Des rythmes de croissance différents entre les pays du nord et ceux du sud

Les pays du Nord se caractérisent par une croissance positive du PIB. L’Indice de Développement Humain ou IDH, qui conjugue le PIB réel par habitant, le niveau d’éducation et l’espérance de vie, est toujours supérieur à 0,8 (pour un chiffre compris entre 0 et 1).

La richesse produite permet des salaires élevés donc un pouvoir d’achat satisfaisant, elle permet aussi d’assurer les dépenses publiques que requièrent un bon taux de scolarité et un système de santé efficace. Ces pays ont un taux de mortalité bas : en France par exemple, il était de 4 ‰ en 2007 et une espérance de vie moyenne élevé, autour de 75 ans. Ces pays situés en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Asie de l’Est et du Sud-Est produisent 65 % de la richesse mondiale.

Malgré des disparités importantes dans ce groupe, il existe un certain nombre de points communs. Leur IDH se situe entre 0,5 et 0,7 et même à un niveau inférieur pour les pays d’Afrique subsaharienne. Ces Etats se partagent 35 % de la richesse mondiale, l’analphabétisme adulte touche 50 % de la population et l’espérance de vie moyenne atteint péniblement 63 ans.

Ces pays, faute d’un système de santé efficace et de moyens financiers pour accéder aux soins, sont touchés par les grandes pandémies. Certains pays comme la Chine et l’Inde sont entrés dans le processus de mondialisation grâce à des économies largement tournées vers l’exportation de produits manufacturés ou par l’accent mis sur la haute technologie. Pour d’autres Etats, enclavés ou exportateurs produits primaires, la situation est beaucoup plus défavorable.

Les facteurs du retard de développement sont nombreux. Il y a les facteurs exogènes comme la colonisation qui a créé un rapport de dépendance entre les pays colonisés et les puissances colonisatrices.

Actuellement, les pays du Sud sont également victimes d’un ordre économique international qui pérennise cette dépendance : le prix des principaux produits agricoles exportés par ces pays comme le cacao ou le café par exemple est fixé dans les bourses de Chicago ou de Londres. Enfin le prix des produits manufacturés et celui de l’énergie, également fixés au Nord, constituent un obstacle incontournable pour le Sud.

Ainsi, la dépendance du Sud vis-à-vis du Nord est-elle commerciale, financière et technologique. On relève également des facteurs endogènes comme la faiblesse de l’industrialisation, l’instabilité politique, la démographie incontrôlée, le développement rapide des maladies infectieuses, la malnutrition chronique.

L’Amérique du Nord, l’Union européenne et le Japon concentrent l’essentiel des richesses, regroupent les principales bourses mondiales et les sièges des principales firmes transnationales qui distribuent les cartes du jeu économique. Les écarts de développement sont globalement faibles.

L’indice de GINI qui mesure les écarts entre les revenus les plus hauts et les revenus les plus bas, y est très faible, entre 0,2 et 0,4 (cet indice va de 0 à 1, plus il est bas, plus les écarts sont faibles). L’IDH est toujours supérieur à 0,9.

C’est un groupe globalement homogène même si on y observe une progression récente de la pauvreté. Il s’agit de « pauvres relatifs », individus marginalisés par le chômage ou « working poors » dont le travail, insuffisamment rémunéré ne permet pas d’accéder aux consommations essentielles ni parfois de se loger.

Il s’agit là de la première génération de NPI : Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Hong Kong, longtemps appelés les dragons d’Asie. L’IDH se situe entre 0,8 et 0,9 et l’indice de GINI est supérieur à 0,4. Ces pays ont connu depuis le début des années 60 une industrialisation rapide grâce à des transferts de technologie venus principalement du Japon.

L’implantation de zones franches a attiré les IDE (investissement direct à l'étranger). En même temps une politique d’ouverture commerciale leur a permis d’accéder au marché mondial. Grâce à une main d’œuvre qualifiée, courageuse, à des salaires encore bas par rapport à ceux de la Triade et à une forte implication étatique dans le développement économique, ces NPIA font aujourd’hui partie des pays du Nord.

Leur dynamisme économique, commercial et financier leur assure des taux de croissance deux à trois fois supérieurs à ceux de la Triade, ils remportent de grands marchés sur des chantiers internationaux.

Parmi les Pays d’Europe Centrale et Orientale, Etats de l’ancien bloc communiste, se distinguent, ceux qui ont intégrer l’Union européenne à partir des années 2000.

En effet, leur niveau de développement tend à s’aligner sur celui de la Triade avec un IDH compris entre 0,8 et 0,9. L’apport de capitaux et d’investissements venant des Etats de l’UE a permis à des pays comme la République tchèque ou la Pologne un développement très rapide.

A l’opposé certains Etats de l’ex-Yougoslavie, les Etats du Caucase ou ceux de l’Asie centrale sont encore très en retard avec des IDH inférieurs à 0,8. La Russie reste une grande puissance militaire, un exportateur d’énergie essentiel mais la situation sociale se dégrade, les inégalités s’accroissent et l’espérance de vie, masculine est inférieure à la moyenne des pays du Sud !

Ces Etats se développent très rapidement et connaissent une croissance économique très forte, 7,8 % en 2007, en léger recul en 2008 avec 6,5 %.

La Chine est déjà la troisième puissance mondiale mais son IDH de 0,78 est inférieur à celui des NPIA. Les façades littorales connaissent un développement économique étonnant et les grandes villes offrent un standard de vie comparable aux métropoles occidentales mais les campagnes sont encore très attardées, la pauvreté très présente et les salaires parmi les plus faibles du monde.

Le Brésil connaît une situation comparable avec, là aussi, une forte opposition villes/campagnes et des contrastes urbains qui opposent quartiers huppés et favelas.

L’Inde reste contrainte par une trop forte croissance démographique, des blocages sociétaux et un IDH parmi les plus faibles du monde (O,6). Les progrès dans l’agriculture, le développement des technologies de pointe et de l’ensemble des activités tertiaires ne permettent pas d’envisager une vraie croissance économique à court terme même si des entreprises de haute technologie implantées à Bangalore ou Hyderabad font de la pointe sud du Dekkan un triangle émergent.

Dans tous ces pays l’indice de GINI est toujours supérieur à 0,5 ce qui traduit de très grandes inégalités de revenus.

On classe dans cette catégorie les pays dont l’essentiel des ressources repose l’exportation de produits pétroliers mais aussi certains Etats d’Afrique et d’Asie qui sont sur la voie du décollage économique.

Pour les premiers les hauts revenus sont liés à la mono-exportation de pétrole. Leur avenir est donc lié à l’épuisement des gisements. Les Emirats du Golfe persique ont commencé leur reconversion dans le tourisme, les services financiers ou l’enseignement supérieur.

En Afrique, le Maroc ou la Tunisie, grâce au développement touristique et aux activités industrielles qui mobilisent une importante main d’œuvre, sont sur la voie de la croissance économique tout en restant des pays en voie de développement. En Asie, la Thaïlande et l’Indonésie connaissent une situation comparable.

Les PMA (pays les moins avancés) sont les pays les plus pauvres du monde. Ils totalisent 11 % de la population mondiale mais produisent moins de 1 % de la richesse mondiale et participent pour 0,4 % seulement aux échanges internationaux.

Situés essentiellement en Afrique subsaharienne (Soudan, Niger) mais aussi en Asie (Bengla Desh, Myanmar), ces Etats cumulent les handicaps : instabilité politique, mono-exportation, souvent enclavement, contraintes climatiques dont le niveau technologique ne permet pas de s’affranchir, dépendance vis-à-vis de l’aide internationale, épidémies, système sanitaire quasi inexistant, transition démographique inachevée, analphabétisme et dette extérieure qui progresse continuellement. L’IDH y est inférieur à 0,52 et l’espérance de vie en dessous de 50 ans.