1. Le totalitarisme stalinien
On appelle totalitarisme un régime qui impose par la
terreur et la propagande une adhésion totale des individus
à l'idéologie officielle. Dans ce type de
régime, le pouvoir politique contrôle aussi bien la
sphère publique que la vie privée des gens.
a. Le contrôle de la population
L'emprise de l'Etat sur l'individu est totale. Dès la fin
de la guerre, les quelques libertés qui avaient
été accordées dans les
années 1941-1945 sont supprimées. Staline,
dans le contexte de la Guerre froide, renforce sa dictature. Sont
persécutés tous ceux qui risqueraient de menacer le
régime. Les nationalités non-russes sont
très durement touchées : des millions de gens
sont ainsi déportés, à cause de leur
nationalité tatare, balte, ukrainienne... Toute culture
nationale est interdite. Les prisonniers de guerre qui avaient
été détenus dans des camps en Allemagne sont
déportés, car Staline craint qu'ils aient
été contaminés par le fascisme.
Les Juifs sont également frappés, comme le montre
le « complot des blouses blanches » :
des médecins de l'hôpital du Kremlin, la plupart
juifs, sont faussement accusés d'avoir assassiné
des dirigeants soviétiques et sont
exécutés.
Toute la vie politique, économique et même
culturelle est marquée par la dictature stalinienne ;
la police politique surveille la population, tandis que le
régime, par l'intermédiaire de son idéologue
Jdanov, impose un véritable contrôle sur les
esprits. L'art et la littérature en particulier doivent
répondre aux exigences du régime, et correspondre
au « réalisme soviétique ».
b. Le culte de la personnalité
Le stalinisme est une dictature personnelle fondée sur le
culte de la personnalité. Staline fait répandre
à travers toute l'URSS des portraits et des sculptures
à son effigie. Des odes sont composées à sa
gloire par les écrivains officiels du régime.
Partout, des villes, des rues, des places et des bâtiments
portent le nom de Staline.
Ayant la hantise des complots, Staline fait régner la
méfiance et la terreur parmi son entourage. Il purge ainsi
le Parti de tous ceux qui pourraient lui nuire, et fait
exécuter certains de ses proches collaborateurs.
c. Le système répressif
Le régime stalinien repose sur une répression
policière très lourde. La peine de mort est
rétablie après la guerre. Surtout, quand les
suspects ne sont pas immédiatement exécutés,
ils sont déportés au Goulag, c'est-à-dire
dans les camps de concentration du régime
soviétique, où les conditions de vie et de travail
sont abominables. A la mort de Staline, entre 5 et
12 millions de personnes vivent recluses dans ces camps.
2. La déstalinisation et ses limites
a. La déstalinisation (1956-1964)
En 1953, Staline meurt. Lors du
XXe congrès du PCUS, le nouveau dirigeant
de l'URSS, Nikita Khrouchtchev, dénonce avec virulence le
culte de la personnalité organisé par Staline. La
fin de la terreur stalinienne est annoncée. La
déstalinisation se traduit par la libération de
millions de détenus, et la fin des répressions. La
police politique est réformée : le KGB est
confié à des fonctionnaires sûrs. Le
système judiciaire prévoit des procès
publics et exclut les pressions physiques. La peine de mort est
réservée à des faits exceptionnels et le
Goulag est démantelé en 1958. Pourtant, il ne
faut pas exagérer cette libéralisation. Le
mouvement est vite freiné. Le domaine artistique et
culturel continue d'être totalement sous l'emprise de
l'Etat. L'art doit rester au service de l'idéologie.
Surtout, les démocraties populaires ne profitent
absolument pas de la déstalinisation : le peuple
hongrois en fait la douloureuse expérience lors de la
répression de 1956, lorsque les chars
soviétiques viennent rétablir l'ordre.
b. Le maintien d'un régime répressif
jusqu'en 1985
L'arrivée au pouvoir de Brejnev marque la fin des
réformes de libéralisation envisagées par
Khrouchtchev. Le contrôle politique et moral de la
population est renforcé. Le mouvement dissident se
développe, mais il est réprimé. Les
dissidents sont des intellectuels qui ont rompu avec le
régime et qui en dénoncent les crimes. Le
régime les enferme dans des hôpitaux psychiatriques
ou en prison, ou bien il les exile. Parmi les dissidents
célèbres, on compte A. Sakharov, qui milite
pour les droits de l'homme, et Alexandre Soljenitsyne, qui a
dénoncé les crimes du Goulag dans plusieurs
ouvrages, comme L'Archipel du Goulag. Il est
condamné à l'exil.
Parmi la population, certains tentent d'échapper à
ce totalitarisme, soit à travers une résistance
religieuse (islam en Asie centrale par exemple), soit à
travers une passivité et une fuite dans l'alcool, soit
même à travers le terrorisme.
Mais jusqu'en 1985, l'emprise totalitaire et le poids du
KGB, ne laissent presque aucune marge de liberté
d'expression.
L'essentiel
Après la Seconde Guerre mondiale, Staline renforce son
contrôle sur la société soviétique.
Aucun domaine ne lui échappe. Le régime est
totalitaire et repose sur la propagande et la terreur
répressive. Après la mort de Staline,
Khrouchtchev lance la déstalinisation, qui se traduit
par une certaine libéralisation. Mais après
l'exclusion de Khrouchtchev, l'emprise de l'Etat
soviétique sur les esprits se renforce à nouveau,
et toute dissidence est réprimée.