Fantasio, Alfred de Musset

• Acte 1
Le Roi de Bavière annonce les fiançailles de sa fille avec le prince de Mantoue qu’il ne connaît pas. Ce dernier décide de se présenter incognito à la cour et prend l’habit de Marinoni, son aide de camp. Fantasio, un jeune bourgeois endetté, arrive en fuyant ses créanciers et comme il croise la procession de l’enterrement du bouffon du Roi, il décide d’en prendre la place.

• Acte 2
La princesse Elsbeth se résigne à épouser un homme « horrible et idiot » pour maintenir la paix et regrette le bouffon du Roi auquel elle était attachée. Fantasio intervient pour dire à la Princesse la bêtise d’épouser un inconnu. Elle rencontre le Prince de Mantoue et Marinoni, qui ont échangé leur rôle : elle éconduit les avances du Prince déguisé, au nom de son devoir.
Par la suite, Elsbeth apprend qu’elle n’a pas rencontré le vrai Prince et, donc, ne sait toujours pas qui il est. Fantasio a dérobé la perruque du Prince Mantoue qui est furieux d'avoir été rejeté par la Princesse.
Fantasio est emprisonné, le Prince rompt ses fiançailles. Fantasio, que la princesse prend pour le Prince, est contraint de révéler son identité. La Princesse lui demande de demeurer le bouffon et de lui payer ses dettes mais il refuse. Il accepte d’elle, cependant, la clé du jardin qui lui permettra de venir se cacher de temps à autre.

• Fantasio : est un jeune homme noble couvert de dettes et en proie au désenchantement. Il demeure gai et généreux au point de sacrifier sa liberté, son bien le plus précieux, pour sauver une jeune femme triste. La pitié rachète sa désinvolture : le jeune libertin désabusé est capable d’un sentiment délicat. Son esprit est vif, son langage plein de boutades et de formules déconcertantes. Il manie le langage avec une poésie pleine d’images, de comparaisons pittoresques. Il endosse le rôle du bouffon par hasard, rôle auquel il s'adapte puisqu'il va jusqu’à dérober la perruque du faux Marinoni avec un hameçon, comme s’il lui rendait son ridicule, le mettant à jour, ôtant son masque.

• Elsbeth : a le sens du devoir, celui de la fille d’un Roi et consent dans le silence, quitte à exprimer sa souffrance dans la solitude. Elle semble naturellement bonne et capable d’un sentiment d’amitié pour le défunt bouffon, mais se résigne à ne pas croire en ses rêves romanesques.

• Le Prince de Mantoue : est ridicule dans sa manière très orgueilleuse de s’exprimer, dans son manque d’humour. Il est l’imbécile pensant que tout lui est dû au moment même où on se moque de lui à son insu. Il utilise les figures de rhétoriques très scolaire et ne saisit pas la finesse des propos des autres.
De plus, il est cruel et prêt à demander la mort d’un homme pour une bouffonnerie ou sacrifier la paix pour une vengeance. Il est doublement grotesque car il est affublé d’un valet ridicule.

• Le Mal du siècle
La plainte du personnage a quelque chose de philosophique. A l’apparente légèreté de Fantasio, s’adjoint une profonde lassitude. Il condamne le monde, la comédie sociale des gens prétentieux et importants. La pièce donne une représentation de la jeunesse turbulente et instable qui se moque des bourgeois prétentieux et tourne en dérision les querelles politiques inutiles.

• La poésie
La poésie naît de la capacité à saisir des détails délicats dans un monde condamné dans son ensemble : la finesse de la nature, la délicatesse d’une larme, la lumière d’une ville ou d’un tableau…

• L’amour
L'amour n’a rien d’un mariage conventionnel réussi. Il sauve du désespoir. En revanche l'enjeu politique ou le rôle social dénature l’amour et l'individu. Le thème du déguisement omniprésent dans la pièce a son importance dans le sens où il empêche le vrai sentiment de s’exprimer comme lorsque Elsbeth demande à Fantasio de demeurer le bouffon, de rester cacher parmi les fleurs.