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Une pensée cohérente est-elle une pensée vraie ?

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1. Qu'est ce qu'une pensée cohérente ?
a. Sens du mot « cohérence »
On qualifie de « cohérents » une suite de pensées, ou encore un discours, pour autant qu'ils forment un tout logique ou rationnellement ordonné, par opposition par exemple à des paroles « incohérentes », sans ordre ou sans suite.
Plus précisément, la cohérence implique l'absence de contradiction, soit le respect d'un principe fondamental de la logique, qui est en effet, selon Maurice Pradines, « la fonction de cohérence dans la pensée, dans la parole et dans l'action ».
b. Une pensée cohérente est celle qui est conforme à la logique
La logique est une discipline qui a pour objet de déterminer les formes valides du discours et de la pensée. Or les principes logiques fondamentaux sont les suivants :
- Selon le principe d'identité, tout être est identique à lui-même (A=A) ;
- Selon le principe de contradiction, comme le rappelle Aristote : « il est impossible, pour une même chose, d'être et de n'être pas en même temps », et « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport » (A ne peut être à la fois B, et non-B : Pierre ne peut être à la fois innocent et coupable) ;
- Selon le principe du tiers-exclu, un énoncé est soit vrai, soit faux, à l'exclusion de toute autre possibilité.

Sera donc « cohérente » une pensée qui demeure conforme aux règles logiques, et essentiellement à ces trois principes fondamentaux, en chacun de ses jugements et déductions.
c. Logique et syllogistique
La logique classique à partir d'Aristote étudie les formes valides du syllogisme, c'est-à-dire des raisonnements composés de trois propositions, une conclusion suivant nécessairement de deux prémisses initiales :

Tous les hommes sont mortels,
Socrate est un homme,
Donc Socrate est mortel.


La syllogistique a pour but de distinguer les raisonnements valides (ce qui est le cas du précédent), de ceux qui sont non-valides, donc non cohérents : par exemple, déduire un énoncé particulier (« Socrate est mortel ») à partir d'un énoncé universel (« Tous les hommes sont mortels ») est un raisonnement valide, mais non l'inverse (que Socrate ait les cheveux blancs ne permet pas de dire que tous les hommes ont les cheveux blancs).
La cohérence ou la logique serait donc bien la condition nécessaire de toute pensée vraie ; mais en est-elle pour autant la condition suffisante ?

2. La cohérence : une condition nécessaire mais non-suffisante de la vérité.
a. La logique ne juge que de la forme d'une pensée...
Nous venons de le voir, la logique et ses principes ont en vue la forme de nos pensées ou raisonnements : ceci apparaît plus clairement encore dans le cadre de la logique moderne, qui a en vue de formaliser le langage naturel afin de mettre davantage en évidence les erreurs de raisonnement, du point de vue de la seule forme, et non des contenus, de celui-ci – ce pour quoi on la nomme couramment « logique formelle ».
b. ... et non de la vérité de son contenu
Le problème est alors que, si le contenu des énoncés ou principes à partir desquels on raisonne est faux, un raisonnement valide aboutira alors à des conclusions également fausses, comme le montre l'exemple suivant :

Tous les oiseaux sont des ovipares
La chauve-souris est un oiseau
Donc la chauve-souris est un ovipare


Le raisonnement est ici formellement valide mais, comme l'une de ses prémisses est fausse au point de vue de son contenu (la chauve-souris n’est pas un oiseau, mais un mammifère volant), la conclusion l'est aussi.
c. La cohérence : une condition non-suffisante de toute pensée vraie
En conséquence, il nous faut dire que s'il est nécessaire, pour penser en vérité, de penser de façon cohérente, cela n'est pourtant pas suffisant : car penser de façon cohérente à partir d'idées fausses ne nous amènera en aucun cas à des idées vraies.

3. De la logique à la méthode
a. Nécessité d'un « critère » de vérité
Si la cohérence formelle d'une pensée ne suffit pas à nous assurer de sa vérité, il convient alors de trouver un critère de vérité qui nous permette d'être certains de la vérité du contenu de nos idées et principes.
Telle est la difficulté qui préoccupe Descartes par exemple, et qui, contre les critères sensualistes ou empiristes (selon lesquels une pensée est vraie pour autant qu'elle se fonde sur la sensation ou l'expérience), propose le critère suivant : une idée vraie est une idée « claire et distincte », et une idée indubitable (dont il est impossible de douter).
b. Double insuffisance de la logique
Non seulement la logique manque d'un tel critère de vérité, mais elle souffre aussi selon Descartes d'une autre lacune majeure : « ses syllogismes et la plupart de ses autres instructions servent plutôt à expliquer à autrui les choses qu'on sait (...), qu'à les apprendre. ». En d'autres termes, la logique ne permet pas de découvrir des vérités nouvelles, elle sert seulement à exposer avec ordre les pensées déjà connues comme vraies.
c. Dépasser la logique au profit d'une méthode
C'est alors bien plutôt une méthode, qui inclura tout à la fois parmi ces principes un authentique critère de vérité, ainsi qu'un petit nombre de « règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement (...) parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles (...) à la connaissance vraie de ce qu'ils peuvent atteindre » (Règles pour la direction de l'esprit, 4).

La méthode de Descartes se compose de quatre règles :
- n'accepter pour principes que les idées indubitables, claires et distinctes (règle de l'évidence),
- décomposer les difficultés (règle d'analyse),
- ordonner nos idées selon des liens déductifs (règle de synthèse),
- vérifier enfin l'ordre et la rigueur des « chaînes de raison » ainsi établies (règle de dénombrement).
Cela seul, au-delà de la seule logique et tout en la prenant en compte, permet de s'assurer à la fois de la vérité du contenu et de la forme de nos pensées.

Pour aller plus loin
Aristote, Métaphysique (IV, 3) : sur le caractère fondamental du principe de contradiction.

Bernard Ruyer, Logique : pour avoir un aperçu sur les diverses formes de la logique moderne et formelle (logique des prédicats, des propositions, etc.).

Descartes, Discours de la Méthode (II) : sur la critique de la logique et l'exposé de la méthode cartésienne.

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