1. Un système productif moderne s’appuyant sur des
industries dites « traditionnelles »
a. Une organisation spatiale dominée par les localisations
littorales
L’espace industriel japonais s’étend sur un
axe dont les extrémités sont Tokyo–Yokohama
à l’est et Kita–Kyushu–Fukuoka à
l’ouest. Les rivages du Sud de l’île de Honshu
et ceux de la mer intérieure représentent les zones
de concentration industrielle, principalement le long des
littoraux.
Les pôles les plus puissants et dont les dispositifs de
production sont les plus variés se concentrent autour de
la baie de Tokyo, autour de Nagoya et autour de la baie
d’Osaka. La littoralisation des activités (85 %
des activités industrielles concentrées sur les
côtes sud-est de l’archipel) traduit la prise de
conscience de l’importance des transports internationaux de
marchandises (exportation des productions et
nécessité d’importer les matières
premières qui font défaut à
l’industrie).
b. Des localisations évoluant en réponse à
de nouvelles exigences
Les conditions économiques font évoluer les
localisations industrielles. Le ralentissement des
activités manufacturières touche les villes
littorales. Longtemps, les zones industrielles furent
installées sur des îles artificielles formées
de remblais, ou dans des zones de polders. Les localisations sont
désormais plus variées. De plus en plus, certaines
entreprises sont installées à la
périphérie des villes où l’engorgement
des réseaux est moins fort (ralentissement dans une
activité dominée par la logique des flux tendus,
supposant une grande disponibilité des réseaux de
communication afin de ne pas immobiliser ou ralentir la
marchandise).
Dans le cas de l’usine Toyota, implantée à
Nagoya, l’entreprise préfère une localisation
à la fois excentrée par rapport à la ville
(recherche d’une main-d’œuvre rurale ou
rurbaine) et intérieure (en retrait du littoral,
greffée sur les axes de communication terrestre
(autoroutes) permettant une meilleure relation avec les
fournisseurs et les autres unités du groupe.
2. Un dynamisme industriel fondé sur l’adaptation et
l’innovation
a. Vitalité et reconversion des industries
« traditionnelles »
Les industries textiles emploient près d’un million
de personnes.
Réputées pour la qualité de leurs
productions, elles s’appuient sur un marché
intérieur fidèle qui apprécie cette
qualité.
Les grands complexes industriels aménagés
« sur l’eau » assurent au pays sa
position à la tête de la production mondiale
d’acier (plus de 100 millions de tonnes). Ce secteur
est extrêmement puissant même si la concurrence des
autres pays industrialisés d’Asie (Corée
notamment) est forte. La chimie lourde place également le
pays parmi les premiers producteurs mondiaux. La construction
d’équipements navals assure une place
prééminente au Japon sur les marchés
internationaux. Les industries d’assemblage (automobile,
électronique, machines-outils) représentent un
secteur d’activités très dynamique (quart de
la production mondiale). Elles ont su imposer leurs productions
sur les marchés européens et américains.
b. Les industries de haute technologie, fer de lance du dynamisme
actuel
Depuis les années 1960-1970, le Japon
développe son activité industrielle en direction
des industries à forte valeur ajoutée. La
production de machines-outils et les constructions
mécaniques ont cédé la place au
matériel électrique et électronique :
télévisions, matériel hi-fi et
photographique, horlogerie, téléphonie sans fil. Le
Japon s’est également taillé une place
importante dans le marché de la robotique, de
l’informatique (système de gestion de bases de
données), ou encore de l’aéronautique, de
l’aérospatiale, des télécommunications
et des biotechnologies. Ces secteurs réalisent une grande
partie des valeurs ajoutées industrielles. Les
investissements sur la recherche-développement
représentent 3 % du PNB et sont consacrés
surtout à la recherche appliquée à
l’industrie.
3. Une industrie extravertie
a. Des entreprises puissantes implantées sur tous les
continents
A part inégale, les entreprises japonaises utilisent les
potentiels d’une économie
internationalisée : par l’intermédiaire
d’une politique d’investissements soutenue (les
firmes japonaises investissent dans le secteur manufacturier
à hauteur de 46 % aux Etats-Unis, 26 % en Asie,
16,5 % en Europe, le reste – 11,5 % – sur
les autres continents) et par la délocalisation de sites
de production dans les pays et continents évoqués.
Les avantages dépendent des conditions économiques
et douanières propres à chaque pays :
l’implantation aux Etats-Unis et en Europe permet de
contourner les barrières douanières (Honda aux
Etats-Unis, Toyota en France) ou de trouver une
main-d’œuvre moins coûteuse (pays
émergents d’Asie, Brésil)… Dans tous
les cas, ces implantations permettent aux produits de
l’industrie japonaise d’être très
concurrentiels par rapport aux autres entreprises nationales. Il
faut pourtant nuancer l’importance de
l’internationalisation de l’industrie nippone qui ne
représente que 10 % du PNB national contre 23 %
dans le cas des Etats-Unis.
b. Des échanges importants pour une industrie mise en
système
Le système de production et de recherche est mis en
réseau, c’est-à-dire que toutes les forces de
recherche, de production et de commercialisation sont mises en
place dans un système cohérent destiné
à la productivité la plus efficace. Cette
stratégie offensive de l’industrie japonaise permet
aux entreprises de multiplier les échanges avec les autres
pays en imposant des normes de qualité et
d’efficacité au coût le plus faible : ce
sont les « cinq zéros » du
toyotisme : 0 défaut, 0 stock,
0 délai, 0 panne, 0 papier.
Par exemple, la construction d’un véhicule Toyota
met en jeu 4 pays (Thaïlande, Philippines,
Indonésie, Malaisie) chargés chacun de certaines
étapes de la fabrication et du montage nécessitant
près de 12 transports de matériel semi-fini.
L’essentiel
Les réussites de l’industrie japonaise tiennent
à différents facteurs :
l’investissement dans la recherche-développement
appliquée à ce secteur d’activités,
la gestion efficace de la production et
l’établissement de « têtes de
pont » économiques et commerciales dans les
continents où résident leurs principaux
concurrents. Par ailleurs, la tutelle américaine
(diplomatique et militaire) sur le Japon après 1945
a amené le pays à trouver une position à
l’échelle internationale, fondée sur une
industrie conquérante.