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Socrate

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Le philosophe Hegel, dans le chapitre II de ses Leçons sur l’histoire de la philosophie, déclare que Socrate fut le fondateur de la morale : non pas parce qu’il conseilla aux hommes d’accomplir les devoirs prescrits par leurs ancêtres mais parce qu’il incita chaque homme en particulier à cultiver son intériorité et prendre conscience, grâce à sa réflexion personnelle, des valeurs universelles fondant l’existence.
Socrate, maître spirituel du philosophe Platon, est un moraliste épris d’absolu.

1. La vie de Socrate et les grands axes de sa démarche
a. Un citoyen athénien issu d'un milieu modeste

Socrate naquit à Athènes en 470 avant J.-C., à la fin des guerres Médiques, par lesquelles les grecs mirent fin à l’hégémonie des Perses (on dit aussi des Mèdes) en Méditerranée.
Socrate n’est pas issu d’un milieu aristocratique. Sa mère, Phénarète, était sage-femme ; son père, Sophonisque, était sculpteur. Les documents historiques donnent peu de détails sur les circonstances exactes de son éducation.
Il est probable qu’il reçut l’éducation que recevaient les jeunes athéniens de son temps : il dut apprendre la musique, la gymnastique, la grammatique (c’est-à-dire l’étude de la langue appuyée sur des textes commentés).
Selon certaines sources, Socrate aurait d’abord exercé le métier de son père ; il aurait sculpté le groupe des Grâce vêtues qui se trouvaient devant le temple de l’Acropole à Athènes.
Le philosophe Platon et l’historien Xénophon témoignent l’un et l’autre, dans des écrits qui sont parvenus jusqu’à nous, que Socrate était pauvre et menait une existence très simple.
Il avait toutefois fondé une famille : de sa femme Xanthippe il avait eu trois fils. On connaît très peu de choses de la vie familiale de Socrate si ce n'est que Xanthippe aurait été une femme possessive et plaintive, que son époux aurait supportée avec patience.

b. L'orientation intellectuelle de Socrate : l'opposition aux sophistes et la recherche d'un principe immatériel

D’autres sources prétendent que Socrate fut un élève des sophistes, entre autres d’Hippias et de Prodicos, et que lui-même fut un sophiste ; mais cette affirmation est très contestable. Socrate ne cesse de mettre en cause les sophistes : il s’oppose notamment à Protagoras, célèbre sophiste de l’époque.
Platon témoignera en ce sens. Socrate conteste la formation intellectuelle préconisée par les sophistes : axée sur l’apprentissage de la rhétorique (l’art de construire des discours) cette formation met au premier plan la puissance d’une raison humaine détachée de toute valeur absolue, préoccupée de s’inscrire dans les rapports de séduction typiques des débats politiques.
Socrate met en cause l’ambition politique fondée sur l’intérêt et met au premier plan la parole soucieuse de vérité et la réflexion sur l’action morale.
D’autres sources encore affirment que Socrate avait suivi les leçons des savants et philosophes de son temps, et qu’il appréciait les doctrines posant à l’origine du monde naturel un principe non matériel : ainsi il ne s’accordait pas avec la doctrine de Thalès qui plaçait l’eau, élément matériel, à l’origine du monde. Il optait pour un principe immatériel, de nature spirituelle, à la manière d’Anaxagore, philosophe dont il avait suivi l’enseignement : l’Esprit serait cause première de la matière.
Cette orientation non matérialiste persistera chez son élève Platon et constituera une des caractéristiques de l’orientation métaphysique.

c. Un maître privilégiant la parole et la méthode «maïeutique»

Socrate inaugure un certain type d’enseignement. Il ne dispense pas, dans une école attitrée, des cours à dates et heures fixes, il ne demande aucune somme d’argent en échange de ses leçons, mais, au cours de ses promenades, il va à la rencontre de ses concitoyens, il prend contact avec eux dans des lieux de vie comme l‘« agora » (la place publique, centre de la cité) : il parle avec eux, les questionne, instaure avec eux des discussions.
Par le biais de ces échanges parlés, il incite ses interlocuteurs à réfléchir sur le sens de leur existence, tant privée que publique, en mettant au premier plan l’activité de l’âme et le souci de la conduite droite et juste : la quête des valeurs morales est essentielle.
« Ma seule affaire, c’est en effet d’aller par les rues pour vous persuader, jeunes et vieux, de ne vous préoccuper ni de votre corps, ni de votre fortune aussi passionnément que de votre âme, pour la rendre aussi bonne que possible ». Ainsi Platon nous rapporte, par la bouche de Socrate lui-même, les caractéristiques de sa démarche, dans L’Apologie de Socrate (ouvrage consacré au procès de Socrate).
Socrate, lorsqu’il parle de son activité de philosophe, se réfère à sa mère Phénarète, qui était sage-femme ; il explique que son métier est similaire, qu’il consiste à faire accoucher non les corps, en mettant au monde les enfants, mais à faire accoucher les esprits, en leur faisant exprimer au grand jour les vérités dont ils sont porteurs, grâce à des questionnements incitant à la réflexion. Telle est la célèbre méthode dite « maïeutique » : cet art de faire accoucher les esprits (du verbe « maïeuomai » : faire accoucher) à laquelle Platon nous renvoie dans ses dialogues, notamment dans le dialogue le Théétète.

2. Un esprit libre posant l'existence de valeurs absolues
a. Un «psychologue» et un «métaphysicien»

Socrate n’étudie pas la « nature », il ne se préoccupe pas de « physique » (en grec : phusis, ensemble des minéraux, végétaux, animaux) comme le faisait les philosophes antérieurs : il centre sa recherche sur l’homme et, plus précisément sur l’âme de l’homme. En ce sens il est le premier « psychologue », il met en place une recherche rationnelle sur l’âme (âme : psukhê en grec) définie comme réalité immatérielle.
 

Cette psychologie s’inscrit dans un projet philosophique précis :

  • Socrate d’une part différencie le corps matériel mortel et l’âme immatérielle immortelle ;
  • d’autre part pose la supériorité de l’âme sur le corps : c’est l’âme qui instaure en l’homme la puissance de la raison.

La raison oriente l‘existence de l’homme : elle est puissance de réflexion dans l’ordre de la connaissance, elle est puissance de maîtrise de soi dans l’ordre de l’action. Elle contrôle les désirs et les passions, elle permet l’accès aux vérités essentielles.
Ce projet philosophique est caractéristique de la « métaphysique » - orientation de recherche qui étudie les réalités au-delà de la nature (meta : au-delà – phusis : nature) : un métaphysicien pose toujours la distinction de l’âme immatérielle et du corps matériel ; il postule que l’âme, par sa puissance rationnelle, peut accéder aux réalités absolues.

b. Le «démon» de Socrate : la puissance de la réflexion libre

Socrate ne cesse de dire qu’une divinité (en grec : daïmon - le terme démon est sa retranscription française) parle en lui et l’incite à rechercher la vérité : cette recherche passe par la connaissance de soi, par l’activité de la réflexion de l’âme sur elle-même.
Cette divinité est-elle la voix de la conscience ? Symbolise-t-elle la conscience morale et l’esprit critique ? Ces hypothèses ont été formulées : Socrate se réfère toujours à son « démon » pour mettre en évidence une puissance intérieure et intime l’orientant dans l’existence de manière impérieuse et l’obligeant à découvrir la vérité sans référence aux conventions extérieures. Ainsi l’âme, puissance de réflexion, est puissance de dévoilement de la vérité.
Cette puissance libre et personnelle semble mettre au premier plan la puissance d’un sujet individuel dégagé des impératifs de la simple coutume. Ainsi Socrate semble menacer l’ordre même de la cité athénienne : il a l’audace d’invoquer cette puissance intérieure, absolument personnelle, plutôt que de se référer, sans examen, aux devoirs dictés par la religion en vigueur – ces devoirs qui fondent l’ordre traditionnel de la communauté.
Cette audace de l’individu animé d’esprit critique, jugeant par soi-même ce qui vaut et ce qui ne vaut pas, sera estimée dangereuse : la condamnation à mort de Socrate vient en droite ligne de cette attitude de contestation critique individualiste.
 

c. La recherche de l'Absolu et l'opposition au relativisme des Sophistes

Socrate a fait sien le précepte « Connais toi toi-même », précepte inscrit sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes : l’examen de l’homme par lui-même, par la réflexion de l’âme sur elle-même, doit être mis au premier plan de la recherche philosophique.
Toutefois cette connaissance de soi n’est pas une simple introspection (une introspection : un examen intérieur de l’homme par lui-même) permettant à l’homme de découvrir sa personnalité profonde, mais un cheminement réfléchi personnel permettant d’accéder aux valeurs universelles – ces valeurs absolues, immuables, intemporelles, sur lesquelles tous les hommes doivent régler leurs pensées et actions en toutes circonstances.
Ainsi le sujet particulier découvre par-lui-même des valeurs qui ne valent pas que pour lui-même. Sur ce point l’opposition de Socrate aux Sophistes s’avère radicale : alors que Protagoras et ses disciples déclarent « à chacun sa vérité » et prétendent accorder à chaque opinion la même valeur de vérité, Socrate, au contraire, signale que chaque opinion doit être évaluée selon son rapport à la vérité absolue et ne saurait immédiatement être tenue pour valable. Il met ainsi en cause le relativisme qui anime la doctrine des sophistes.
Qu’est-ce que le relativisme ? C’est ce à quoi s’oppose tout métaphysicien : une conception contestant l’existence d’une vérité absolue et posant la relativité de toutes les opinions humaines. L’orientation philosophique de Socrate est radicalement anti-relativiste. Nous retrouverons chez Platon, premier grand métaphysicien, cette même orientation anti-relativiste.

3. La mort de Socrate : l'immortalité du sage
a. Les motifs de l'accusation et de la condamnation à mort

En 399 avant J.-C. trois citoyens athéniens déposèrent une plainte à l’encontre de Socrate auprès des tribunaux d’Athénes : Mélétos, jeune poète, Lycon, membre du parti démocratique, et Anytos, riche commerçant et personnage influent d’Athènes ayant œuvré pour le rétablissement du régime démocratique (ce dernier sera représenté par Platon dans le dialogue le Ménon) .
Ils sont convaincus, comme beaucoup d’autres citoyens, que Socrate s’attaque aux traditions (religieuses et politiques) de la cité et exerce une influence malsaine sur l’esprit des jeunes gens.
Le procès s’effectue en toute légalité. Socrate effectue lui-même sa défense, selon l’usage courant. Il plaide non coupable et met au premier plan sa mission divine - celle que son « démon » personnel l’incite à remplir. Avec dignité et ironie il provoque ses juges : il insiste sur la fausseté des motifs d’accusation et en met en relief l’injustice même de ses accusateurs. Dans le même mouvement il dénonce l’attitude lâche et immorale des Athéniens complices de l’accusation, invoque la conscience morale des honnêtes gens, et prophétise la justice future qui ne manquera pas de lui être rendue.

b. Le sage métaphysicien ne craint pas la mort

Le verdict suivant sera émis, à la majorité des voix : la condamnation à mort par empoisonnement. Socrate, à la nouvelle du verdict fatal, il ne manifeste aucune crainte, aucune colère : l’âme est immortelle, seul le corps périt. Ce calme et cette détermination campent le portrait du sage métaphysicien.
La mort par empoisonnement était en usage dans la cité d’Athènes de cette époque ; les condamnés à mort absorbaient un liquide fabriqué à partir de l’extrait d’une plante toxique : la ciguë. La mort infligée était rapide et spectaculaire.
Platon, dans les dialogues intitulés le Phédon et le Criton raconte les derniers moments de Socrate dans sa prison et relate les discussions engagées avec ses disciples (notamment sur l’immortalité de l’âme) ainsi que les raisons qui amenèrent Socrate à refuser de s’évader.
Dans l’Apologie de Socrate, il retrace le procès de Socrate et relate les paroles adressées au philosophe à ses juges. La dignité morale de Socrate est au premier plan.
La philosophie occidentale, à la suite de Platon, ne cessera de célébrer Socrate comme modèle exemplaire de grandeur spirituelle et morale.

c. Socrate et le respect des lois de la cité

Platon rapporte notamment un épisode célèbre et de grande importance pour compléter le portrait du sage. Ses disciples et amis avaient organisé son évasion et lui proposaient de s’enfuir ; mais Socrate, avec grande fermeté, refusa catégoriquement de s’évader et invoqua le respect qu’il éprouvait pour les lois d’Athènes, les lois de sa cité d’origine.
Que signifie ce refus ? Certainement pas une simple soumission à l’ordre établi : Socrate, on l’a vu , n’a jamais manqué d’esprit critique et a toujours revendiqué l’examen rationnel des traditions et coutumes. Son anticonformisme est notoire : les lois et règles de la cité ne doivent pas être adoptées aveuglément, comme des obligations allant de soi, pesant nécessairement sur l’individu, mais comme des conventions instituant un ordre humain que l’homme s’engage, en toute liberté de conscience, à respecter – même s’il lui arrive d’en mesurer l’imperfection.
Ces conventions mettent en place des obligations : l’homme se distingue de l’animal, pur être naturel ; il n’instaure pas avec ses semblables de simples rapports de force, fondés sur l’instinct, il met en place des limites morales et juridiques contrôlant la force des pulsions et les passions.
Ainsi Socrate, malgré son anticonformiste, reste fidèle aux idéaux d’Athènes. Cet aspect de sa vie, au moment ultime de la mort prochaine, suscitera nombre réflexions et commentaires. Certains philosophes, comme Hegel, verront dans cette fidélité une preuve tragique d’héroïsme extrême, d’autres, comme le philosophe Nietzsche (1844-1900) y verront l’expression grandiose d’un esprit malade, obsédé de morale, préférant la mort à la vie, au mépris de l’affirmation de soi.
Mais, quelles que soient les prises de position, Socrate ne laissera jamais indifférent et suscitera toujours, aussi bien pour sa vie que pour sa mort, des questionnements marqués d’admiration et d’étonnement.

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