Littoraux et métropolisation en Chine

L’ouverture, dans les années 1978-1980 des Zones Economiques Spéciales (ZES) avec Zhuhai, Shenzhen, Shantou et Xiamen a permis d’attirer de nombreuses entreprises étrangères grâce à une main- d’œuvre peu coûteuse et à une fiscalité particulièrement attractive.

La participation aux échanges mondiaux est facilitée par la présence de nombreux ports dotés d’équipements modernes. Ils sont en particulier équipés pour charger et décharger rapidement les porte-conteneurs. Shanghai est depuis 2005 le premier port du monde et six autres situés le long de cette façade figurent parmi les dix premiers mondiaux.

Par la suite des industries de haute technologie, des centres de recherche et l’ensemble des activités tertiaires se sont localisés là. L’accumulation d’hommes, d’activités, le dynamisme des échanges expliquent la littoralisation de la façade pacifique de la Chine.
 

Cette localisation littorale des industries s’inscrit pleinement dans le processus de mondialisation. Il convient en effet d’être au contact direct des hydrocarbures et autres matières premières importées pour limiter les frais de transports et les ruptures de charges.

De même l’exportation des produits finis se fait directement en évitant les longs acheminements terrestres. Cette organisation incite les industries à s’installer dans les ports, ce qui devient possible avec la création des zones industrialo-portuaires. La main-d’œuvre est alors appelée à migrer de l’intérieur vers la côte. La fonction d’échange est donc au cœur non seulement du développement économique des littoraux mais aussi de l’accumulation humaine et de la formation des métropoles.
 

Pour répondre à l’offre d’emplois, d’importantes migrations internes se sont mises en place. Il fallait fournir aux industries et services qui s’implantaient sur la façade littorale la main-d’œuvre nécessaire.

Aujourd’hui un tiers de la population chinoise vit et travaille sur une frange littorale, entre Shenyang et Ghangzhou. Sur ces 400 millions de citadins littoraux, 140 millions sont des paysans ouvriers qui ont quitté leurs campagnes, travaillent dix heures par jour et s’entassent le soir dans des dortoirs. A côté, une classe moyenne, des cadres et une bourgeoisie d’affaires profitent au contraire de la croissance économique et jouent un rôle important dans l’occidentalisation des modes de vie.
 

Le couple urbain Beijing Tianjin au nord, Shanghai au centre et la conurbation Guangzhou-Hong Kong au sud constituent les trois grands ensembles métropolitains de la Chine littorale. Outre les activités industrielles de main d’œuvre, les activités portuaires et les fortes densités démographiques, s’y concentrent les pôles technologiques, les industries de pointe, les sièges de sociétés, les centres financiers qui légitiment le statut de métropoles.

Toutefois dans cet Etat au pouvoir fortement centralisé, le gouvernement cherche à développer la Chine de l’intérieur et le pouvoir décisionnel des métropoles reste limité. En ce sens les métropoles chinoises n’ont pas, dans leur statut de centre, le même impact que les métropoles des pays d’économie de marché.
 

Avec ses 20 millions d’habitants Shanghai, s’organise à l’intérieur d’un quadrilatère de 80 kilomètres sur 100. Le fleuve Huangpu traverse la ville. La partie en bâti continu, 14 millions d’habitants, s’étend sur près de 1100 kilomètres carrés et incorpore le vieux centre touristique, le Bund ancien quartier des affaires, le nouveau CBD (Central Business District) et la place financière de Lujiazui. Au sud-ouest, s’est développé le nouveau quartier de Pudong, le quartier des gratte-ciels qui sont plus nombreux qu’à New York et le parc de haute technologie de Zhangjiang.

C’est une métropole en croissance permanente, 200 000 logements s’y construisent chaque année, mais la place commence à manquer pour certaines infrastructures. Ainsi un nouveau port en eaux profondes est en construction sur les îles Yangshan, reliées au continent par un pont de 32,5 kilomètres, le plus long du monde.
 

Comme Tokyo, Londres, New York ou Los Angeles, Shanghai est une métropole planétaire, largement ouverte sur le monde depuis 1990, retrouvant ainsi la vocation de porte d’entrée de la Chine qu’elle avait au début du XX^e siècle. Des infrastructures complètes et cohérentes permettent cette ouverture. Outre le port, deux aéroports, accueillent les vols, nationaux à Hongqiao et internationaux à Pudong.

Ce dernier, de construction récente et desservi par un train à sustentation magnétique, le Maglev, qui relie, sur 32,5 kilomètres, l’aéroport au centre ville. Il faut sept minutes pour parcourir cette distance.

Le métro est en extension permanente, six lignes actuellement et neuf prévues pour 2010, date de l’exposition universelle. Le Huangpu est franchi par plusieurs ponts et tunnels qui permettent de circuler dans l’agglomération.

A l’instar des métropoles occidentales, Shanghai connaît une circulation automobile envahissante et polluante. C’est également une métropole culturelle avec un opéra moderne construit en 1998 par l’architecte français Jean-Marie Charpentier et une capitale de la mode qui reçoit des salons internationaux. C’est enfin, après Hong Kong, la seconde bourse de Chine : elle assure la cotation de plus de 800 sociétés.