L'engagement poétique dans Les Châtiments
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Pâtre pour les garder et pour les bénir prêtre. »
(« Ce que le poète se disait en 1848 », livre IV, 2, vers 5-6.)
Cependant, ce rôle de guide peut s'exercer de multiples façons.
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La prise à parti de son adversaire
Dans certains poèmes, Hugo apostrophe son ennemi, s'adressant à lui de façon agressive, le tutoyant ou l'appelant par des termes méprisants. C'est le cas par exemple dans le troisième livre (« La famille est restaurée ») dans lequel le poète injurie l'empereur :
« Ah ! tu finiras bien par hurler, misérable !
Encor tout haletant de ton crime exécrable. »
(« L'homme a ri », III, 2.) -
La dénonciation des travers du régime
Tout au long du recueil, Hugo ne cesse d'opposer Napoléon III, surnommé Napoléon-le-Petit, à Napoléon-le-Grand, c'est-à-dire Napoléon Ier, auquel il continue de vouer un véritable culte.
Ainsi, dans le poème « A l'obéissance passive » (II, 7), Hugo critique férocement la violence exercée par Napoléon III, présenté comme un tyran sanguinaire. Pour cela, il oppose l'armée de l'empereur, véritable instrument de répression, aux héros qu'étaient pour lui les « soldats de l'an II » (armée populaire issue de la Révolution de 1789).
Après l'armée, Hugo s'en prend à l'Eglise, notamment dans le quatrième livre au titre ironique : « La religion est glorifiée », aux juges qui condamnent arbitrairement (IV, 3 et 12), ou encore aux complices intéressés du pouvoir (IV, 8).
Ainsi, l'écrasement de la révolte après le coup d'Etat inspire à Hugo « Souvenir de la nuit du 4 » (II, 3), poème évoquant la mort d'un enfant pris dans une fusillade :
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait. »
Le combat contre la peine de mort apparaît par exemple dans « Nox » (premier poème du recueil), dans « Sacer esto » (IV, 1), ou encore dans « Le Progrès calme et fort... » (V, 8). Ce dernier poème fait de l'interdiction de tuer un principe fondamental, dont la portée excède largement l'actualité politique.
De même, dans un poème comme « A quatre prisonniers » (IV, 12), Hugo défend la liberté d'expression. Le texte s'en prend aux mesures réactionnaires qui sont adoptées par l'Assemblée aux dernières heures de la Deuxième République, en particulier aux lois sur la presse, qui entraînent des condamnations injustes.
L'engagement du poète dans Les Châtiments ne se limite pas à l'opposition à Napoléon III. Cette dimension satirique du recueil ne doit pas faire oublier que le poète y exprime aussi des convictions profondes, telles que la défense du peuple ou l'apologie de valeurs morales fondamentales.
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