Castes et ordres
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Dès la naissance, les individus sont destinés à devenir tanneur, barbier, prêtre, guerrier ou blanchisseur, mais il ne s'agit pas d'une simple spécialisation professionnelle. Les métiers sont associés à un principe de pureté religieuse. Les brahmanes, les plus purs, sont végétariens et prohibent le remariage des veuves. Les moins purs s'éloignent du domaine de l'esprit pour prendre à charge ce qui relève du corps et de la nourriture. Ceux qui tannent la peau des vaches deviennent même littéralement intouchables. Ils doivent s'éloigner des puits et des temples pour ne pas les souiller.
Doc 1a : Une intouchable | Doc 1b : Un brahmane |
Le système des castes fait de l'homme la partie d'un tout, c'est du holisme, toujours au sens de Louis Dumont. Le titre du livre de ce dernier, Homo hierarchicus, indique que la dimension hiérarchique est la clef de la compréhension des rapports sociaux en Inde.
Certaines communautés peuvent compter une trentaine de castes. La complexité du système rend parfois difficile la construction symbolique des hiérarchies. Les prêtres, ou brahmanes, sont au sommet de la hiérarchie du prestige mais ils ne revendiquent ni la fortune ni le pouvoir.
Doc 2a : Illustration du tiers état "Paysans au puits" (Peasants at a well). Peinture du maitre de Beguines (milieu du 17e siecle) | Doc 2b : Illustration de la noblesse : Portrait de la famille du duc de Valentinois Peinture de Pierre Gobert (vers 1662-1744) |
Le type idéal de la société aristocratique présenté par Tocqueville est celui d'une « longue chaîne allant du paysan au roi » et au sein de laquelle chacun a une place, des devoirs et une morale bien définie : « les uns sont nés pour commander, les autres pour obéir ». Le principe hiérarchique commande l'organisation sociale.
Toute mobilité sociale n'était pas exclue du système des ordres. L'anoblissement dans un sens ou la déchéance dans l'autre étaient possibles. Le haut clergé se recrutait chez les fils de la noblesse et certains roturiers pouvaient accéder au clergé. Ces déplacements étaient fortement freinés par le droit inégalitaire de l'Ancien Régime.
Tocqueville montre que, malgré une différence superficielle de manières, tous les ordres se ressemblent. Le droit reste la seule différence. Dans la mesure où les ordres se définissent par la capacité à revendiquer de façon efficace une considération particulière (Max Weber, 1920), les ordres avaient disparu avant la Révolution.
Peut-on appliquer la notion d'ordres aux sociétés modernes ? Tocqueville (1835) et Bourdieu (1987) ont repéré des analogies très fortes entre l'aristocratie d'Ancien Régime et les privilèges accordés à l'aristocratie industrielle ou à la noblesse d'Etat.
Les castes et les ordres sont des groupes sociaux fermés, hiérarchisés et héréditaires. Ils reposent sur une conception de l'homme comme partie d'un tout organisé. Des différences importantes existent entre les deux systèmes, du point de vue de la mobilité ou de la place du religieux dans la définition des hiérarchies. En Inde, le nouveau droit n'a pas suffi à supprimer les castes. En France, l'affaiblissement des ordres dans les faits a facilité leur suppression en droit.
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