1. Modalités d’un rayonnement culturel
On peut définir un modèle culturel comme
l’ensemble des composantes culturelles (par
référence à l’ensemble des structures
sociales et aux manifestations artistiques, religieuses,
intellectuelles qui définissent un groupe par rapport
à un autre) qui servent de référence
à d’autres pays du monde.
À travers les actions des entreprises et des gouvernements
américains, les États-Unis ont proposé un
ensemble de biens (biens matériels, images
télévisuelles et cinématographiques) et de
valeurs (politiques, sociales…) que beaucoup de pays du
monde intègrent à leur propre culture.
Par extension, le modèle culturel américain
est aussi celui de la réussite et de la richesse
économique et financière.
a. Le développement du modèle et la diffusion
d’une « vision américaine »
La diffusion d’une « vision
américaine » prend des formes très
variées : cinéma, littérature,
économie, commerce sont autant de domaines qui inspirent
l’envie dans de nombreux pays. Les universités
américaines sont recherchées pour leurs formations
économiques et financières (Yale, Harvard, MBA).
Des bâtiments prennent comme modèle les gratte-ciel
de New York ou de Chicago. Les centres commerciaux, les parcs de
loisirs (parcs Disney au Japon, en Europe) se développent
sur la base de modèles éprouvés aux
États-Unis. Les séries
télévisées à destination des
15-25 ans contribuent à diffuser les valeurs, les
modes de comportement et les types de relations
stéréotypés entre individus qui sont
étrangers aux comportements européens ou
asiatiques, etc. Ne parlons pas du blue-jean !
L’implantation des entreprises, la multiplication des
produits américains dominés par des grandes marques
qui pratiquent une communication attrayante (Nike, Coca Cola,
Pepsi…) proposent un modèle
consumériste où le bien matériel devient
objet culturel.
b. Les États-Unis, champions de la défense des
valeurs universelles du monde libre
L’histoire et la politique du 20e siècle
valorisent l’image des États-Unis dans le monde
occidental. Vainqueurs des totalitarismes européens et
asiatiques, parapluie militaire et atomique du
« monde libre » depuis 1945, seule puissance internationale et
gendarme du monde, bras armé des Nations-Unies, les
États-Unis sont sur tous les fronts de la défense
du « monde libre ». L’industrie
cinématographique est l’un des outils de la
diffusion de ces messages (Les Bérets verts de
John Wayne et la série des Rambo en sont les
figures les plus caricaturales). Le pays renvoie l’image de
la réussite économique et de la richesse accessible
à tous. Liberté, sécurité et
jouissance des biens matériels forment un triptyque
séduisant, relié par CNN (9 satellites pouvant
toucher près de 4 milliards d’individus).
Si à l’époque moderne, le français
était la langue des élites culturelles, des
diplomates et de l’aristocratie,
l’anglo-américain est devenu la
première langue internationale (en importance mais pas en
nombre de locuteurs), celle par excellence des affaires, de la
diplomatie et du commerce international.
2. Un modèle culturel contesté
a. Un modèle parfois considéré comme
agressif
Les pratiques d’intégration de l’industrie
culturelle américaine dans les marchés
internationaux sont souvent considérées comme
agressives. L’Union Européenne a eu de grandes
difficultés, lors des négociations de
l’Uruguay Round, à défendre (France en
tête) « l’exception
culturelle » excluant l’audiovisuel et
notamment le cinéma de la libéralisation des
échanges. Cette mesure permettait de défendre les
industries culturelles nationales. Certains (en France par
exemple) considèrent de la même manière que
le développement de la nourriture normalisée et
calibrée dans des chaînes de restauration rapide
constitue une atteinte au maintien de l’originalité
culturelle. La levée de protestations contre la
« malbouffe » vise certaines entreprises
américaines, les modes de production productiviste et les
choix de l’industrie agroalimentaire.
b. Les remises en cause du modèle
À l’intérieur comme à
l’extérieur du pays, des voix
s’élèvent contre ce que certains
désignent comme un
impérialisme culturel
américain. L’image d’une
société multi-ethnique est contestée
par certains groupes de l’extrême droite
américaine qui suivent des stratégies de repli
communautaire quasi paranoïaques (milices armées du
Nord-Ouest) ou qui dénoncent l’érosion des
valeurs américaines et la place de l’État
fédéral. Ces contestations internes montrent
à l’évidence des nuances quant à
l’existence d’un modèle américain. Les
remises en causes sont nombreuses hors des États-Unis.
Elles prennent des formes de contestation pacifiques ou
animées contre la
« macdonaldisation » et
l’
uniformisation du monde (manifestations
anti-mondialisation, démontage des restaurants
Mc Donald’s).
Le modèle culturel (politique et
économique) est également contesté
à travers l’action terroriste internationale
(attentats du 11 septembre 2001 avec la destruction des
Twin Towers, autant matérielle que symbolique).
L’essentiel
En raison d’une politique qui ne distingue pas les
produits culturels de l’économique et du
commercial, les États-Unis donnent l’impression
d’imposer au monde un modèle culturel
unique. Les vecteurs de diffusion sont puissants et
diversifiés. La diffusion de la culture
américaine est incontestable mais elle prend des formes
très variées (cinéma, musique, modes
vestimentaires, pratiques économiques et commerciales),
parfois vivement contestées parce que les
modalités de diffusion suivent les règles
d’un libéralisme agressif qui, dans
certains cas, semble vouloir écraser les autres
modèles culturels.