L’apogée britannique

Le XIX^e siècle anglais est marqué par le très long règne de Victoria I^re (1837-1901). Comme ses successeurs Edouard VII (1901-1910) et George V (1910-1936), elle s'en tient au respect du strict droit parlementaire en nommant un premier ministre, seul chef de l'exécutif et responsable devant la Chambre des Communes. Le chef du gouvernement est choisi à la tête du parti vainqueur des élections législatives où se succèdent conservateurs et libéraux. Cette alternance assure aux Britanniques le respect de leurs libertés individuelles. Comme en France, le droit de vote est d'abord censitaire puis, tour à tour, Conservateurs (Disraeli) et Libéraux (Gladstone) accordent le droit de vote aux ouvriers (1867), aux habitants des circonscriptions les plus peuplées (1884-1885), tandis que la nouvelle loi électorale de 1913 l'accorde aux plus démunis. Cependant, à la veille de 1914, le suffrage universel masculin n’est pas encore reconnu. Cette démocratisation de la société témoigne de la puissance d'une nation qui prend en charge la scolarisation obligatoire et gratuite de ses enfants (1891).

De plus, sous l'impulsion du nouveau parti travailliste, l'Etat parvient à redistribuer une partie de son budget pour la mise en place d'une politique sociale (durée du temps de travail, lutte contre le chômage, salaires minima).

En 1806, Napoléon I^er proclame un blocus économique continental des îles britanniques, c’est à dire qu’il interdit aux pays européens de faire du commerce avec l'Angleterre. Le Royaume-Uni est réduit durant quelques années à un marché d'autant plus restreint que la perte des treize colonies américaines en 1783 se fait toujours sentir vers 1810.

La création d'un empire colonial organisé constitue une solution aux problèmes d'écoulement d'une partie des productions industrielles du pays au moment où la première Révolution industrielle est déjà amorcée. Pour contrer le blocus de Napoléon, le Royaume-Uni a pu s’appuyer sur la suprématie de sa flotte (gagnée en 1805), et privilégier et accroître les rapports commerciaux directs avec son empire colonial. Le blocus imposé par la France a finalement et paradoxalement eu des effets positifs :
- développement in situ de nouvelles techniques de production ;
- fondation de manufactures anglaises, qui ne pouvant plus compter sur leurs clients continentaux décident de subvenir à leurs propres besoins. Forte de ce poids économique, la livre sterling s'impose finalement comme la monnaie de référence.

En 1914, le Royaume-Uni réinvestit 44% de sa richesse à l'étranger et la création du Commonwealth assure aux colonies une part importante de cette redistribution fiduciaire, tandis que les alliés du Royaume-Uni ne sont pas oubliés (France, Russie, Belgique, Perse).

A la suite du Traité de Versailles (juin 1919) et de la redistribution des empires coloniaux ottoman et allemand, le Royaume-Uni possède 25% des terres émergées.

 

En dépit de cette domination planétaire, le trouble du déclin apparaît progressivement :
- le Royaume-Uni conserve la première flotte marchande et de guerre jusqu'en 1914, mais les destructions par les sous-marins allemands l'ont considérablement amoindrie ;
- l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des Alliés, a confirmé la venue d'un nouveau concurrent économique sur le vieux continent. En 1914, les Etats-Unis assuraient déjà le tiers de la production industrielle mondiale, tandis que le Royaume-Uni comptait pour 14% ;
- l'engagement massif de l'Etat dans l'effort de guerre a vidé les réserves de la Banque Royale et l'inflation a fait son apparition ;
- le dollar américain s’impose, grâce à sa stabilité, comme le nouveau référent monétaire et la devise des échanges.

 

Toutefois, la puissance britannique parvient encore à résister à la montée en puissance des Etats-Unis grâce à son empire colonial et à sa domination politique planétaire conséquente.

A l'heure du déclenchement de la Première Guerre mondiale, le nom de Windsor se substitue à celui de la dynastie de Hanovre. Le changement n'est pas anodin et témoigne de la proximité culturelle du Royaume-Uni et de l'Empire allemand jusqu'aux années 1890.
Quelques maladresses, essentiellement coloniales, de Guilaume II et la remise en cause d'une certaine suprématie économique et commerciale du Royaume-Uni par l'Allemagne éloignent momentanément les deux pays. La Grande Bretagne préfére se rapprocher de la France, puis de l'Empire russe.
Ce rapprochement ne se dément pas, en dépit de certains incidents diplomatico-coloniaux (dont Fachoda en 1898 avec la France et la question perse avec la Russie), et mène à la signature de l'Entente Cordiale : France – Royaume-Uni en 1904 ; et à la constitution de la Triple Entente : France - Royaume-Uni - Russie en 1907.
La Triple-Entente est dirigée contre la Triple-Alliance, signée par l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie en 1882. Elle se transforme en une alliance militaire au début de la guerre de 1914-1918.