1. L'Europe chrétienne et le recul de la foi
a. Un recul de la foi et des pratiques religieuses
Dans les régions rurales de l'Europe (comme l'Irlande) et
plus encore à l'est (Pologne, Russie) qu'à l'ouest,
la religion reste très présente. L'ensemble des
populations garde la foi et y respecte les rites. Le recul de la
foi et des pratiques religieuses se manifeste surtout dans les
régions industrielles et dans les grandes villes en
développement au Royaume-Uni, en France et en
Allemagne.
Les élites, les socialistes, les ouvriers et les
républicains pratiquent peu ou pas et souvent de moins en
moins. Les pratiquants eux-mêmes s'éloignent de
l'Eglise : on respecte les temps forts du calendrier
religieux et des rites (Pâques, enterrements, mariages...),
mais la pratique régulière recule et les
consciences se détachent des directives des hommes
d'Eglise.
b. Les causes du recul de la foi
Ce recul de la foi peut s'expliquer par le fait que les Eglises
sont souvent liées aux partis conservateurs et aux
régimes non démocratiques ; elles soutiennent
les monarques et se heurtent aux aspirations libérales et
démocratiques des populations. De plus, la
modernité et les découvertes scientifiques font
douter face aux enseignements séculaires du clergé.
La science n'apporte-t-elle pas plus de réponses que
l'Eglise ? Enfin, la laïcisation des Etats, par exemple
des écoles et des hôpitaux et le
développement de la scolarisation, font perdre aux Eglises
la direction des consciences.
2. L'Eglise catholique face aux bouleversements du siècle
a. Le renouveau religieux à la fin du
XIXe siècle
Le clergé romain tente de regagner le terrain perdu et
favorise la démonstration de la foi (les processions). Les
pèlerinages de Lourdes, de Lisieux, de Fatima sont suivis
par des milliers de fidèles. Les rites sont
précisés, on construit des édifices (par
exemple, le Sacré-Cœur à Paris pour expier
les fautes commises lors de la Commune par les
« sans-Dieu ») et les curés sont
bien préparés à leur charge.
Enfin, la colonisation est l'occasion, via les missions,
d'étendre en Afrique et en Asie (avec plus ou moins de
succès) la diffusion du christianisme qui attire
d'ailleurs certains intellectuels (Claudel, Max Jacob), car on
sait à la fin du XIXe siècle que la
science ne peut pas tout expliquer.
b. Le rôle des papes
Dans un premier temps, les papes condamnent la modernité,
car elle remet en cause l'enseignement et les croyances
séculaires de l'Eglise. Ils renforcent donc leur
autorité au moyen du dogme de l'infaillibilité
pontificale. Mais Léon XIII condamne la lutte des
classes autant que l'exploitation des ouvriers (encyclique
Rerum novarum de 1891). Pie XI, au début
du XXe siècle, prend position contre le
communisme athée et contre les régimes totalitaires
qui détournent les consciences de la vraie foi.
L'essentiel
De 1848 à 1939, les Eglises gardent globalement une
place prépondérante dans tous les pays
européens. Toutefois, les historiens ont pu parler de la
déchristianisation des populations.
En fait, au-delà de l'influence des Lumières, ce
sont les bouleversements liés à
l'industrialisation, les découvertes scientifiques et
les idées des socialistes qui expliquent la remise en
cause des Eglises et le recul de la pratique religieuse. La
hiérarchie catholique tente de s'adapter ou rejette la
modernité en gardant un impact sur bien des consciences
et dans bien des domaines.