L'anarchisme individualiste
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L’anarchisme, dans son acception habituelle,
apparaît au 19e siècle et
se caractérise, sous les différentes formes
qu’il a pu revêtir, par la haine de
l’État, et par la volonté de le
faire disparaître. Plusieurs courants
anarchistes peuvent être répertoriés, en
fonction des doctrines et des idées auxquelles chacun
d’entre eux se rattache : l’anarchisme classique se distingue
notamment de l’anarchisme
individualiste, représenté
essentiellement par Bakounine,
théoricien anarchiste russe.
1. L'anarchsime individualiste par Bakounine
a. Le collectivisme contre le communisme
Bakounine (1814-1876),
théoricien anarchiste russe, défend une
théorie radicalement différente de celle de
Stirner concernant la
société, puisqu’il
considère la société comme
« naturelle », contrairement
à Max Stirner (1806-1856).
Bakounine met en avant l’idée de « révolte » ; seule la révolte permettra à l’homme de conquérir sa liberté, réalisée au sein d’une société sans État. À l’instar de Stirner, il érige le moi en valeur suprême, et c’est pourquoi la société n’est pas une fin en elle-même, mais un moyen, qui doit permettre à l’individu de se réaliser pleinement lui-même. L’individu n’a en effet pas d’autre finalité que lui-même.
Bakounine oppose en outre le « collectivisme », qu’il préconise, et le « communisme », qu’il condamne : « Je déteste le communisme [autoritaire], parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté […] ».
Bakounine met en avant l’idée de « révolte » ; seule la révolte permettra à l’homme de conquérir sa liberté, réalisée au sein d’une société sans État. À l’instar de Stirner, il érige le moi en valeur suprême, et c’est pourquoi la société n’est pas une fin en elle-même, mais un moyen, qui doit permettre à l’individu de se réaliser pleinement lui-même. L’individu n’a en effet pas d’autre finalité que lui-même.
Bakounine oppose en outre le « collectivisme », qu’il préconise, et le « communisme », qu’il condamne : « Je déteste le communisme [autoritaire], parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté […] ».
b. La violence est inéluctable
On comprend dès lors ce qui sépare les
thèses anarchistes de la doctrine marxiste,
même si certains anarchistes y adhèrent, au
nom de la défense de la classe
prolétarienne : alors que Marx prévoit le
dépérissement naturel de
l’État, une fois installée la
« dictature du
prolétariat », Bakounine pense que l’État
doit être détruit, de manière
volontariste. Cela suppose le recours
inévitable à la violence.
2. Peut-on être anarchiste aujourd'hui ?
a. Le déclin de l'anarchisme
L’anarchisme classique et l’anarchisme
individualiste correspondent à une
époque bien précise
(19e siècle et début du
20e siècle). Même dans une
optique révolutionnaire, personne
n’envisage plus vraiment aujourd’hui
l’idée d’une
« société sans
État » ou celle d’un
« règne d’un individu autonome et
libre ».
G. Crowder, philosophe américain contemporain, montre que l’anarchisme a décliné lors de l’avènement des États communistes, au cours du 20e siècle, édifiés selon le modèle soviétique. Ceux-ci ne se sont pas développés dans le sens d’une disparition progressive de l’État, comme l’avait prévu Marx, mais au contraire dans le sens de son renforcement. Jamais les États n’ont eu un pouvoir aussi absolu que sous les régimes communistes ; est ainsi apparue, avec le communisme, la notion de « totalitarisme de gauche », par opposition à un « totalitarisme de droite » – les deux totalitarismes se caractérisant par l’instauration d’une terreur quotidienne. Les individus n’ont jamais été aussi asservis que sous ces régimes, qui procédaient, comme l’a montré Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme (1951) à un assassinat de l’individualité.
G. Crowder, philosophe américain contemporain, montre que l’anarchisme a décliné lors de l’avènement des États communistes, au cours du 20e siècle, édifiés selon le modèle soviétique. Ceux-ci ne se sont pas développés dans le sens d’une disparition progressive de l’État, comme l’avait prévu Marx, mais au contraire dans le sens de son renforcement. Jamais les États n’ont eu un pouvoir aussi absolu que sous les régimes communistes ; est ainsi apparue, avec le communisme, la notion de « totalitarisme de gauche », par opposition à un « totalitarisme de droite » – les deux totalitarismes se caractérisant par l’instauration d’une terreur quotidienne. Les individus n’ont jamais été aussi asservis que sous ces régimes, qui procédaient, comme l’a montré Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme (1951) à un assassinat de l’individualité.
b. L'anarchisme est-il un courant de droite ou de
gauche ?
Si l’anarchisme paraît être un courant de
« gauche », dans la
mesure où il dénonce, à ses
origines, le pouvoir des riches sur les pauvres, des
dominants sur les dominés, dans la mesure
où il prône la révolte et la
révolution, il rejoint inévitablement
les courants de « droite », quand
il pose comme principes absolus l’individu et la
liberté, ou encore quand il dénonce
le pouvoir excessif de l’État.
Le libéralisme a en effet pu défendre les mêmes principes, or nous comprenons le libéralisme aujourd’hui comme un courant de « droite », par rapport au socialisme. Dans les débats actuels, s’opposent notamment ceux, philosophes ou hommes politiques, qui défendent un socialisme libéral et ceux qui estiment au contraire qu’un socialisme, par essence, ne peut être libéral. En fait, le social-libéralisme estime qu’une politique sociale est compatible avec les impératifs économiques actuels (mus essentiellement par l’exigence de « croissance »), ce à quoi ne peuvent consentir les socialistes qui se proclament « authentiques », et veulent se démarquer des premiers.
Le libéralisme a en effet pu défendre les mêmes principes, or nous comprenons le libéralisme aujourd’hui comme un courant de « droite », par rapport au socialisme. Dans les débats actuels, s’opposent notamment ceux, philosophes ou hommes politiques, qui défendent un socialisme libéral et ceux qui estiment au contraire qu’un socialisme, par essence, ne peut être libéral. En fait, le social-libéralisme estime qu’une politique sociale est compatible avec les impératifs économiques actuels (mus essentiellement par l’exigence de « croissance »), ce à quoi ne peuvent consentir les socialistes qui se proclament « authentiques », et veulent se démarquer des premiers.
3. Les formes contemporaines de la condamnation de
l'état
a. Le libertarisme
Les « libertariens » (du
terme anglais
« libertarian », que
l’on peut traduire par
« libertaire »), appartiennent
à courant de pensée apparu aux
États-Unis représenté par le
philosophe Robert Nozick (Anarchie,
État et Utopie, 1974). Au nom de la
liberté
individuelle, le libertarianisme condamne
toute intervention de l’État qui viendrait
à limiter cette liberté.
A même été conçu le terme de « minarchisme », pour qualifier cet ultra-libéralisme (« min » pour « minimum », et « archisme » pour « pouvoir », soit « un minimum d’autorité »). On s’aperçoit que la terminologie est complexe : Bakounine se qualifiait lui-même de « libertaire ». Mais c’est, estime G. Crowder, dans une politique résolument individualiste d’une gauche à visage très différent de la gauche classique que l’on pourrait trouver aujourd’hui quelques résurgences d’anarchisme.
Ainsi, le « féminisme radical », l’« environnementalisme » (« écologisme ») et le « postmodernisme » présentent encore quelques similitudes avec l’anarchisme.
A même été conçu le terme de « minarchisme », pour qualifier cet ultra-libéralisme (« min » pour « minimum », et « archisme » pour « pouvoir », soit « un minimum d’autorité »). On s’aperçoit que la terminologie est complexe : Bakounine se qualifiait lui-même de « libertaire ». Mais c’est, estime G. Crowder, dans une politique résolument individualiste d’une gauche à visage très différent de la gauche classique que l’on pourrait trouver aujourd’hui quelques résurgences d’anarchisme.
Ainsi, le « féminisme radical », l’« environnementalisme » (« écologisme ») et le « postmodernisme » présentent encore quelques similitudes avec l’anarchisme.
b. Les options féministe, écologiste
et postmoderniste
Le féminisme
radical, avec Emma Goldmann (Anarchism and
Others Essays, 1910), estime que
l’État est une autorité
essentiellement patriarcale. Le pouvoir de
l’État, parce qu’il est mis en place
par des hommes et pour des hommes, est par essence
« hiérarchique et
autoritaire ». En féminisant le
pouvoir, on détruit ainsi toute forme de
domination de l’individu sur l’individu.
Les hommes, depuis l’avènement de l’ère industrielle, ont rendu absolu le pouvoir de l’homme sur la nature, expliquent les environnementalistes. Nous pensons ainsi que notre rôle est de soumettre la nature. Il faut donc instaurer une « société écologique », afin de retrouver l’harmonie perdue (entre l’homme et la nature), ce qui suppose la destruction des structures étatiques existantes.
Le « postmodernisme » invoqué par G. Crowder se réfère à la pensée du philosophe français Michel Foucault (1926-1984), qui dans l’ensemble de son œuvre à tenté de mettre en évidence la manière dont fonctionnaient les mécanismes de pouvoir et de domination, mécanismes générant l’exclusion ou la marginalisation de certaines catégories de personnes (les malades mentaux et les homosexuels, par exemple).
Les hommes, depuis l’avènement de l’ère industrielle, ont rendu absolu le pouvoir de l’homme sur la nature, expliquent les environnementalistes. Nous pensons ainsi que notre rôle est de soumettre la nature. Il faut donc instaurer une « société écologique », afin de retrouver l’harmonie perdue (entre l’homme et la nature), ce qui suppose la destruction des structures étatiques existantes.
Le « postmodernisme » invoqué par G. Crowder se réfère à la pensée du philosophe français Michel Foucault (1926-1984), qui dans l’ensemble de son œuvre à tenté de mettre en évidence la manière dont fonctionnaient les mécanismes de pouvoir et de domination, mécanismes générant l’exclusion ou la marginalisation de certaines catégories de personnes (les malades mentaux et les homosexuels, par exemple).
Conclusion
Aujourd’hui, les thèses véritablement
révolutionnaires ou anarchistes semblent, au sein des
sociétés occidentales, pratiquement
inexistantes, chacun s’accordant à
reconnaître les dangers d’une idéologie
prônant l’existence d’une
société sans État. Cela provient
sans doute du fait que nos sociétés,
précisément, sont complexes, et que
l’existence d’un État
démocratique protège davantage les individus
qu’il ne les opprime.
Les questions politiques et philosophiques s’orientent davantage autour de l’interrogation : « Faut-il limiter ou étendre le pouvoir de l’État ? », et non plus autour de celle : « Faut-il supprimer l’État ? ». La question de la suppression de l’État s’est ainsi essentiellement posée lorsque l’État exerçait un pouvoir absolu ou abusif, selon les critères précisément « démocratiques » qui sont aujourd’hui les nôtres.
Les questions politiques et philosophiques s’orientent davantage autour de l’interrogation : « Faut-il limiter ou étendre le pouvoir de l’État ? », et non plus autour de celle : « Faut-il supprimer l’État ? ». La question de la suppression de l’État s’est ainsi essentiellement posée lorsque l’État exerçait un pouvoir absolu ou abusif, selon les critères précisément « démocratiques » qui sont aujourd’hui les nôtres.
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