Les échanges d'étudiants aux niveaux européen et mondial

Le programme SOCRATES est un programme européen de coopération en matière d’éducation qui fonctionne autour de trois axes : la mobilité des étudiants, la coopération et la mise en réseau des universités. Huit programmes principaux sont destinés à des publics ciblés : Erasmus qui concerne prioritairement l’enseignement supérieur, Grundtvig, dédié à la formation des adultes, Lingua qui a en charge la promotion et la diversité linguistique. Mais la reconnaissance du diplôme acquis à l’étranger dans le pays d’origine de l’étudiant, ne va pas encore de soi.

C’est précisément ce que préconise le protocole de Bologne qui concerne aujourd’hui une quarantaine de pays : il préconise l’harmonisation des diplômes sur la base du Schéma LMD, une licence en trois ans, un master en deux ans et un éventuel doctorat en trois ans.

Les Etats les plus engagés dans cette coopération européenne sont la France et l’Espagne et dans une moindre mesure l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les pays de l’Europe du Nord et les PECO (Pays de l’Europe Centrale et Orientale) auparavant rattachés au bloc communiste, ne jouent qu’un rôle secondaire.

Depuis son lancement en 1987, le programme SOCRATES a touché un million d’étudiants mais chaque année il n’y en a guère plus d’un % qui bénéficie de cette opportunité d’apprendre à l’étranger.

Au niveau mondial, les mouvements d’étudiants relèvent d’une géographie assez simple : ils se dirigent des pays du Sud vers les pays du Nord. Les trois principaux foyers d’accueil sont les Etats-Unis et le Canada, l’Union européenne et le Japon.

Largement en tête, les Etats-Unis ont ainsi accueilli en 2002 un million neuf cent mille étudiants. Ils sont en compétition avec l’Union Européenne et le Japon pour attirer les professeurs les plus qualifiés et les étudiants les plus prometteurs.

Les zones de départ sont localisées au nord et au centre de l’Amérique du Sud, en Amérique centrale, toute l’Afrique noire et l’Afrique du Nord, l’Asie du Sud et la Chine, qui développe toutefois très rapidement son système universitaire.

L’Afrique constitue la principale zone de départ et les principaux pays d’accueil sont :
- la France très loin devant les autres avec plus de 100 000 étudiants,
- les Etats-Unis avec un peu moins de 40 000,
- l’Allemagne avec un peu plus de 20 000,
- le Royaume-Uni légèrement en dessous 20 000.

L’internationalisation des échanges d’étudiants est donc devenue un phénomène banal.

Outre les programmes classiques de coopération universitaire, certaines actions méritent d’être suivies attentivement. Des Etats jeunes s‘ouvrent au marché du savoir et cherchent à attirer chez eux des antennes d’universités prestigieuses. L’Emirat d’Abû Dhabi a conclu en 2006 un accord de coopération avec l’Université de Paris lV, pour installer une annexe de la Sorbonne avec des cours assurés par des enseignants français.

Outre l’objectif purement universitaire c’est aussi la volonté de rapprocher deux cultures et de jeter un « Pont entre les civilisations » qui a guidé ce projet. L’UNESCO est très impliquée dans la Coopération Universitaire Internationale (CUI).

Fidèle aux objectifs des Nations-Unies, cette organisation s’attache à la promotion du développement socio-économique par lequel passe le maintien de la paix, le renforcement et l’extension de la démocratie et l’affirmation du respect des droits de l’homme.

Consciente aussi du danger que représente la fuite des cerveaux, l’UNESCO tente de ralentir ce phénomène en insistant sur la nécessaire coopération intellectuelle et sur la mise en réseau des enseignants et des chercheurs.

Considérée sous cet angle, la coopération universitaire peut donc remédier à la fracture nord/sud.

La fuite des cerveaux désigne l’expatriation vers les Etats-Unis, l’Europe ou le Japon des scientifiques et des universitaires qui quittent leur pays d’origine ou n’y reviennent pas après leurs études. Elle représente un véritable danger pour les pays du Sud car les cadres diplômés, les ingénieurs, les médecins, les professeurs et les chercheurs qui restent dans les pays du Nord renforcent la fracture du savoir au lieu de contribuer à la réduire.

Aux Etats-Unis 40 % à 70 % des postdoctorants sont des étudiants étrangers recrutés par des universités prestigieuses comme Berkeley ou Harvard. On les trouve dans toutes les disciplines, sciences dures - physique, mathématiques - ou sciences humaines. Les Etats-Unis exercent cette attraction, grâce aux salaires et aux bourses versés, grâce à la qualité des conditions de travail et à la véritable synergie qui existe entre universitaires.

Quand cette hémorragie de cerveaux touche des pays développés elle peut être pénalisante mais ne constitue pas une catastrophe. Au contraire quand ce sont les pays les plus défavorisés qui sont touchés par cet exode du savoir, c’est tout le développement économique qui est compromis.

Haïti a perdu ainsi 80 % de ses diplômés, 50 % des diplômés capverdiens et somaliens travaillent dans les pays de l’OCDE. Et 75 % des médecins nés au Mozambique officient aujourd’hui à l’étranger.