Eugène Ionesco
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En 1938, il revient à Paris pour préparer une thèse sur « le péché et la mort dans la poésie française depuis Baudelaire », tout en travaillant comme correcteur dans une maison d'édition. Très vite, il se consacre entièrement au théâtre.
En 1950, sa première pièce, La Cantatrice chauve, est montée au
théâtre des Noctambules par Nicolas Bataille, mais
elle ne rencontre pas le succès. L'année
suivante, La Leçon obtient un
succès de scandale. Ionesco enrichit son
répertoire d'effets insolites dans
Les Chaises (1952), son
chef-d'œuvre.
Ionesco doit attendre une dizaine d'années avant de
triompher en France avec Rhinocéros en 1959, mis en
scène par Jean-Louis Barrault, puis avec Le roi se meurt, mis en
scène par Jacques Mauclair en 1962.
Dès lors, il s'impose comme le symbole du
nouveau théâtre. En 1970, Eugène
Ionesco est élu à l'Académie
française. Il meurt en 1994.
C'est dans cette mouvance, avec Arthur Adamov et Samuel
Beckett, que Ionesco va révéler le chaos du
monde d'après-guerre jusque dans la parole et le jeu
des acteurs, associant la dérision de
l'époque à une dérision du langage et de
la scène : absence de personnages au sens classique
du terme, absence de psychologie, de caractères,
d'intrigues.
Contre les principes de la logique et de la vraisemblance, le
langage devient absurde et saugrenu, fait de lieux
communs, désarticulé par des
coq-à-l'âne, obscurci par des ellipses. Ainsi le
langage dramatique devient-il le moyen d'exprimer
l'absurde.
Si les personnages de Ionesco donnent l'image d'un échec
de la communication, le dramaturge, lui, parvient parfaitement
à faire passer ce qu'il veut par une recherche
précise de formules, de répliques, de gestes, si
bien que sa réussite lui vient de l'échec de
communication de ses personnages.
L'absurde devient alors un moyen de produire de l'inattendu et de reconstruire de la surprise que les excès du réalisme et de la logique avaient étouffée.
Par ailleurs, il pratique le mélange des
registres, allant du plus noble à la farce la plus
grotesque. Il aime, en particulier, jouer sur la surprise du
langage pour provoquer le rire et ainsi, par ces effets de
rupture, stimuler notre réflexion ou dévoiler
l'inconscient le plus intime des êtres.
Ionesco se fait du comique une conception proche de l'angoisse,
comme il l'écrit dans Notes et
Contre-Notes (1962) :
« Le comique étant l'intuition de
l'absurde, il me semble plus désespérant que le
tragique. Le comique est tragique, et la
tragédie de l'homme dérisoire. »
C'est surtout à partir de 1962 que s'affirme son engagement et que son œuvre prend des dimensions nouvelles ; l'origine onirique des pièces s'affirme encore davantage, ce qui exclut tout réalisme. Avec un mélange de vraisemblance et de fantastique, les marionnettes du début deviennent des personnages synthétiques, des types sans complication psychologique. Son personnage Bérenger, qui figure dans Tueur sans gages (1958), Rhinocéros (1959), Le Piéton de l'air (1962), Le roi se meurt (1962), n'est en somme que l'homme universel menacé par la violence, la haine, la mort.
Le comique prend alors des couleurs tragiques donnant à
l'œuvre une dimension universelle. Rhinocéros, en particulier, montre
le cauchemar d'une société où tout le
monde se métamorphose en l'animal de ce nom,
allégorie du nazisme et de tout régime
totalitaire où seule règne la loi du plus
fort.
Dans Le roi se meurt,
où se mêlent lyrisme tragique et pitreries,
Ionesco met en scène la principale de ses obsessions, la
mort.
D'origine roumaine, Eugène Ionesco est un dramaturge français dont les premières comédies, La Cantatrice chauve (1950), La Leçon (1951), Les Chaises (1952), l'engagent sur les voies d'un nouveau théâtre, souvent qualifié d'« antithéâtre » ou de « théâtre de l'absurde », dévoilant le vide des idées que les mots prétendent signifier, l'absurdité de l'existence et des rapports sociaux.
S'érigeant contre les principes du réalisme et de la vraisemblance, il veut renouveler le plaisir du spectateur, s'appuyant pour cela sur de nouvelles formes de langage et de gestes. Avec Rhinocéros et Le roi se meurt, par exemple, le ton devient parfois plus grave et Ionesco y développe ses préoccupations concernant le libre arbitre, l'impossibilité d'atteindre l'absolu, le mal, la mort.
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