Les différentes formes de croyance
Descartes (1596-1650) adopte une position dite « théiste » lorsqu’il définit Dieu : « Par le nom de Dieu j’entends une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, toute connaissante, toute-puissante, et par laquelle moi-même, et toutes les choses qu sont ont été créées et produites ». (Méditations métaphysiques, III).
Selon Voltaire (1694-1778), le théiste « n’embrasse aucune des sectes, qui toutes se contredisent » (Dictionnaire philosophique). La religion du théiste est en fait universelle, et sa première vocation est de défendre l’opprimé.
En fait, toutes les religions sont considérées comme des expressions légitimes d’un Dieu unique. Parce que l’homme est un être raisonnable, les déistes estiment qu’il ne peut accepter de se soumettre à l’autorité d’une religion révélée par l’Église, constitutive d’un dogme. En fait, le déiste n’admet pas de culte.
Il n’est donc pas facile de distinguer le « théiste » du « déiste », sachant que les deux termes ont souvent été employés comme synonymes. Le déiste est plutôt assimilé à un libre penseur, et à celui qui privilégie la raison. Il prend ses distances, quoi qu’il en soit, avec la religion « officielle ».
Nietzsche (1844-1900) proclame « la mort de Dieu » et la fin des illusions que la croyance engendre. La mort de Dieu coïncide selon lui avec l’apparition de l’homme véritable, authentique. Mais en se libérant du pouvoir que Dieu exerçait sur lui, l’homme rencontre d’autres abîmes, notamment celui de sa finitude. En cessant de croire en Dieu, nous cessons de croire que nous sommes immortels, au sens où il existerait une vie après la mort. L’athéisme, pour Nietzsche, va donc de soi.
Dans Ecce homo, il se réfère à Stendhal : « Peut-être suis-je même jaloux de Stendhal. Il m'a volé le meilleur mot que mon athéisme eût pu trouver : "La seule excuse de Dieu c'est de ne pas exister"... J'ai dit moi-même quelque part : "Quelle a été jusqu'à présent la plus grande objection à l'existence ? Dieu..." ». Nietzsche, en évoquant la mort de Dieu (annoncée par Zarathoustra, dans Ainsi parlait Zarathoustra) n’a pas cependant formé le projet de « tuer » Dieu : il l’a trouvé mort dans l’esprit de son époque. Il s’agit d’un constat.
Pour Freud (1856-1949), la religion est une « illusion ». Les hommes se réfugient dans la religion parce qu’ils ont peur de devenir les maîtres ou les organisateurs de leur propre destin. Ils sont pareils à des enfants qui ont besoin d’un père. L’homme véritablement adulte est un homme qui s’est débarrassé de Dieu, à l’image de l’enfant qui ne s’émancipe véritablement qu’en se débarrassant de son père.
Deux penseurs français, au milieu du 20e siècle, Albert Camus et Jean-Paul Sartre, ont la certitude que Dieu n’existe pas. Pour Camus (1913-1960), le monde est incompréhensible, absurde ; la réalité de la souffrance et du mal n’est pas compatible avec l’existence de Dieu. Comme chez Nietzsche, mais d’une autre manière, la certitude que Dieu n’existe pas engendre l’angoisse, dit en substance Camus.
Le thème de l’angoisse, comme celui de l’absurde, apparaissent également dans l’œuvre de Sartre (1905-1980), et débouchent sur la notion de « néant ». Sartre affirme que l’homme ne peut coexister avec Dieu. L’homme est fabriqué par l’existence qui est la sienne, d’où le terme d’« existentialisme », qui désigne le courant philosophique dont Sartre se réclame : « L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Tel est le premier grand principe de l’existentialisme (…). L’homme est d’abord un projet qui se vit subjectivement. Rien n’existe préalablement à ce projet (…) Ainsi, la première démarche de l’existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu’il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence » (L’existentialisme est un humanisme, 1946). Sartre conclut : « Nous voulons dire que Dieu n’existe pas, et qu’il faut en tirer toutes les conséquences ».
Camus, quant à lui, se référant la phrase fameuse de Dostoïevski (« Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis ») écrit : « Avec ce tout est permis commence vraiment l’histoire du nihilisme contemporain » (La révolte métaphysique).
Pour Spinoza (1632-1677), Dieu et la Nature sont une seule et même chose : Deus sive natura (« Dieu, c’est-à-dire la nature »). Les êtres finis (les hommes, par exemple) ou toutes les choses qui sont dans le monde sont eux-mêmes des expressions, voire des émanations de Dieu. Le panthéiste rejette donc l’idée d’un Dieu personnel, qui veille sur chaque créature, ou d’un Dieu qui aurait créé l’homme à son image. Le dieu de Spinoza n’est pas un dieu transcendant, juge suprême du bien et du mal, qui assigne à chaque créature une existence personnalisée à travers le rapport individuel que chaque individu a avec ce dieu, avec lequel il peut converser, se livrer, qu’il peut supplier et implorer.
Kant (1724-1804) a montré, par exemple, que nous ne pouvions, à l’aide de notre raison, accéder à la connaissance de Dieu. C’est pourquoi le philosophe allemand critique toutes les tentatives des philosophes qui l’ont précédé pour apporter des « preuves » de l’existence de Dieu. Kant ne nie pas l’existence de Dieu : il affirme simplement que l’intelligence de l’homme ne peut comprendre ce qu’il est, et qui il est. Le rapport que les hommes ont avec Dieu relève de la « croyance » : dans la Préface de la 2e édition de la Critique de la raison pure (1787), Kant explique qu’il faut abandonner le savoir, pour lui substituer la croyance. L’existence de Dieu est, au même titre que les idées de « liberté » et d’« immortalité de l’âme », un postulat de la raison pratique.
On ne peut donc classer Kant parmi les agnostiques, même s’il affirme, dans les Réflexions sur l’éducation, que la religion, sans une conscience morale qui l’accompagne, n’est qu’un « culte superstitieux ». Selon les définitions qui ont été proposées, Kant serait plutôt « déiste ».

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