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Bazin

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Objectif : présenter les principales conceptions d'André Bazin concernant le montage, préciser la nature de son intérêt pour le plan-séquence et donner une idée de sa lecture de l'Histoire du cinéma réalisée à partir de différents usages du montage.

Fondateur des Cahiers du Cinéma en 1951 avec Jacques Doniol-Valcroze, animateur de ciné-clubs et auteurs de nombreux articles dans diverses revues (France-Observateur, Esprit, Le Parisien libéré), André Bazin s'impose incontestablement comme le père de la critique cinématographique française d'après-guerre.
Mort en 1958, à l'âge de 40 ans, il nous a laissé cependant un certain nombre de textes décisifs pour toute une génération de cinéastes (notamment pour ceux de la Nouvelle Vague, Truffaut en particulier) dans lesquels il a eu l'occasion de mettre en évidence quelques uns des fondements du cinéma moderne.
Ces articles ou essais lui ont permis de témoigner de son admiration pour des réalisateurs aussi importants que Chaplin, Renoir, Rossellini et Welles. Ils lui ont permis aussi d'interroger différents types de montages cinématographiques afin d'en révéler les principaux enjeux.

1. Montage interdit

Montage interdit compte aujourd'hui parmi les articles les plus célèbres de Bazin concernant le montage cinématographique. Publié dans Les Cahiers du Cinéma en 1953 et en 1957, le texte se fait le lieu d'uneréflexion sur la pertinence et les conséquences d'un choix de montage précis en fonction des effets qu'un metteur en scène cherche à obtenir. Bazin commence par comparer deux films qui, bien qu'ils fassent appel à l'imaginaire de l'enfance en montrant des faits inconcevables, présentent des montages complètement différents.
Dans le premier, Une Fée pas comme les autres de Jean Tourane, on peut voir des animaux auxquels sont prêtées des actions et des relations proprement humaines (voie de l'anthropomorphisme) grâce à un montage déterminant qui assure le découpage des scènes en de nombreux plans. Le montage crée donc de toute pièce des liens entre les animaux et produit des significations précises (exactement sur le modèle de l'expérience de Koulechov dont il a déjà été question).
Dans l'autre film, Ballon rouge de Lamorisse, le parti pris est contraire. Un ballon suit son maître comme le ferait un animal apprivoisé, et le montage n'y est pour rien, c'est en effet une espèce de manipulation qui n'a rien de spécifiquement cinématographique (une sorte de prestidigitation) qui permet le contrôle des différents mouvements.

On sait que Bazin a toujours manifesté une préférence très nette pour le plan-séquence parce qu'il nous permet de croire plus facilement à ce que l'on nous fait voir. On pourrait donc légitimement penser qu'il préférait le film de Lamorisse et refusait les facilités de celui de Tourane. Tout n'est pourtant pas si catégorique...
Bazin affirme en effet que si le choix de Lamorisse est judicieux parce qu'il nous permet de plonger dans son imaginaire et d'y croire (on sait évidemment qu'un ballon ne peut pas suivre un enfant, mais on accepte d'y croire le temps d'un film, d'un conte, car rien ne nous en empêche), celui de Tourane ne l'est pas moins car le plan-séquence aurait eu alors un effet tout à fait contraire à l'effet souhaité. Il ne nous aurait pas fait croire en ces relations humaines entre les animaux (que l'on retrouve dans les fables), mais en la présence d'animaux savants et bien dressés capables d'imiter des gestes humains. Loin de nous permettre de plonger dans l'imaginaire, le non-montage nous aurait replacé en face de la réalité la plus brute : du monde imaginaire, on serait passé immanquablement à celui du cirque et de la performance...
Il ne faut donc pas penser que Bazin préconisait le plan-séquence à tout prix. Tout choix devait dépendre en premier lieu des objectifs de chaque cinéaste et des enjeux de chaque oeuvre.

Son analyse devait néanmoins prouver que le montage ne pouvait plus être considéré comme l'essence du cinéma (dont la priorité est l'adhésion du spectateur à ce qu'il voit). Si l'essentiel d'une situation dépend de la présence simultanée de plusieurs agents d'une action, le montage est alors interdit. Pour accréditer cette thèse, Bazin donne un illustre exemple extrait du chef-d'oeuvre de Flaherty, Nanouk l'esquimau (1922).
Dans la scène de la chasse, on voit Nanouk faire un trou dans la glace pour y pêcher un phoque (ce qu'il parvient à faire). On voit tous les éléments essentiels de la scène dans le même plan : le pêcheur qui tire sur la corde, le trou et le phoque qui en sort. De cette façon seulement, le spectateur a pu croire à la réalité du représenté, de la chasse. Si la scène avait été découpée par le montage (une série de plans sur le pêcheur et une autre sur le trou, par exemple), l'ensemble aurait souffert d'une mise en scène cinématographique trop évidente car trop artificielle.
C'est pourquoi, plus largement, Bazin recommandait l'usage exclusif du plan-séquence pour tous les films documentaires (pas tant dans les phases d'explication que dans les scènes d'exposition, et essentiellement pour emporter l'adhésion du spectateur).

2. Réel et signification

Bazin considérait le montage au cinéma comme un moyen de forcer la signification. En effet, selon lui, la signification que produit un montage précis n'appartient qu'à lui, en aucun cas au représenté, aux images elles-mêmes (l'exemple d'Eisenstein est particulièrement éloquent puisque le cinéaste russe cherchait précisément à produire grâce au montage des significations que les images seules seraient incapables de produire ; c'est cela que condamne Bazin). Bazin n'a rien contre la signification au cinéma, mais il refuse de la voir se développer au prix de la perte du réel... Il veut qu'elle émane du réel, et non pas de sa déconstruction par le montage...
La signification doit naître de la continuité spatiale et temporelle du réel (maintenue grâce au plan-séquence, à la grande profondeur de champ, à tout ce qui élargit et allonge au lieu de segmenter), non pas de son abolition... Ceci explique pourquoi il a admiré sans réserves le Welles de La Splendeur des Amberson et les Renoir de la grande profondeur de champ.

Si cette conception du cinéma et du montage caractérise le cinéma moderne, Bazin refuse d'y voir une rupture irrévocable avec le muet. Il indique qu'à côté d'Eisenstein ou de Griffith qui ont révélé les puissances du montage cinématographique au prix du réel, d'autres avaient déjà pensé conserver ce réel en préférant au montage les possibilités de révélation de l'image proprement dite. Parmi ceux-là figurent Murnau, Chaplin, Stroheim...
Bazin indique ainsi que si les oeuvres de Welles ou de Rossellini rompent avec celles d'Eisenstein, elles s'inscrivent toutefois dans la continuité de celles de ces pionniers pour les dépasser (car il y a bien évolution, non pas répétition) grâce à une plus grande maîtrise du réel et de sa durée. La nouvelle organisation de l'espace et du temps enrichie par une plus grande profondeur de champ (par une meilleure exploitation de ses possibilités) et un usage remarquable du plan-séquence maintient le réel dans son unité en favorisant toutes sortes de connexions entre ses motifs (personnages, objets, décor, etc.) qui, elles-mêmes, créent du sens.

Mais alors ce sens donne l'impression de naître du réel lui-même et pas de la volonté d'un auteur qui l'aurait exprimé à partir de son propre montage. Ces liens paraissent naturels, non plus artificiels et ils comptent sur le spectateur pour être rétablis. Ce dernier qui se contentait de recevoir passivement les connexions de plans réalisées par le montage doit maintenant chercher tout seul, de façon très active, de nouvelles connexions entre des motifs qui appartiennent à la même unité spatiale et temporelle (au même plan).
Sa position a donc radicalement changé : il ne reçoit plus les significations imposées par un montage, il découvre des significations contenues dans le réel. Alors que chez Koulechov (cas extrême, particulièrement éloquent), un visage monté avec un assiette de soupe signifiait la faim (cette signification devait presque tout au montage, car si le même visage monté avec un autre plan exprimait autre chose, c'est qu'il ne signifiait rien par lui-même), il conservera dans le cinéma moderne une ambiguïté irréductible, l'ambiguïté du réel.

L'essentiel

André Bazin a toujours manifesté une nette préférence pour le plan-séquence et le non-montage dans la mesure où l'un et l'autre respectent l'unité du réel (l'homogénéité de son espace et de sa durée) ainsi que son ambiguïté (Alors que le montage impose au contraire des significations incontestables). De tels choix n'empêchent pas les significations de se développer, mais elles semblent alors moins forcées, moins artificielles. Elles se produisent dans le réel, et non pas au prix du réel.

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