L'essentiel
La réunification allemande est un processus essentiel
pour ce pays et l'Europe. La situation de l'Allemagne sur le
continent s'en est trouvée inversée :
d'Etats périphériques en Europe traversés
par le rideau de fer, elle devient Etat central,
véritable interface entre l'Est (PECO) et l'Ouest (UE).
Cette réunification est un pas essentiel qui a
renforcé la puissance allemande en Europe. Mais elle a
nécessité une forte volonté politique et
de nombreux sacrifices (financiers et sociaux) qui ont
fragilisé la société allemande.
1. La réunification, un défi nécessaire
a. Les deux Allemagnes
Après la défaite du Reich en mai 1945, les
vainqueurs décident, lors des grandes conférences
interalliées, du partage de l'Allemagne en 4 zones
d'occupation. Mais les alliés d'hier (USA et URSS),
dès 1947, se querellent. Le statut de l'Allemagne va
alors cristalliser les principaux heurts liés à la
Guerre froide en Europe. Dès 1948, la crise de Berlin
provoque la scission de l'Allemagne en deux Etats,
séparés par le rideau de fer (symbolisé
à partir de 1961 par le mur de Berlin) : la RFA
intégrée au « monde libre »
et la RDA, incluse dans le bloc soviétique.
b. Une réunification inattendue
Suite à l'implosion du bloc socialiste et à la
libéralisation dans les démocraties populaires
en 1989, les deux Etats se réunifient le
3 octobre 1990 grâce à l'adhésion
de la RDA à la RFA. Cet acte efface les dernières
traces de la Guerre froide en Europe. Il faut souligner la
volonté politique du chancelier Helmut Kohl, qui a
souhaité ainsi voir « l'unité du peuple
allemand [...] désormais achevée »
(préambule de la Loi fondamentale de 1990).
Grâce à cette réunification l'Allemagne
devient le pays le plus peuplé d'Europe avec
82 millions d'habitants, ce qui en fait,
théoriquement, le pays ayant le plus de poids au Parlement
européen.
2. La réunification, un défi aux
conséquences multiples
a. Un défi territorial et politique
L'intégration de la RDA à la RFA a eu comme
première conséquence l'augmentation du nombre de
Länder (16 aujourd'hui) : aux
10 Länder composant la RFA se sont ajoutés
les 6 constituant l'ex-RDA. Pour les différencier, on
appelle anciens Länder les 10 de l'ex-RFA et
nouveaux Länder les 6 de l'ex-RDA.
Cela a des conséquences importantes en termes
d'aménagement du territoire. Tout d'abord, la capitale
allemande a migré vers l'est. A Bonn (capitale de
l'ex-RFA), les Allemands préfèrent Berlin, la
capitale historique. Si Bonn conserve le siège de
8 ministères, Berlin est un immense chantier (qui a
été symbolisé par celui du Bundestag)
qui doit doter la nouvelle capitale comptant 3,5 millions
d'habitants d'un rayonnement culturel et économique de
premier ordre. Le centre de gravité allemand s'est
déplacé vers l'est. Autre conséquence,
l'évolution du réseau de communication.
Désormais la priorité n'est plus accordée
aux axes nord-sud (ex. : l'autoroute HA-FRA-BA pour
Hambourg, Francfort, Bâle) mais aux axes est-ouest. Ceux-ci
permettent de relier anciens et nouveaux Länder et,
au-delà, l'Europe de l'Ouest aux PECO. Ils mettent
ainsi en valeur la nouvelle situation allemande de carrefour.
b. Un défi économique
La réunification, après un court temps d'euphorie,
a été vécue comme un traumatisme par les
Allemands. Il a fallu très rapidement adapter les
industries est-allemandes à l'économie de
marché. Ce fut le rôle de la Treuhand qui a
rapidement restructuré l'outil productif est-allemand
entre 1990 et 1994. Cela s'est traduit par la fermeture
de nombreuses usines à l'Est et par la privatisation des
plus rentables. Il a également fallu unifier les
monnaies : la parité entre Mark Est et Mark Ouest a
été décidée. Cette politique de
réunification a eu pour conséquence une
véritable désindustrialisation des nouveaux
Länder et a coûté cher à l'ex-RFA.
c. Un défi social
Devant l'ampleur des difficultés
générées par une réunification
à marche forcée (perte de pouvoir d'achat,
désindustrialisation, chômage...), de nombreux
Allemands des nouveaux Länder ont migré vers les
anciens Länder afin de trouver une situation
économique plus favorable. Cela alimente une
« nostalgie » et une certaine rancœur
vis-à-vis du gouvernement.