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Le temps est-il contraignant ou libérateur ?

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Objectif

Savoir si le temps est contraignant ou libérateur

Points clés
  • Le temps est une force extérieure, irréversible et irrévocable : l'homme n'a aucune prise sur le temps.
  • Cependant, il donne un sens à notre vie et nous structure.

Le temps est indissociable de toutes nos expériences : il est l’univers dans lequel s’inscrit l’existence humaine. Or, l’homme étant incapable de contrôler ou de dominer le temps, celui-ci apparaît comme une contrainte qui s’impose à lui. L'homme étant immergé dans le temps, il ne peut à son gré échapper à son emprise. Le temps se dérobe toujours.
Cependant, l’horizon de l’homme est également ouvert sur le temps : par ses actions et par ses choix, l'homme peut lui donner, sinon une direction, du moins un sens. C’est seulement en tenant compte du temps que l’homme peut gagner sa liberté et construire son existence.
Le temps est-il, par conséquent, une contrainte ou une libération ? Nous enferme-t-il ou au contraire nous libère-t-il ?

1. Le temps comme contrainte
a. Kronos, le géant destructeur

La mythologie grecque raconte que l’un des Titans nommé Kronos – le Temps – dévora tous les fils qu’il eut avec sa sœur, Rhéa. Seul l’un de ses enfants, Zeus, réussit à échapper à son père et à libérer ses frères : c’est lui qui devint le premier des dieux de l’Olympe. Cette légende nous montre que le Temps est à la fois celui qui engendre et celui qui détruit, puisqu'il dévore sa propre progéniture. C’est toute l’ambiguïté du temps qui est à la fois création et destruction.
Pour l’homme, le temps s’impose tout d’abord comme une force d’anéantissement : dès qu’il vient au monde, l’être humain fait l’expérience du temps comme une puissance destructrice à laquelle il ne peut échapper.

b. Le mouvement implacable du temps

Le temps ne dépend pas de nous et nous y sommes inéluctablement soumis. C’est d’abord une force extérieure qui nous impose sa loi, sans que nous puissions nous y soustraire. Nous nous considérons en effet comme prisonniers du temps. Héraclite d'Éphèse (567-480 av. J.-C.), philosophe présocratique, utilise ainsi une métaphore fluviale pour parler du temps. « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », dit-il ; le temps s’écoule et tout est à chaque seconde changement. L'eau coule en permanence, le fleuve est à la fois toujours le même et toujours autre. Chaque instant disparaît dès qu’il est apparu.
Plus encore, le temps n’a pas d’existence, comme le montrera saint Augustin : comme le passé n’est plus et que le futur n’est pas encore, on ne peut donner aucune consistance au temps (Confessions).
Face à ce mouvement inexorable du temps, on ne peut avoir que des regrets et une conscience douloureuse des ravages qu’il provoque sur son passage.

c. L'irréversibilité du temps

La nécessité du temps apparaît sous la forme de l’irréversibilité. Est irréversible ce dont on ne peut changer le sens (versus signifie en latin « direction »). Ainsi en est-il du temps : il ne peut être parcouru que dans une seule direction – du passé vers l’avenir. Il nous est impossible de revenir en arrière pour revivre des moments heureux. Le temps emporte tout sur son passage, nous empêchant de fixer quoi que ce soit ni même de le retrouver ailleurs que dans les images lointaines du souvenir.
Si le temps est contraignant, c’est que je n’ai aucune prise sur lui. Il est irrévocable. En effet, je ne peux ni accélérer les minutes ou les jours me séparant d’un moment heureux, ni voyager dans le passé pour retrouver une époque révolue. Horizon ouvert sur la mort, le temps nous apprend que tout a un commencement et une fin. C’est avec la conscience de la mort et la perspective angoissante d’une vie limitée que l’homme appréhende son existence. Le temps dresse ainsi des barrières que nous ne pourrons jamais franchir. Le temps est fuyant et l’homme ne peut maîtriser son cours.
Cependant, ce qui enferme la vie de l’homme dans un devenir perpétuel n’est-il pas également ce qui ouvre pour lui le champ possible de ses actions ?

2. Le temps est une libération
a. Le présent, espace d'ouverture sur tous les possibles

Le temps est aussi le lieu de toutes nos créations. En effet il est indispensable qu’un temps s’ouvre à nous pour que nous puissions agir et imprimer notre marque sur les choses. Par l’action, nous pouvons reprendre possession de ce temps qui nous échappe et ainsi transformer le destin en liberté.
C’est en particulier le moment présent qu’il s’agit de saisir. Le présent est le seul temps qui nous appartienne véritablement : il est le temps de nos décisions, de nos réflexions. En agissant aujourd’hui, nous déterminons notre avenir. Ce sont nos choix qui conditionnent notre futur. Le temps nous offre un espace ouvert que nous sommes libres de façonner à notre convenance. À nous de devenir les acteurs de notre existence et de réduire la place laissée au temps pour accroître celle de notre liberté. La menace de la mort et la fugacité du temps révèlent combien il est urgent pour nous d’agir maintenant : c’est parce que nous allons mourir qu’il y a un sens à faire aujourd’hui quelque chose de notre vie. Nous vivons finalement dans l'urgence.

b. Le temps historique : lieu de l'existence humaine

L’histoire apparaît alors comme la forme que les actions humaines donnent au temps. Elle est le temps pris en charge par les hommes. Le temps a une direction unique que l’homme ne peut inverser. Mais par l’histoire et au travers des événements dont il est acteur, l’homme va décider du sens qu’il entend leur donner. Ce sont en effet les hommes qui donnent son sens au temps.

C’est ce que montrera Sartre en disant que l’histoire, en elle-même, n'a pas de sens :  c’est à chacun d’inventer sa vie et de donner ici et maintenant une signification librement choisie à son existence.

c. Le temps, constitutif de notre identité

Si l’homme ne peut inverser le cours du temps, il peut intérioriser la dimension temporelle. En effet, même si ontologiquement le temps est hors de nous et nous échappe, psychologiquement il conserve une existence tangible que notre conscience peut appréhender librement. Nous vivons le temps selon une double temporalité : celle du souvenir, qui correspond à la mémoire du passé, et celle du projet, qui est anticipation de l’avenir.

La conscience permet de réaliser ce « trait d’union » entre des temps différents, comme le dit Bergson. En effet, intériorisé sous forme de « durée », le temps est alors ce qui assure une continuité à l’existence humaine et ce qui constitue l'identité même de l'individu.
Le temps n'est pas, sous cet aspect, différent de l'espace :

« La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs. (...) Nous juxtaposons nos états de conscience de manière à les apercevoir simultanément non plus l'un dans l'autre, mais l'un à côté de l'autre ; bref, nous projetons le temps dans l'espace, nous exprimons la durée en étendue (...) »
(Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889)

Nous nous souvenons de celui que nous avons été et nous nous formons une image de celui que nous voudrions être : nous adoptons donc le temps en lui donnant une empreinte personnelle. En vivant le temps sur le mode de la durée, nous lions les différents moments de notre vie et ainsi nous pouvons leur redonner sens. Nous sommes alors maître de ce temps intériorisé par la conscience.

Le temps est donc contraignant, puisqu’il implique une nécessité à laquelle nous ne pouvons nous soustraire. Mais la contrainte qu'il représente est justement l’outil de notre liberté : c’est dans le temps que nous donnons à notre vie un horizon de sens. Au même moment où le temps nous limite, il nous structure.

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