84 % que la France a intérêt à maintenir des liens privilégiés avec son empire. C’est dire que l’idée coloniale est largement répandue.
Elle rassemble aussi des catholiques et des socialistes qui s’unissent pour dénoncer la cruauté de l’administration coloniale et les profits des entreprises installées outre-mer.
Toutefois, ces milieux ne contestent pas le bien-fondé de la colonisation, seulement ses excès.
Des intellectuels, comme André Gide, dans Voyage au
Congo, en 1927, dénoncent les méfaits des
Européens en Afrique noire.
En 1927, naît à Bruxelles la Ligue contre
l’oppression coloniale, présidée par
Albert Einstein.
L’attitude des métropoles est ambiguë :
• Le Royaume-Uni fait preuve d’une certaine souplesse. Il est prêt à renoncer à sa souveraineté pour préserver son influence économique et maintenir ses échanges commerciaux avec ses colonies.• La France tient fortement à son empire colonial. Elle s’accroche à ce symbole de prestige et de grandeur. A la conférence de Brazzaville, le 8 février 1944, le général de Gaulle s’engage à promouvoir une politique de réformes au lendemain du conflit. Mais, le 8 mai 1945, quand une émeute éclate à Sétif, en Algérie, faisant 103 morts parmi les Européens, la répression est impitoyable (plusieurs milliers de morts).
Le refus du dialogue et la répression des mouvements contestataires sont à l’origine d’une décolonisation violente.
De son côté, le Royaume-Uni accorde l’indépendance à la Transjordanie en 1946.
En Palestine, sous mandat britannique, un climat de guérilla oppose Juifs et Arabes. Sans attendre la réalisation du plan de l’ONU, le Royaume-Uni met fin à son mandat le 15 mai 1948.
En 1918, dans son programme de paix présenté en quatorze points, le président Wilson proclame que, dans le domaine colonial, les « intérêts des populations intéressés devront avoir un poids égal » à celui des gouvernements métropolitains. Il affirme également le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En mars 1942, les États-Unis ont affirmé que « toutes les nations possédant un domaine colonial devront coopérer avec les peuples de ces régions pour les rendre aptes à recevoir le statut d’indépendance nationale ».
En 1946, ils donnent l’exemple et accordent l’indépendance aux îles Philippines, colonie américaine depuis 1896, mais ne prennent pas de position officielle pour ne pas embarrasser leurs alliés.
Ils défendent également l’idée d’indépendance car le maintien des colonies entrave le libre-échange.
De son côté, Staline a déclaré, lors de la conférence de Yalta, que le « premier devoir est de donner l’indépendance aux peuples des anciens peuples coloniaux ». Pour l’URSS, la colonisation est une forme particulière de l’impérialisme et du capitalisme.
La Première Guerre mondiale marque la fin des certitudes. Appauvrie, critiquée, l’Europe doit faire face à la contestation des peuples dominés qui, de plus en plus nombreux, mettent en cause les valeurs sur lesquelles elle a fondé sa domination. Dans les métropoles, l’anticolonialisme se développe grâce aux dénonciations des intellectuels, souvent inspirés par le communisme. Dans les colonies, les mouvements nationalistes dénoncent l’impérialisme des puissances coloniales.
La Seconde Guerre mondiale porte le coup fatal : les empires s’effondrent les uns après les autres. La guerre a bouleversé les relations entre les métropoles et les colonies et renforcé le poids des mouvements nationalistes qui appellent à l’indépendance. Les États-Unis et l’URSS deviennent, à leur façon, les chantres de l’anticolonialisme.
Selon l’attitude des puissances colonisatrices, le processus de décolonisation a été pacifique ou violent.


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