1. Une méfiance qui reste vive
a. Le changement de contexte
On assiste à de véritables avancées dans le
domaine international. C’est particulièrement vrai
en 1954, avec la fin de la guerre d’Indochine. Simple
conflit colonial, la guerre d’Indochine a pris,
en 1949 avec la victoire communiste en Chine, une dimension
inédite en devenant un véritable conflit de la
Guerre froide. La France a joué de cette dimension pour
obtenir des Etats-Unis une aide substantielle. Mais le changement
de contexte international, à partir de 1953, pousse
bientôt les Etats-Unis à faire pression sur les
responsables français afin de trouver une solution
négociée dans le conflit indochinois. C’est
chose faite en juillet 1954 avec les accords de
Genève. L’année précédente
avait vu un autre conflit s’interrompre grâce aux
négociations : la guerre de Corée.
b. L’achèvement de la constitution des blocs
Malgré le dégel des relations internationales, les
deux blocs achèvent leur constitution. C’est
d’abord du côté occidental
l’entrée de l’Allemagne fédérale
dans l’Organisation du traité de l’Atlantique
nord (OTAN). Faute de pouvoir envisager le réarmement
allemand, voulu par les Etats-Unis, dans un cadre strictement
européen après l’abandon du projet de
Communauté européenne de Défense, les
Occidentaux doivent se résoudre à élargir
l’OTAN à la République fédérale
d’Allemagne en octobre 1954. Cela marque
l’achèvement du dispositif militaire occidental en
Europe. Cet achèvement provoque une réaction
soviétique : l’année suivante,
en 1955, les responsables soviétiques mettent en
place le pacte de Varsovie qui regroupe dans une alliance
militaire les pays du bloc soviétique.
Il existe encore de fait des contentieux entre les deux
superpuissances.
2. L’Allemagne reste au cœur des tensions entre les
blocs
a. L’Allemagne : un vieux contentieux
L’Allemagne est l’un des contentieux qui subsistent
entre les deux superpuissances. En novembre 1958,
Khrouchtchev rouvre effectivement le dossier de Berlin en
exigeant des Occidentaux qu’ils consentent à faire
du secteur occidental de Berlin une ville internationale
neutralisée. Il menace, si les Alliés refusent, de
signer séparément avec la RDA un traité de
paix qui permettrait à l’Allemagne de l’Est de
s’opposer aux mouvements de troupe entre l’Allemagne
fédérale et Berlin-Ouest.
En effet, officiellement, à la fin des
années 1950, aucun traité de paix n’a
été signé entre l’Allemagne et les
différents belligérants de la Seconde Guerre
mondiale (ce ne sera le cas qu’au début des
années 1970).
Ainsi, la situation allemande reste régie par les
dispositions prises lors des conférences
interalliées de 1945. La signature
séparée d’un traité de paix par
l’Union soviétique rendrait caduque ces
dispositions de 1945 et risquerait d’entraver les
accès occidentaux à Berlin-Ouest, enclave dans le
territoire de la RDA. Mais les Occidentaux ne cèdent pas
et une conférence réunie à Genève
durant l’été 1959 n’apporte
aucune solution à la question allemande. Bien que cette
conférence soit un échec, elle marque une
certaine avancée car c’est la première fois
que les quatre grands Alliés de 1945 se retrouvent
ensemble depuis la fin du procès de Nuremberg,
en 1946.
b. La poursuite du bras de fer et son dénouement
Le bras de fer se poursuit jusqu’en 1961. Devant
l’inflexibilité alliée, Khrouchtchev doit
donc renoncer à ses projets. Mais les Allemands payent une
nouvelle fois le prix des tensions internationales : dans la
nuit du 13 au 14 août 1961, le gouvernement de la RDA
fait édifier un mur le long de la ligne de
démarcation qui sépare Berlin-Ouest de Berlin-Est.
En septembre 1961, l’Union soviétique fait
savoir qu’elle reprend ses essais nucléaires.
L’année suivante, éclate la crise des
missiles de Cuba.
L’essentiel
Malgré la coexistence pacifique entre les deux
superpuissances, les tensions restent très vives entre
les deux blocs et entre les deux superpuissances. En
particulier, l’Allemagne demeure une source de
contentieux importants.